Epidémie maîtrisée ou pas ? Alors que des informations contradictoires circulent émanant d'officines internationales, un séminaire Ebola faisait le point fin de la semaine dernière sur la manière pour les MG d'appréhender un (très) hypothétique malade Ebola qui se présenterait à son cabinet médical. Face à un " cas probable ", plusieurs précautions s'imposent : pour le patient, le médecin et les autres patients en contact avec lui.
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L'épidémie d'Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest semble marquer une pause mais " elle n'est pas encore endiguée " selon le coordinateur spécial de l'ONU pour la lutte contre cette fièvre hémorragique, à la veille d'un sommet de l'Union africaine qui devait aborder le sujet le 30 janvier. " Le nombre de cas décroît de semaine en semaine et tend vers zéro dans beaucoup d'endroits, mais la maladie est encore présente dans un tiers des zones des trois pays touchés. Nous avons encore des flambées occasionnelles et des surprises avec de nouveaux cas ", selon David Nabarro à Addis Abeba. " Cela signifie que l'épidémie n'est pas encore endiguée ", a-t-il mis en garde, " nous devons poursuivre notre effort, de façon même plus intense. "Quoi qu'il en soit il faut surtout tirer les leçons de la relative impréparation de la communauté internationale face à la pire épidémie de ce type et qui a déjà tué 9.000 personnes essentiellement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. En dépit d'une offre sanitaire dans un état catastrophique dans ces pays, l'épidémie est restée relativement circonscrite géographiquement. Tandis qu'on craint l'arrivée des pluies, le Centre africain de contrôle des maladies, dont l'Union africaine a annoncé la mise sur pied d'ici mi-2015, devrait permettre à l'Afrique d'agir plus rapidement, en cas de nouvelle épidémie. La Belgique épargnée Quid en Belgique ? Notre pays a été pratiquement épargné mais il n'est pas impossible qu'un cas débarque un jour dans le cabinet médical d'un médecin de première ligne. C'est pourquoi l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, la SSMG, l'hôpital Saint-Pierre et le SPF Santé publique (cellule Ebola) organisaient la semaine dernière un séminaire sur la question. Les experts ont notamment rappelé les directives pour les MG en la matière, qui ont été approuvées juste avant les vacances de Noël.Les orateurs ont tout d'abord rappelé quelques notions de base : le virus Ebola qui provoque une fièvre hémorragique à l'issue souvent mortelle est un virus filiforme (ou filovirus) transmis de l'animal à l'homme, également appelé une zoonose. Le virus se transmet par un contact étroit (moins d' un mètre) avec un patient infecté par le virus Ebola et/ou les fluides corporels de ce patient. L'infection par le virus Ebola n'est pas transmise par voie aérienne mais une infection de gouttelettes peut se produire. La période d'incubation maximale est de 21 jours ; en moyenne, les patients tombent malades 7 à 10 jours après la contamination. Très peu de risque Trois critères déterminent si le patient est à risque : un séjour récent dans les zones à risque (lire infra), de la fièvre sans ou avec symptôme, une exposition par contact physique à une personne infecté par le virus d'Ebola ou avec ses fluides corporels. " Il faut vérifier si le patient répond à ces critères lors de l'anamnèse, au téléphone ou par le biais du réceptionniste. Le cas échéant, il est nécessaire de garder la distance (au moins 1 mètre) et d'appliquer les mesures de précaution standard. En cas de suspicion, il faut contacter le médecin inspecteur d'hygiène communautaire*. "Toutefois, dans la situation épidémiologique actuelle, le risque d'être en contact avec un patient Ebola, en tant que médecin généraliste, est très faible, soulignent les experts. " Même si un patient provenant de cette région consulte un médecin en raison de fièvre, il est bien plus vraisemblable que celle-ci soit provoquée par une autre maladie (par exemple la malaria). Des vêtements de protection spécifiques ne sont donc pas nécessaires pour le MG. "La question qu'il faut se poser est de savoir si le malade potentiel a séjourné il y a moins de 21 jours dans une zone à risque (Guinée-Conakry, Sierra Leone et Libéria en décembre 2014).Il faut s'inquiéter si le patient a eu, outre une température axillaire de 38 °C ou plus et ce durant les dernières 24 heures, au moins l'un des symptômes suivants : importants maux de tête, vomissements, diarrhée, douleur abdominale, hémorragies inexpliquées, quelle qu'en soit la forme et signes de multiples défaillances organiques.Le cas est d'autant plus suspect s'il y eu un contact avec un patient Ebola ou ses fluides corporels. On entend par là " un contact étroit (1 m) sans protection adéquate avec un cas symptomatique probable ou confirmé, des rapports sexuels non protégés avec un cas Ebola confirmé dans les 3 mois qui suivent l'apparition des symptômes chez cette personne, un contact direct avec du matériel contaminé par des fluides corporels d'un cas probable ou confirmé, ou encore un accident par piqûre ou exposition à des fluides corporels, des tissus ou des échantillons de labo d'un cas probable ou confirmé ".Ce qui doit augmenter votre vigilance est le fait que le patient a travaillé ou été admis dans un hôpital de la région épidémique. Idem s'il a été " en contact avec une personne décédée dans la région épidémique, a eu un contact physique avec (ou a consommé) des animaux sauvages dans la région épidémique ".Si vous pensez être en présence d'un patient Ebola, les experts recommandent de vous tenir à distance d'au moins un mètre, de placer le patient dans un espace séparé et les objets utilisés (p.ex. thermomètre) dans un sac plastique.Un cas probable doit être réexaminé dans un hôpital de référence pour affiner le diagnostic. Le transport des cas probables est organisé en concertation avec le médecin inspecteur d'hygiène communautaire*. Trois moyens existent pour le transporter : soit avec son propre véhicule vers l'hôpital de référence, soit dans une ambulance spécialement équipée. " Éventuellement, on peut faire le choix de laisser le patient regagner son domicile et attendre cette ambulance chez lui. " Après le départ du cas probable Après son départ, si le cas probable est uniquement fébrile, " il suffit de désinfecter les surfaces de contact (sièges, poignées de porte) avec de l'eau de Javel diluée (0,5 % d'hypochlorite de sodium), de l'alcool ou un autre antiseptique ". S'il y a du sang, des selles ou des vomissures, cela sera nettoyé par une équipe de désinfection. " Les espaces où se trouvent ces fluides corporels doivent être fermés jusqu'à la désinfection. "Quid des patients qui attendaient dans la salle d'attente ? Les personnes assises à côté du patient suspect figurent sur la liste des cas à risque. " Ces personnes devront prendre leur température pendant 21 jours et seront suivies par le médecin inspecteur d'hygiène communautaire. "Contact :*Médecin inspecteur d'hygiène communautaire: 070 24 60 46 (Région wallonne et Communauté germanophone) et 0478 77 77 08 (Région Bruxelles Capitale) .24h/24 : 03 821 30 00 - Demander à être mis en relation directe avec le spécialiste des maladies tropicales de garde.