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Le Dr Catherine Markstein est arrivée de Vienne en Belgique en 1983. Elle a travaillé durant 18 ans au Service des soins palliatifs des Cliniques universitaires St-Luc et ensuite du CHU Brugmann. "Lorsque j'ai eu mon premier enfant ", explique-t-elle, " j'ai commencé à travailler à mi-temps". Mère de trois enfants, elle a vraiment apprécié le fait de pouvoir être présente auprès d'eux. " Juste pour le plaisir d'être là", dit-elle." Mais il ne faudrait pas généraliser cela... " " Il y a sans doute des hommes qui aimeraient profiter d'un temps de travail adapté pour pouvoir être davantage présents avec leurs enfants ", ajoute-t-elle. " Et des femmes qui ne se retrouvent pas dans ce modèle 'féminin' du care ", ajoute le Dr Mimi Szyper.Le care est encore souvent associé, dans les faits comme dans les représentations sociétales, aux femmes. Non rémunéré, il est dans une écrasante majorité des cas assuré par celles-ci, qu'elles soient mère, épouse, soeur... L'asbl Femmes et santé, de concert avec les autres membres de la plateforme pour la santé des femmes qu'elle coordonne, souhaite promouvoir une répartition égalitaire du care. Pour cela, il faut oeuvrer pour une meilleure répartition des tâches et une revalorisation du care. Notamment à travers des ateliers genre et santé qui partent de cas concrets, où il s'agit de susciter une réflexion qui mène à un questionnement sociétal global sur la place du care. Travail en ateliers Les ateliers et groupes sont une des caractéristiques de l'action de Femmes et santé. Au départ, l'asbl est née du désir de Catherine Markstein et Mimi Szyper de créer un groupe d'échange et d'informations rassemblant des femmes autour de la cinquantaine. Ce qu'elles vivaient dans ce cycle de vie, comment en faire une expérience plus riche, qui aille au-delà de la surmédicalisation et qui leur permette d'aborder la ménopause armées d'un esprit plus critique? De se réapproprier leur corps et cette étape de leur vie sans " en faire une maladie "...Et puis, de ce groupe de femmes autour de la cinquantaine a émané le désir de s'ouvrir à d'autres générations et problématiques féminines. " Que faire pour nos petites-filles ", se sont-elles demandé. Des ateliers intergénérationnels ont été créés où le partage d'information est souvent très intense et riche. Avec toujours en filigrane, le souci de l'émancipation féminine et le souhait de se réapproprier leur corps." A la première réunion ", explique Mimi Szyper, " les femmes ont souvent un discours très convenu. Et puis après 2, 3 séances, leur parole se libère... " Aujourd'hui, les ateliers et groupes s'adressent à des femmes de toutes les générations et abordent autant la santé du périnée que l'auto-examen, les formations de femme à femme...Un petit bilan après onze ans d'existence ? " Ce qui est très positif ", explique Mimi Szyper, c'est que, " du petit groupe de départ, on est passées à quelque chose de plus large", avec les membres de la Plateforme pour les femmes qui rassemble de nombreuses associations pour lesquelles les femmes sont au centre du processus de soins et de décision. " Et puis, de nouvelles générations arrivent forcément, plus incisives, plus radicales... "" C'est très positif, ce partage ", estime Mimi Szyper, " même si tout n'est pas toujours aussi consensuel ", glisse-telle. L'essence de l'activisme, en quelque sorte. Que de chemin parcouru depuis " ces soirées à deux, trois femmes où on osait à peine dire ce qu'on pensait ", à ces lieux d'échange où chaque association vient avec ses outils. Demain, le 9 mars, un bel exemple de ce partage de compétences sera mis en oeuvre au cours d'un colloque international émaillé d'ateliers, consacré à l'empowerment des femmes fragilisées par des violences sexuelles.