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Le généticien de 79 ans, reconnaissable à son épaisse crinière blonde plaquée tant bien que mal en arrière, est né en 1933 dans un petit village du sud de l'Angleterre. Fasciné depuis toujours par les sciences naturelles, il élevait à l'école des centaines de chenilles pour faire naître des papillons. Son père envisageait pour lui une carrière dans l'armée ou la finance, mais "grâce au ciel", il a été jugé inapte au service par le médecin de famille. La suite du parcours de ce chercheur d'exception, fait chevalier par la reine, ressemble à une succession d'"accidents" heureux. Il garde d'ailleurs dans son bureau une copie du rapport écrit sur lui par son professeur de biologie quand il avait 15 ans. L'enseignant assurait que se lancer dans cette discipline serait pour lui "une totale perte de temps" et qu'il fallait absolument l'en dissuader. Quand étudiant, John Gurdon passe un examen d'entrée à Oxford en section Lettres classiques, l'université l'accepte à condition qu'il change de matière. Un peu plus tard, toujours passionné par les insectes, il demande à faire un doctorat dans le département d'entomologie, mais sa demande est refusée au prétexte qu'il n'a pas le niveau suffisant. Une fois son doctorat en poche en 1960, il rejoint le très réputé California Institute of technology aux Etats-Unis. A à peine 30 ans, John Gurdon réalise en 1962 une percée en découvrant que le code ADN dans une cellule de grenouille adulte contenait toutes les informations nécessaires pour transformer cette cellule en toutes sortes de cellules. En 1972, il retourne à Cambridge où il enseigne la biologie cellulaire et et où il fera une grande partie de sa carrière. Ses travaux, ainsi que ceux du Japonais Shinya Yamanaka, sur la réversibilité des cellules souches, qui permet de créer tous types de tissus du corps humain, ont reçu lundi la consécration du Nobel.