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L'arène politique (Henry Mintzberg) ressemble à du football sur un terrain en pente mouvante (la langue du crocodile) où chacun court, change de maillot, apporte des ballons et multiplie les tirs vers les buts de son choix. Les egos négatifs détruisent la coordination, si importante pour la solidité des bâtons ; les egos positifs bousculent les groupes, mais quand ils emportent l'adhésion, peuvent réussir des merveilles. Très stressant tout cela ! Alors, beaucoup préfèrent le consensus mou !Les médias soulignent le caractère anxiogène de la crise. Les psychologues - ils n'ont besoin d'aucune fourniture chinoise (sauf de Confucius ?*) - expliquent élégamment comment résister aux crispations de la société-crocodile, sans masques, ni réactifs, ni médicaments.Aujourd'hui, les critiques fusent de toutes parts !- Tir sur l'équipe GOV (gouvernementale) : maisons de repos abandonnées à elles-mêmes.- Tir sur les maisons de repos : mais que font leurs directions ?- Shoot en contre de directeurs de maisons de repos : nous avons pris des initiatives sans attendre.- Shoot groupé des mêmes : des visites ? Pas question !- Tir de pensionnaires : même si le gouvernement dit que vous pouvez, ne venez pas nous voir.- Tirs en tous sens à propos des masques. De l'Académie de médecine: il faut porter des masques, ne fût-ce que de fortune. De couturières, d'artisans et d'entrepreneurs : nous fabriquons des masques.- Tir de réseaux sociaux sur les précédents : vous osez les faire payer !- Tirs en tous sens des journalistes. Buts : l'audience et la survie des médias.- Tir du GOV interdisant les tests pour certains labos, les autorisant pour d'autres.- Tirs sur les ruptures de chaînes d'approvisionnement.- Tirs sur le capitalisme, le marché, les délocalisations et retour à la case départ : mais que fait la politique ? Rassurons-nous : il est déjà question d'enquête parlementaire. Cela fera une belle jambe aux victimes évitables !- Tirs sur les politiques : cacophonie !Coup de sifflet ! La politique ne se réduit pas au choc stérile des egos ! Tout en haut, il y a le terrain et les buts des institutions avec les élus et les fonctionnaires. Là, les décideurs doivent s'assurer que la science, le sens et la valeur favorisent la société ouverte. Si la politique n'a pas de légitimité technique (Mintzberg), elle en a bien une, éthique, dans son rôle d'inspiratrice, non de dictatrice, du bon usage des techniques. Elle a donc besoin des scientifiques. Or, pas plus que les politiques, ils ne sont d'accord entre eux. A chaque crise, le public semble découvrir que les experts ne résolvent pas tout. Sans doute faut-il attribuer ce désarroi au " confort douillet dans lequel les pays économiquement développés se sont progressivement lovés "**. INCERTITUDES, le mot fait peur. Et la peur attise les égos jusqu'à énerver le cerveau reptilien de la société-crocodile. Alors, trancher les disputes d'experts, apaiser les conflits, donner un cap et le tenir, c'est le job des politiques, une mission fort noble.Premier constat : la politique est l'ultime recours en cas de crise ! Efficace ou inefficace, présente ou absente, c'est toujours elle que les peuples implorent dans les moments durs.Deuxième constat : la politique doit dompter les excès des egos.Derrière la rationalité des décisions, les egos jouent un rôle essentiel, en politique certainement, mais aussi dans beaucoup d'autres domaines.Troisième constat : la politique surplombe toutes les autres activités.La politique n'est pas une discipline spécifique d'un domaine particulier, mais pouvoir, décision et action. Les décideurs affrontent des forces sociales dans des contextes où tous les aspects du réel s'imposent à eux. Ils mobilisent les experts selon les besoins et assument la responsabilité de choisir les meilleurs.Quatrième constat : il y a deux types de politique, formelle et informelle.L'une officielle et l'autre à l'oeuvre dans toute la société.Il est habituel d'entendre dire " je ne fais pas de politique ", particulièrement par les scientifiques et les médecins. Faux. Dans la société-crocodile, tout le monde fait de la politique, mais il y a la manière ! (A suivre dans le prochain article).Dr Jean Creplet, cardiologue*https://www.causeur.fr/vietnam-coronavirus-confucius-jean-noel-poirier-175499** Dominique Strauss-Kahn, L'être, l'avoir et le pouvoir dans la crise, à paraître dans la revue Politique internationale, déjà accessible sur la toile, consulté le 12 avril 2020 : http://politiqueinternationale.com/revue/read2.php?id_revue=0&id=1945&search=&content=texte