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En cette période postélectorale et dans l'attente de la formation des différents gouvernements, fleurissent, plus que les coquelicots, les "mémorandums" des uns et des autres. Ce qui est frappant, c'est le modèle "liste de Nöel" de la majorité des associations professionnelles et hospitalières : tout le monde veut plus mais qui pense au patient ? En cette ère de "value-based care", les moyens devraient être utilisés, tenant compte des résultats et de l'expérience du patient, en regard du financement octroyé. Or, au-delà des grands principes, nous observons surtout des requêtes en vue de l'octroi de plus d'avantages notamment salariaux et pour plus d'investissements sans réel objectif de rationalisation ou d'efficience. Les hôpitaux d'aujourd'hui ne donnent pas l'impression d'être des lieux de soins mais ressemblent de plus en plus à des sanctuaires de "l'emploi protégé". A croire que certains préfèrent payer plus leurs employés au lieu de privilégier le remboursement du patient et surtout la qualité des soins et leur accessibilité.On parle de forfaits par pathologies mais ces forfaits sont limités aux honoraires médicaux. Pourquoi ne pas aller plus loin dans la forfaitarisation ? Parce que cela créerait une réelle compétition et une course à l'efficacité entre les hôpitaux, qui devraient alors tenir compte de leurs prix de journées et de leurs coûts indirects, dont notamment les avantages octroyés à leurs employés et au personnel soignant (congés, suppléments horaires, assurances groupe, assurance hospitalisation etc.).Centrer les soins sur les pathologies n'est finalement pas meilleur que la médecine payée à l'acte parce qu'il ne tient pas compte du patient et de son état de santé. On parle encore de soins centrés sur le patient, alors qu'il est vraiment l'oublié du système. Nous allons vers le remboursement d'une prothèse de genou mais pas le remboursement pour le patient complexe qui est opéré de son genou !On observe que les budgets de tous les soignants (sages-femmes, maisons médicales, kinés, opticiens, logopèdes, audiciens, hôpitaux, infirmières, orthopédistes-bandagistes,...) explosent par rapport à celui des médecins*. Certes ce n'est peut-être pas l'essentiel ; le modèle de soins change. Mais restreindre le financement des médecins et restreindre leur implication dans la gouvernance des hôpitaux ou dans la gestion des soins ambulatoires et la première ligne jusqu'à ne plus les voir dans la concertation ne sera vraiment pas sans conséquences pour les patients.Les revendications et avantages demandés au sein des hôpitaux poussent ces derniers à ponctionner toujours plus les honoraires des médecins, une spirale sans fin qui pousse aux excès et aux dérapages. Les honoraires des médecins ne peuvent pas être une variable d'ajustement budgétaire des hôpitaux. IIs devraient être revalorisés pour prendre en compte la complexité des soins et le temps, de plus en plus nécessaire à l'organisation des soins intégrés et transmuraux, mais aussi pour l'écoute du patient. Cette pression engendrée par la demande systématique de moyens supplémentaires sans objectifs mesurables et sans analyse du retour sur l'investissement pousse le système à ses limites.Le patient demande la facilité d'accès, la rapidité et la qualité de la prise en charge mais aussi la proximité, la technologie, la personnalisation et surtout l'accessibilité**. En réalité, nous sommes en peine de pouvoir lui offrir une téléconsultation avec son médecin par contre on restreint son libre-choix et le remboursement de certains de ses implants et produits pharmaceutiques. Non, le patient n'est pas au centre. On répète qu'il l'est, mais c'est l'emploi et les syndicats des travailleurs - tellement plus puissants que les associations représentatives des professionnels de la santé -, qui le sont. Et quand on a les deux (syndicats et organisation), le tir est encore plus puissant. Gageons que ces tirs, ne casseront pas le système et que le respect, essentiel à la collaboration le soit envers les médecins dont la majorité souffre en silence.*Mutualités chrétiennes** Advisory Board International