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Le partage des résultats médicaux par voie informatique est l'avenir de la médecine. C'est en tout cas ce que prévoie le plan eHealth 2.0 à l'horizon 2020. Pour autant, les médecins semblent fort attachés au support papier, et ne paraissent pas pouvoir s'en passer, en tout cas à court terme. 74% des médecins généralistes interrogés par la FAGC estiment que l'envoi d'une copie papier des résultats médicaux reste indispensable, " même si l'on évolue dans les pratiques, et que des outils concrets se mettent progressivement en place ", explique Gianni Maraschiello, responsable administratif de la FAGC. " Plusieurs éléments peuvent expliquer ce chiffre : il est plus facile de remettre une copie papier au patient, il y a un meilleur confort de lecture, et puis, tout simplement, l'usage du papier est une habitude chez beaucoup de médecins. " Le papier privilégié Une fois sur quatre, les généralistes ne reçoivent pas les résultats médicaux de leurs patients de la part de leurs confrères spécialistes ou des labos. L'enquête de la FAGC révèle que les émetteurs les plus réticents sont les spécialistes en cabinet privé.Le papier reste le meilleur vecteur d'échange avec 71% de taux de satisfaction chez les médecins, tandis que l'envoi électronique ne récolte que 50% des suffrages. " Il y a une plus grande satisfaction par rapport au taux d'envoi des résultats médicaux en version papier, il y a par contre encore beaucoup de travail de persuasion pour que tous les résultats soient systématiquement transmis par voie informatique " estime Gianni Maraschiello. La FAGC s'est d'ailleurs déjà attelée à cette tâche il y a 2 ans en demandant aux médecins spécialistes réfractaires d'envoyer systématiquement les résultats par voie informatique. " Cette demande s'est faite par courrier postal, une aide technique leur était même proposée. Bien sûr, nous prolongerons cette initiative sur base des enseignements de l'enquête. "Dans la pratique seul un petit pourcent des médecins estiment qu'ils reçoivent tous les documents nécessaires par voie informatique contre 43% pour la version papier. C'est un gouffre. " C'est du ressenti par rapport à la pratique. Cela met bien en évidence que la situation doit être améliorée, et que le suivi doit être meilleur entre confrères. La confiance entre le MG et l'informatique devrait progressivement évoluer, mais cette confiance ne se gagnera que par l'usage. " Une confiance grandissante dans le RSW 37% des médecins passés sur le grill se connectent au Réseau santé wallon (RSW), dont la moitié l'utilisent régulièrement (soit plusieurs fois par semaine). " Le RSW est un outil qui vise à favoriser l'échange de données entre tous les praticiens de la santé ", assure le responsable administratif. " La moitié des 37% a envoyé au moins un Sumehr, mais c'est un chiffre qui peut, et qui devra encore augmenter.1 "Score étonnant : 42% des MG proposent à leur patient de s'inscrire au RSW. " C'est la preuve que certains sont convaincus par l'outil RSW malgré le fait qu'ils ne l'utilisent pas encore " pense Gianni Maraschiello. 58% estiment d'ailleurs que leurs patients s'y connecteront dans un avenir proche. Sont-ils convaincus que l'outil RSW va devenir indispensable ?" En tout cas, nous avons des raisons de croire en l'avenir du RSW : la vision des médecins à son égard est positive malgré un taux d'utilisation encore réduit. S'ils ne s'y connectent pas, c'est souvent par manque de temps, en raison de la procédure d'inscription qui peut sembler fastidieuse au premier abord. L'utilisation du RSW semble aisée, les utilisateurs convaincus nous signalent qu'ils ne perdent pas plus de 10 secondes pour se connecter et rechercher un document à partir de leur DMIg. En tout cas l'a priori et les premiers retours sont positifs, l'avenir passera par le Réseau Santé Wallon, la FAGC en est convaincue. "Enfin quelques chiffres sur l'utilisation de l'eHealth box. Elle est n'utilisée que par 51% des médecins. Ces chiffres s'expliquent surtout par les 40% de médecins qui ne possèdent pas de certificat eHealth. " Un des principaux outils proposé par eHealth, c'est l'eHealth box, dont l'utilisation est occasionnelle, si pas rare. Car les chiffres doivent être relativisés. Quelle est l'utilisation concrète de l'eHealth box ? Les chiffres dont nous disposons sont des pourcentages d'inscriptions, pas d'utilisation active. " Le DMI Nous vous révélions dans la première partie de cette enquête que 77% des médecins carolorégiens disposaient d'un DMI.54% des médecins ne disposant pas de DMI ont expliqué qu'ils aimeraient passer le pas, tandis que les 46% restant n'en veulent pas car ils estiment que cela va leur demander beaucoup d'efforts pour peu de retour. " Les raisons invoquées sont l'approche de la pension, mais pas seulement. D'autres évoquent la crainte de perdre le contact humain, ou la limite de confidentialité ", explique Gianni Maraschiello.Actuellement le DMI est surtout utilisé pour la réception du courrier médical (85%), l'encodage des consultations (80%), l'encodage des ordonnances (67%), l'encodage en texte libre (70%) et, en moindre mesure, l'écriture en code DMI pour certains items comme les diagnostics ou antécédents (45%). Par contre, une grande majorité des généralistes se sont positionnés contre l'emploi du DMI pour l'impression des vignettes mutuelles. L'encodage de visites à domicile ne recueille aussi que très peu de succès, il est donc impératif que des solutions soient trouvées à ce niveau. Le soutien au DMI Il y a une réelle demande d'aide pour l'usage du DMI (78%), 60% des médecins interrogés avouant éprouver de réelles difficultés à utiliser leur DMI. " On voit vraiment qu'il y a un grand besoin de formation au niveau des principales fonctionnalités bien sûr, comme la réception de courrier médical. Mais il existe aussi un intérêt marqué pour certaines utilisations actuellement 'secondaires' comme le transfert de dossiers et la réalisation de demandes BF par voie électronique (formulaires de demandes de remboursement notamment). Cet intérêt démontre que certains médecins généralistes aimeraient profiter pleinement de toutes les fonctionnalités offertes par leur DMI. " explique le responsable administratif de la FAGC.Les Helpdesks (80%) et aides en ligne (65%) des fournisseurs de DMI reçoivent des appréciations très favorables de la part des médecins généralistes, tant sur l'utilisation des services que sur le taux de satisfaction. La moitié des médecins utilisateurs ont par ailleurs déjà suivi les formations proposées par leur fournisseur de DMI. " Ils sont les premiers à pouvoir les aider ", explique Gianni Maraschiello, qui ne s'attendait pas à relever des chiffres aussi élevés. " Les fournisseurs sont connus, et dispensent des formations qui sont suivies. Mais il reste toujours un grand besoin d'aide. Force est de constater que les formations dispensées par les fournisseurs de DMI ne suffisent pas."Est-ce que la formation proposée par les fournisseurs de DMI est adaptée ? En faut-il plus ? Et comment s'y prendre pour répondre efficacement à ce besoin d'aide ? Beaucoup de questions restent encore ouvertes. " Il est difficile d'extrapoler, mais il faut aller en profondeur, interroger les habitudes de chaque médecin de manière individuelle, ce qui prend énormément de temps. Nous reviendrons d'ailleurs prochainement vers les médecins de notre région qui ont exprimé le besoin d'être aidé " Ouverture du dossier au patient Le Réseau santé wallon permet l'ouverture du DMI au patient. Certes. Mais est-ce que le généraliste est pour ? La réponse est on ne peut plus claire : la quasi-unanimité des répondants (97%) trouvent qu'il est indispensable que le généraliste reste le dépositaire principal du dossier patient. Néanmoins 75% des médecins interrogés estiment que pour ce faire, il faut mettre en place un meilleur financement des efforts d'informatisation des cabinets.L'ouverture complète du dossier au patient n'est pas vraiment une bonne idée pour 70% des médecins. Une nouvelle qui ne réjouira pas les associations de patients qui ont fait de l'empowerment leur fer de lance. " Ça n'a pas été difficile de résumer les motifs, ils étaient tous d'accord. Cela touche à la confidentialité : si un professionnel émet un doute sur la stabilité mentale d'un patient, cela peut être délicat. Même constat pour l'annonce d'une maladie grave ", explique, pour l'exemple, Gianni Maraschiello. L'enquête révèle également que les médecins sont réticents à voir leurs notes personnelles présentes dans le DMI accessibles au patient. Enfin, les médecins interrogés désirent éviter les mauvaises interprétations qui risquent de mener à des angoisses, des paniques et des incompréhensions, qui peuvent à leur tour mener à des automédications inutiles voire contreproductives.Ceci conforte la prudence adoptée au sein du projet pilote auquel la FAGC participe pour permettre au patient d'accéder à ses informations en ligne. Le projet carolo prévoit que le médecin peut donner accès au sumehr (le dossier résumé) mais en aucun cas à ses notes personnelles. Le patient peut rédiger des notes dans son dossier mais pas modifier le sumehr qui reste la responsabilité exclusive du médecin." D'après l'enquête il est primordial pour les médecins de la FAGC que le généraliste continue à être la personne de référence de son patient, il faut donc faire en sorte que le lien de confiance ne soit pas rompu. La méthode de travail du médecin généraliste devra évoluer mais le suivi du patient ne doit en aucun cas être bouleversé par l'informatisation " ajoute Gianni Maraschiello.Concernant le temps de latence entre le moment où le médecin diffuse les résultats médicaux dans le DMI et leur accessibilité aux patients, une grande majorité (77%) sont contre la proposition de l'Ordre des médecins qui envisage de donner l'accessibilité des résultats en temps réel aux patients. Ils sont en revanche plus disposés à accepter le délai de 7 semaines déterminé par le RSW. " 55% des médecins y sont favorables, ce qui fait plus du double par rapport à la proposition de l'Ordre des médecins. Mais ce n'est pas la panacée. Un médecin sur deux reste contre, il faut donc là encore relativiser. " Références : 1. Le journal du Médecin reviendra plus en profondeur sur le Sumehr dans la dernière partie de l'enquête. >>> Suivez-nous sur les réseaux sociaux: @jdmedecin ou Le Jdm