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En Belgique, l'an dernier, 3,1% des décès enregistrés étaient en lien avec une euthanasie.L'année a été marquée par l'euthanasie d'une mineure d'âge, une jeune fille de 16 ans atteinte d'une tumeur au cerveau. "Nénette", qui avait choisi de faire don de ses organes après sa mort, a partagé son histoire avec les médias avant de partir. Les euthanasies de mineurs restent rares en Belgique. "Nous avons connu cinq cas" depuis que la loi l'a autorisé en 2014, indique Jacqueline Herremans, avocate et coprésidente de la commission.La première "justification" des euthanasies pratiquées reste le cancer. Dans plus de la moitié des cas (55,5%), une ou des tumeurs, sans perspective de guérison, étaient à l'origine de la demande. Mais, derrière les cancers, les polypathologies gagnent en importance dans les affections à l'origine des euthanasies. Elles sont passées de 19,6% des dossiers en 2022 à 23,2% en 2023. Les affections psychiatriques sont également de plus en plus souvent avancées, mais représentent une part marginale du total: 1,4%, soit 48 personnes. Ces cas nécessitent souvent un examen plus long de la demande, entre autres parce que le décès naturel n'est pas attendu à brève échéance. L'avis de deux médecins externes est requis.Autre évolution: "nous voyons une progression des demandes de patients qui ne résident pas en Belgique", observe Jacqueline Herremans. Ainsi, 110 personnes domiciliées à l'étranger sont spécialement venues en Belgique pour se faire euthanasier, principalement des Français (101). La commission avait connaissance de 61 cas en 2022. "Et il y a beaucoup de personnes que l'on doit décevoir. Les demandes pleuvent", note l'avocate, également présidente de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité. En France, l'euthanasie est interdite.La Commission fédérale de contrôle et d'évaluation de l'euthanasie est chargée d'évaluer les dossiers de chaque euthanasie pratiquée en Belgique, et de vérifier que toutes les conditions légales ont été respectées. Si elle soupçonne la violation d'une condition essentielle, elle transmet le dossier à la Justice. Cela reste très rare, et n'a pas eu lieu en 2023.Une majorité (70,8%) des déclarations d'euthanasie transmises à la Commission sont en néerlandais. Ces chiffres reflètent la langue du médecin, pas forcément celle du patient. Mais cela reste une indication d'une pratique plus courante côté néerlandophone que dans la population francophone, même si l'écart est moins marqué qu'aux débuts de l'euthanasie légale. La tranche d'âge la plus représentée est celle des 70-79 ans (28,6%), devant les octogénaires (27,8%).Seules 19 euthanasies (0,6%) découlaient en 2023 d'une déclaration anticipée. Via un tel document, une personne requiert une euthanasie future, si elle se retrouve atteinte d'une affection grave et incurable et dans un "état d'inconscience irréversible". "Dans les faits, le champ d'application de la déclaration anticipée est très restrictif", explique la coprésidente de la commission.Si la commission a accès au détail des euthanasies qui ont été pratiquées, elle ne dispose pas de chiffres sur toutes les demandes qui se voient refusées. Une donnée qui serait pourtant éclairante, estime Jacqueline Herremans. "Il serait bien utile d'avoir une étude transversale concernant toutes les décisions de fin de vie", commente-t-elle.Belga