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A l'inverse, cela permet aussi d'identifier un traitement qui ne fonctionnera pas. Ainsi, comme pour le cancer du colon, on a identifié qu'un tel anticorps visant un récepteur en particulier augmentera la survie globale des patients. Mais il a été établi que si un patient présente une mutation dans un certain gêne, il ne répondra jamais au traitement, explique le spécialiste. Dans le cas de ce cancer du colon, cela a permis d'éliminer 50% des malades, pour qui le traitement n'était pas applicable, alors qu'il était avant systématiquement administré, ajoute-t-il."De nombreuses choses sont validées", mais il ne faut par contre pas tomber dans l'effet inverse "et séquencer toutes les tumeurs", nuance le Dr. Machiels. C'est une procédure à "ne pas faire à l'aveugle. Une tumeur est différente d'une autre. Chaque cas doit être étudié". Les essais cliniques en la matière doivent encore se poursuivre.La médecine personnalisée est en grande partie dépendante des avancées technologiques. Celles-ci permettent aujourd'hui de séquencer très rapidement une tumeur, mais la technologie reste coûteuse, admettent les spécialistes. Le Dr. Machiels plaide aussi pour des contrôles de qualité de ces technologies ainsi que pour "une uniformisation" des pratiques.Intégrer cette thérapie ciblée, "très prometteuse", à la pratique de tous les jours représente un "réel challenge", conclut de son côté le Dr. Ahmad Awada, chef de la clinique d'oncologie médicale de l'Institut Jules Bordet. Les deux médecins soulignent néanmoins que cette approche reste complexe. Elle nécessite aussi un contact étroit entre le laboratoire et les médecins et peut appeler davantage de participation du patient, car plus d'examens et de biopsies peuvent être nécessaires.L'an dernier, les traitements sur mesure avaient déjà fait l'objet d'un rapport du KCE, rappelle le Dr. Marc Van den Bulcke, du centre du cancer de l'Institut de santé publique (ISP). Le KCE avait analysé, avec le Centre du Cancer, des tests de "Next Generation Sequencing", analysant plusieurs gènes en même temps. Le rapport pointait les avantages d'une telle approche, soulignant toutefois son caractère onéreux et la nécessité de "garanties de qualité".Une feuille de route 2016-2020, pilotée par le centre du cancer, vient par ailleurs d'être lancée au sujet de l'utilisation de ces tests de "Next Generation Sequencing" pour le traitement personnalisé.Autre point: si précédemment, le remboursement des tests et des médicaments étaient traités par deux commissions différentes au sein de l'Inami, une synchronisation a finalement été créée grâce à une nouvelle plateforme qui se charge des deux, précise M. Van den Bulcke.A l'échelle européenne, un projet du programme de santé publique de l'UE avait mis en avant la nécessité de lignes directrices européennes cohérentes en matière de génomique de la santé. A la suite, un autre projet, basé sur le premier, a mené à la publication d'un guide énumérant des lignes directrices pour préparer l'UE à la médecine personnalisée, signe d'une avancée globale.