La 22e édition de l'événement, organisé de concert par le journal du Médecin et la SSMG, récompense deux TFE aux thématiques éminemment dans l'air du temps : la féminisation de la profession et l'approche hormonale dans l'affirmation de genre.
Nul doute que les deux lauréats du Prix du Généraliste (Prix des lecteurs du journal du Médecin et Prix du TFE de la SSMG) se souviendront longtemps de cette journée, puisque c'est sous plus de 30 degrés - première canicule belge aux portes de l'automne - que s'est déroulé la cérémonie, le samedi 9 septembre, à la Bourse de Namur.
Au menu de la désormais traditionnelle " Journée des jeunes médecins " organisée par la SSM-J, la société scientifique cadette de la SSMG qui accueille la remise du prix, le New Deal et sa future implication dans l'organisation des soins de santé de première ligne. La troisième voie augure-t-elle d'une (r)évolution de la pratique en médecine générale ?
La parole aux syndicats
" Vous arrivez sur un terrain fonctionnel, multichoix, à vous de vous installer le mieux possible selon votre désir ", a d'entrée de jeu engagé le Dr Luc Herry, vice-président de l'Absym fédérale et premier orateur de la séance plénière. Médecin solo à ses débuts, le président de l'Absym Wallonie a travaillé ensuite en duo, "puis créé une polyclinique qui compte aujourd'hui 11 cabinets pour 20 thérapeutes". Il connaît donc sur le bout des doigts les différentes pratiques de MG, qu'il a comparées de façon très didactique avec les prodromes du New Deal et ses futures primes.
" L'Absym se demande pourquoi trois systèmes ", a toutefois soulevé le Dr Herry, " On aurait préféré un seul, n'importe lequel, car il est compliqué d'avoir trois pratiques payées de manière différente. Et les patients ne s'y retrouvent plus non plus... " Et le généraliste de conclure en soulignant " l'intérêt de travailler en équipepour l'équilibre vie privée et vie professionnelle ", encourageant sincèrement ses jeunes confrères à emboîter le pas.
Le Dr Pierre-Louis Deudon, administrateur du GBO, a ensuite rappelé la genèse du New Deal, ses groupes de travail et l'objectif de ce qui reste, pour l'heure, " une expérience test amenée à être évaluée, qui recouvre en partie les deux autres [pratiques], pour optimiser le rôle du médecin et soulager la charge administrative ". Le jeune généraliste installé à Bruxelles a également reconnu les limites du système, " qui ne constitue pas une réponse magique aux problèmes actuels, notamment structurels ", et ses incertitudes : changement de business plan à un certain âge, maigre patientèle des jeunes qui débutent et paiement trimestriel alors que tout se paie mensuellement. " Mais le modèle est intéressant car il est nouveau, il offre une opportunité et le choix n'est pas définitif puisqu'on peut toujours changer de pratique. "
Et la parole aux lauréats
Plus de 200 lecteurs du journal du Médecin ont voté pour le TFE du Dr Sarah Cumps, dédié à la sous-représentation des femmes dans les instances de médecine générale.
Son nom vous est peut-être déjà familier : Sarah Cumps, " déjà bien active au sein de la profession via la SSMG et le Collège de médecine générale, s'est notamment fait connaître ces derniers mois par l'opération 'Crocodile bleu' ", a rappelé Laurent Zanella, rédacteur en chef du journal du Médecin, en remettant son trophée au Dr Sarah Cumps (UCLouvain). La jeune femme a reçu un chèque formation d'une valeur de 1.000 euros de la société Amonis, spécialisée en assurances et pension pour les professions libérales et notamment médicales, qui soutient depuis des années le Prix du jdM, tout comme nos trois universités francophones (UCLouvain, ULB et ULiège).
Pour son TFE, la jeune médecin, qui avoue avoir eu " le coup de foudre pour la médecine générale " lors de son premier stage, a brossé le paysage, en fonction du genre, de la composition des organes de concertation. " Il y a de plus en plus de femmes en médecine, mais j'ai l'impression qu'on ne voit quasi que des hommes parmi les professeurs, dans les instances ou lors des débats télévisés ", note le Dr Cumps, invitée à présenter les résultats de son mémoire à l'auditoire de jeunes confrères réunis par la SSM-J. Chez les moins de 40 ans, 72 % des MG en activité sont des femmes. Pourtant, elles n'occupent que 32 % des postes au sein des instances de décision. Et cette faible représentation n'est que le sommet de l'iceberg. Pourquoi ?
L'envie de s'engager
" La réponse est complexe ", analyse Sarah Cumps, " de nombreux éléments prennent racine dans le socle culturel de nos sociétés, comme l'équilibre vie privée/vie professionnelle, les stéréotypes de genre, l'expression de l'ambition... La féminisation de la médecine générale est un processus dynamique, les parcours de carrière sont moins linéaires et plus flexibles, les femmes choisissent la médecine pour aller vers l'humain et sont, par exemple, moins enclines à participer à des réunions de la Médico-mut jusque tard dans la nuit ; elles peuvent aussi souffrir du syndrome de l'imposteur si elles ne se sentent pas 'fort en gueule'... "
La lauréate du Prix du Généraliste 2023 a conclu son exposé en donnant des pistes vertueuses pour donner aux femmes davantage l'envie de s'engager.
Dysphorie de genre : osez traiter !
Comment initier un traitement hormonal d'affirmation de genre ? Et est-ce la tâche du généraliste ? C'est tout l'enjeu du travail du Dr Maxence Ouafik (ULiège), qui s'est vu remettre le Prix du TFE de la SSMG des mains du Dr Alexandre Kheirallah." Ne retenez pas mon TFE en soi, même s'il est sympa, mais ce qu'il montre : on est capable de le faire en tant que généralistes, et ce n'est pas moins bien fait ", rassure le lauréat, dont le TFE est accessible en ligne (sur https://orbi.uliege.be) vu le manque d'informations sur le sujet. " Vous y trouverez pas mal de recommandations pratiques si vous êtes face à un patient. Il n'y a jamais de bonnes raisons à rester ignorant quand on sait qu'on l'est sur un sujet", souligne le Dr Ouafik, "et c'est normal de l'être, puisqu'on n'est pas formé là-dessus dans notre cursus. Or les enjeux sont réels, et pour une population croissante ".
Engagé de longue date dans l'associatif autour des minorités sexuelles, le Dr Ouafik, notamment actif à la Maison médicale de Tilleur, s'est au départ intéressé aux traitements hormonaux dans la transition médicale de genre pour aider deux patients. Il en suit désormais plus de 120, " patients qui manifestent une vraie volonté d'être suivis en médecine générale plutôt qu'à l'hôpital", poursuit le généraliste. " Ils viennent parfois de très loin pour me voir, ce qui n'est pas acceptable : chacun devrait trouver un médecin compétent plus près de soi, la médecine générale est une médecine de proximité. "
Le Liégeois planche sur des modules de formation qui devraient être accessibles début 2024.
Après la présentation des travaux des deux lauréats, les jeunes médecins généralistes présents ont été invités à suivre les différents ateliers organisés à leur intention par la SSM-J, consacrés aux demandes injustifiées, à l'installation de sa pratique et l'organisation pour évoluer vers un cabinet écoresponsable.
L'atelier "cabinet écoresponsable".
L'atelier "demandes injustifiées".
Félicitations aux lauréats et rendez-vous l'année prochaine avec de nouveaux jeunes talents.
Nul doute que les deux lauréats du Prix du Généraliste (Prix des lecteurs du journal du Médecin et Prix du TFE de la SSMG) se souviendront longtemps de cette journée, puisque c'est sous plus de 30 degrés - première canicule belge aux portes de l'automne - que s'est déroulé la cérémonie, le samedi 9 septembre, à la Bourse de Namur.Au menu de la désormais traditionnelle " Journée des jeunes médecins " organisée par la SSM-J, la société scientifique cadette de la SSMG qui accueille la remise du prix, le New Deal et sa future implication dans l'organisation des soins de santé de première ligne. La troisième voie augure-t-elle d'une (r)évolution de la pratique en médecine générale ?" Vous arrivez sur un terrain fonctionnel, multichoix, à vous de vous installer le mieux possible selon votre désir ", a d'entrée de jeu engagé le Dr Luc Herry, vice-président de l'Absym fédérale et premier orateur de la séance plénière. Médecin solo à ses débuts, le président de l'Absym Wallonie a travaillé ensuite en duo, "puis créé une polyclinique qui compte aujourd'hui 11 cabinets pour 20 thérapeutes". Il connaît donc sur le bout des doigts les différentes pratiques de MG, qu'il a comparées de façon très didactique avec les prodromes du New Deal et ses futures primes." L'Absym se demande pourquoi trois systèmes ", a toutefois soulevé le Dr Herry, " On aurait préféré un seul, n'importe lequel, car il est compliqué d'avoir trois pratiques payées de manière différente. Et les patients ne s'y retrouvent plus non plus... " Et le généraliste de conclure en soulignant " l'intérêt de travailler en équipe pour l'équilibre vie privée et vie professionnelle ", encourageant sincèrement ses jeunes confrères à emboîter le pas.Le Dr Pierre-Louis Deudon, administrateur du GBO, a ensuite rappelé la genèse du New Deal, ses groupes de travail et l'objectif de ce qui reste, pour l'heure, " une expérience test amenée à être évaluée, qui recouvre en partie les deux autres [pratiques], pour optimiser le rôle du médecin et soulager la charge administrative ". Le jeune généraliste installé à Bruxelles a également reconnu les limites du système, " qui ne constitue pas une réponse magique aux problèmes actuels, notamment structurels ", et ses incertitudes : changement de business plan à un certain âge, maigre patientèle des jeunes qui débutent et paiement trimestriel alors que tout se paie mensuellement. " Mais le modèle est intéressant car il est nouveau, il offre une opportunité et le choix n'est pas définitif puisqu'on peut toujours changer de pratique. " Plus de 200 lecteurs du journal du Médecin ont voté pour le TFE du Dr Sarah Cumps, dédié à la sous-représentation des femmes dans les instances de médecine générale.Son nom vous est peut-être déjà familier : Sarah Cumps, " déjà bien active au sein de la profession via la SSMG et le Collège de médecine générale, s'est notamment fait connaître ces derniers mois par l'opération 'Crocodile bleu' ", a rappelé Laurent Zanella, rédacteur en chef du journal du Médecin, en remettant son trophée au Dr Sarah Cumps (UCLouvain). La jeune femme a reçu un chèque formation d'une valeur de 1.000 euros de la société Amonis, spécialisée en assurances et pension pour les professions libérales et notamment médicales, qui soutient depuis des années le Prix du jdM, tout comme nos trois universités francophones (UCLouvain, ULB et ULiège).Pour son TFE, la jeune médecin, qui avoue avoir eu " le coup de foudre pour la médecine générale " lors de son premier stage, a brossé le paysage, en fonction du genre, de la composition des organes de concertation. " Il y a de plus en plus de femmes en médecine, mais j'ai l'impression qu'on ne voit quasi que des hommes parmi les professeurs, dans les instances ou lors des débats télévisés ", note le Dr Cumps, invitée à présenter les résultats de son mémoire à l'auditoire de jeunes confrères réunis par la SSM-J. Chez les moins de 40 ans, 72 % des MG en activité sont des femmes. Pourtant, elles n'occupent que 32 % des postes au sein des instances de décision. Et cette faible représentation n'est que le sommet de l'iceberg. Pourquoi ?" La réponse est complexe ", analyse Sarah Cumps, " de nombreux éléments prennent racine dans le socle culturel de nos sociétés, comme l'équilibre vie privée/vie professionnelle, les stéréotypes de genre, l'expression de l'ambition... La féminisation de la médecine générale est un processus dynamique, les parcours de carrière sont moins linéaires et plus flexibles, les femmes choisissent la médecine pour aller vers l'humain et sont, par exemple, moins enclines à participer à des réunions de la Médico-mut jusque tard dans la nuit ; elles peuvent aussi souffrir du syndrome de l'imposteur si elles ne se sentent pas 'fort en gueule'... " La lauréate du Prix du Généraliste 2023 a conclu son exposé en donnant des pistes vertueuses pour donner aux femmes davantage l'envie de s'engager.Comment initier un traitement hormonal d'affirmation de genre ? Et est-ce la tâche du généraliste ? C'est tout l'enjeu du travail du Dr Maxence Ouafik (ULiège), qui s'est vu remettre le Prix du TFE de la SSMG des mains du Dr Alexandre Kheirallah. " Ne retenez pas mon TFE en soi, même s'il est sympa, mais ce qu'il montre : on est capable de le faire en tant que généralistes, et ce n'est pas moins bien fait ", rassure le lauréat, dont le TFE est accessible en ligne (sur https://orbi.uliege.be) vu le manque d'informations sur le sujet. " Vous y trouverez pas mal de recommandations pratiques si vous êtes face à un patient. Il n'y a jamais de bonnes raisons à rester ignorant quand on sait qu'on l'est sur un sujet", souligne le Dr Ouafik, "et c'est normal de l'être, puisqu'on n'est pas formé là-dessus dans notre cursus. Or les enjeux sont réels, et pour une population croissante ".Engagé de longue date dans l'associatif autour des minorités sexuelles, le Dr Ouafik, notamment actif à la Maison médicale de Tilleur, s'est au départ intéressé aux traitements hormonaux dans la transition médicale de genre pour aider deux patients. Il en suit désormais plus de 120, " patients qui manifestent une vraie volonté d'être suivis en médecine générale plutôt qu'à l'hôpital", poursuit le généraliste. " Ils viennent parfois de très loin pour me voir, ce qui n'est pas acceptable : chacun devrait trouver un médecin compétent plus près de soi, la médecine générale est une médecine de proximité. " Le Liégeois planche sur des modules de formation qui devraient être accessibles début 2024.Après la présentation des travaux des deux lauréats, les jeunes médecins généralistes présents ont été invités à suivre les différents ateliers organisés à leur intention par la SSM-J, consacrés aux demandes injustifiées, à l'installation de sa pratique et l'organisation pour évoluer vers un cabinet écoresponsable. L'atelier "cabinet écoresponsable".L'atelier "demandes injustifiées".Félicitations aux lauréats et rendez-vous l'année prochaine avec de nouveaux jeunes talents.