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Méthodologie Ce travail est une revue de littérature concernant l'approche diagnostique, les critères d'hospitalisation, et la prise en charge thérapeutique ambulatoire des pathologies tropicales fébriles les plus fréquemment importées. Il comprend une recherche épidémiologique approfondie (World Health Organisation (WHO), Centers for Disease Control (CDC), GeoSentinel, EuroTravNet, Institut de Médecine Tropicale d'Anvers (IMT)), une recherche de guidelines (OMS, CDC, IMT, Conseil Supérieur de la Santé), ainsi qu'une recherche d'articles récents de qualité (Pubmed, Cochrane Library, Science - direct.com), avec une limite d'inclusion à l'année 2005. Un sondage en ligne a permis de récolter certaines informations concernant l'ampleur et la pertinence de cette problématique en médecine générale en Belgique.Résultats & discussion pratique Le sondage réalisé auprès de 81 médecins généralistes (MG) a révélé que 80 % d'entre eux ont déjà été consultés par des voyageurs fébriles. L'enquête expose un manque de connaissances en termes épidémiologiques et cliniques, et les MG interrogés ont euxmêmes émis le souhait d'être davantage informés. Après un voyage exotique, 40 % des voyageurs fébriles sont atteints d'une affection tropicale, 35 % d'une affection cosmopolite, et 25 % d'une affection mixte/indéterminée. Statistiquement, 5 pathologies tropicales fébriles se retrouvent fréquemment au retour d'un voyage tropical : malaria, dengue, rickettsioses (africaines), chikungunya, et fièvre typhoïde/paratyphoïde. Bien que l'épidémie à virus Ebola ait suscité l'inquiétude mondiale en 2014, la probabilité de contracter d'autres pathologies tropicales en voyage demeure bien plus grande. La malaria est la 1ère cause tropicale de mortalité parmi les voyageurs fébriles et doit donc être recherchée en priorité. La prise en charge détaillée est reprise dans la " fiche de screening " (voir code QR en fin de texte), développée au décours de cette revue de littérature. La démarche initiale comporte une anamnèse de voyage fouillée (continent visité, type de voyageur, incubation), un examen clinique systématique et un screening biologique urgent (recherchant en priorité la malaria, et incluant toujours une biologie sanguine et des hémocultures). En confrontant les données anamnestiques à d'éventuels indices prédictifs cliniques ou biologiques, le MG peut ensuite confirmer/réfuter ses hypothèses par des examens spécifiques aux principales affections tropicales et/ou cosmopolites fébriles. En absence de critère d'hospitalisation, un traitement ambulatoire étiologique peut être instauré à condition d'assurer un suivi thérapeutique rigoureux.Conclusion Les moyens diagnostiques et thérapeutiques des principales affections tropicales fébriles ne sont pas hors de portée de la médecine générale. Au contraire, moyennant un " aiguillage " adéquat, le MG pourrait servir de partenaire précieux aux centres spécialisés. Une connaissance poussée des affections tropicales est probablement irréaliste lorsqu'on considère la charge de travail actuelle en médecine générale. La fiche de screening développée dans le décours de ce travail pourrait servir d'aidemémoire afin d'orienter les MG occidentaux et de mieux cibler la prise en charge des voyageurs fébriles. >>> Titre complet : Le patient fébrile au retour des tropiques. Prise en charge initiale par le médecin généraliste >>> Promoteur : Pr Emmanuel Bottieau (Head of Unit of Tropical Diseases, Department of Clinical Sciences, Institute of Tropical Medicine, Antwerp, Belgium) >>> Fiche de screening : suivez le code ou surfez sur www.lejournalduedecin.com