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Tout d'abord, il est apparu qu'à la mort de la supercentenaire, environ deux tiers de ses globules blancs avaient été créés par seulement deux cellules souches sanguines, fortement apparentées. En temps normal, un adulte en possède près de 1.300, qui s'affairent toutes à renouveler notre stock de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes. Autrement dit, la plupart des cellules souches " hématopoïétiques " avec lesquelles la défunte a démarré sa vie étaient déjà épuisées. En recourant au séquençage génomique complet, les scientifiques ont aussi détecté au niveau des cellules sanguines de cette femme environ 450 mutations génétiques " somatiques ", c'est-à-dire qui ne sont pas transmises à la génération suivante. Alors que ces mutations sont souvent liées à des maladies, celles-ci ne semblent avoir posé aucun problème de santé à la vieille dame qui est morte d'un cancer de l'estomac, sans lien avec les cellules sanguines. Pour expliquer leurs découvertes, les chercheurs avancent deux hypothèses. La première serait qu'une ou plusieurs des mutations génétiques repérées sur les globules blancs se seraient imprimées chez les deux cellules souches encore actives, leur conférant probablement un avantage décisif sur leurs camarades. Un processus qui se produit plutôt chez des personnes atteintes par certaines leucémies, mais dans le cas de la Néerlandaise, les mutations auraient donc simplement avantagé les cellules sans les rendre incontrôlables. Les chercheurs avancent une deuxième explication, liée à la taille des extrémités des chromosomes, appelées télomères, lesquels diminuent à chaque division cellulaire au cours de la vie jusqu'à atteindre une taille critique qui déclenche le mécanisme de mort cellulaire. Ces segments d'ADN étaient ainsi 17 fois plus courts dans les globules blancs que dans les cellules nerveuses du cerveau ou d'autres tissus. La longueur réduite de ces télomères incite les chercheurs à penser que les autres cellules souches hématopoïétiques avaient peut-être atteint leur limite de division cellulaire. L'épuisement des cellules souches pourrait donc jouer un rôle dans la longévité humaine. Autrement dit, la durée de notre vie pourrait finalement ne tenir qu'à un fil : la capacité des cellules souches à régénérer les tissus et les cellules jour après jour. Un scénario séduisant mais il faudra encore bien d'autres recherches pour le confirmer. (référence : Genome Research, 23 avril 2014, doi:10.1101/gr.162131.113)