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D'abord, il faut planter le décor. Récemment, la ministre De Block présentait sa roadmap remaniée du plan eSanté, sobrement baptisée roadmap eHealth 2.0. La question de base de la FAGC découle de cette refonte : les médecins sont-ils équipés pour faire face aux défis de la roadmap eHealth 2.0, notamment au niveau de la mise en place du dossier médical informatisé (DMI) ? Ils ont en tout cas intérêt à l'être, car l'échéance de 2020 approche et des primes sont en jeu (prime télématique, prime spécifique au SumEHR)." La finalité de l'enquête, c'est avoir des chiffres précis concernant l'utilisation de l'informatique de la part des médecins, pour pouvoir permettre par la mise en place d'un soutien de qualité ", complète Gianni Maraschiello, responsable administratif de la FAGC, qui a mené ce projet en collaboration avec le Forum des associations de médecins généralistes (FAG). " Notre volonté, c'est donner des balises aux médecins, leur permettre de se situer, afin qu'ils puissent recevoir des conseils et outils en vue d'évoluer dans leur pratique de l'informatique"Évidemment, la FAGC ne peut pas forcer les médecins généralistes à adhérer au projet, mais la volonté d'aider à faire face aux défis de l'informatisation est bien présente. " Des formations générales existent, prévues par le FAG. Notre but est de travailler de manière complémentaire, et, évidemment, d'apporter un soutien local à nos médecins ", embraye Gianni Maraschiello.Si ces résultats sont locaux, ils sont tout de même suffisamment significatifs pour être partagés sur le reste du territoire wallon. " Nous avons sondé en profondeur et le taux de participation très élevé nous permet d'extrapoler les tendances à d'autres régions. Autant en faire profiter l'ensemble des cercles et l'ensemble des médecins généralistes, pour que la transition portée par le plan eHealth se fasse en douceur." Méthodologie La FAGC a mis les petits plats dans les grands pour qu'un nombre maximum de médecins participe à l'enquête. " Pour toucher la bonne cible, nous devions également nous adresser aux médecins les moins informatisés et donc ne pas se limiter à la voie électronique...Nous avons donc fait le choix, et ce n'était pas le plus simple, de passer par voie papier. Nous avons d'abord exclusivement travaillé par ce biais-là en diffusant le questionnaire à travers les GLEMs et en expliquant le but de la démarche", explique le responsable administratif. 50% des GLEMs ont participé, soit une petite dizaine de groupes. Une donnée qui réjouit la FAGC. " D'autant plus que l'enquête a été bien appréciée ! Cela montre qu'il y a une demande, et un intérêt, de la part des médecins, à vouloir s'accrocher au wagon de l'informatique. "Après la clôture de l'enquête papier, une version électronique a été lancée, histoire de ne manquer personne. Après les dépouillements, l'enquête a touché 154 médecins via la version papier, et 132 via la version électronique, soit 286 médecins sur 420 ou 68% du total. " Un taux de réponse très élevé qui nous permet d'obtenir réponses significatives. " La FAGC ne s'est pas arrêtée là. La fédération carolorégienne a tenu à comprendre pourquoi 32% des médecins n'ont pas participé à l'enquête. " Avec l'aide du RLM de Charleroi nous avons pris le téléphone, et appelé les personnes n'ayant pas répondu à l'enquête. Seulement 5% ont dit que le débat ne les intéressait pas. Les autres personnes ont dit que c'était une belle idée, mais n'y ont pas participé par manque de temps. " Le profil de l'utilisateur 75% des médecins utilisent un seul ordinateur, fixe ou portable. Seuls 13% utilisent des tablettes. 71% des médecins ayant répondu ont un lecteur de carte d'identité. Teamviewer, logiciel qui permet à un tiers de prendre le contrôle de l'ordinateur dans le cadre d'un helpdesk, n'est utilisé que par 35% des médecins. " Il faudrait demander aux médecins d'installer au moins un programme de ce type afin de permettre à un helpdesk d'intervenir ", assure Gianni Maraschiello.Les médecins sont aujourd'hui facilement joignables par mail. 75% d'entre eux relèvent en effet leur mail au moins une fois par jour.20% ont un secrétariat qui s'occupe de l'informatique. Il y a à l'évidence un lien entre ce pourcentage et les 20% de pratiques de groupe et les 10% de maisons médicales recensées à Charleroi. Il reste tout de même que 70% de médecins travaillent seuls. " Bien qu'un changement de mentalité s'opère, surtout dans la jeune génération ", note le responsable administratif.Pour compléter ce profil de l'utilisateur, on note qu'un médecin généraliste sur deux fait appel à un informaticien pour le soutenir dans l'utilisation des outils informatiques. " C'est trop. Avec un bon soutien, et de bonnes formations, ce pourcentage qui a un coût pour le médecin, devrait diminuer. " Utilisation pratique Grâce à l'enquête, la FAGC donne une vision globale de l'utilisation des différents outils informatiques par les médecins carolorégiens.86% des médecins utilisent l'informatique dans leur pratique" Après, quelle est l'utilisation réelle de l'informatique ? Ce chiffre démontre tout de même un bon potentiel. " 18% seulement utilisent l'informatique lors des visites à domicile (via des ordinateurs portables ou des tablettes). Une utilisation qui n'est visiblement pas rentrée dans les moeurs.6 médecins sur 10 disposent d'un certificat eHealth1. " Si un médecin n'a pas ce certificat, il est considéré comme étant au niveau 0 ", explique Gianni Maraschiello. " C'est la base de tout, et c'est la première démarche à entreprendre si l'on veut correctement informatiser sa pratique. " Cela confirme les doutes sur l'utilisation réelle de l'informatique, car si 86% des MG l'utilisent dans leur pratique, 26% n'ont pas de certificat eHealth. Chez certains, l'utilisation de l'informatique est donc relativement basique. "Le FAGC a également demandé quelles applications étaient préférées par les généralistes. My carenet et le compendium de médicaments du CBIP sont les outils les plus utilisés, au même titre que le site web de la FAGC (voir ci-contre). Le Réseau santé wallon (RSW) est actuellement utilisé par 37% des médecins de la région de Charleroi. " Un chiffre qui doit encore être améliorée quand on sait à quel point cet outil est utile et performant. Certains médecins l'utilisent quotidiennement et disent ne plus pouvoir s'en passer, notamment afin de pouvoir consulter des documents qui ne leur étaient pas adressés (rapports non adressés par les spécialistes - documents adressés entre spécialistes uniquement) ", insiste la FAGC.77% des médecins ont un DMI (majoritairement Le généraliste et Épicure). Encore une fois, la FAGC se pose la question de l'utilisation réelle du DMI. Toujours est-il qu'ici aussi, il y a un potentiel. Vision de l'informatique Est-ce que l'informatique est vue de manière positive ? Est-elle au contraire vue comme une contrainte ? Y-a-t-il seulement une demande ? " Nous l'avons vu, le taux de réponse prouve que la demande est là ", assure Gianni Maraschiello.7 médecins sur 10 voient d'ailleurs l'informatique positivement, la considérant comme plutôt avantageuse dans leur pratique, surtout au niveau de l'accès à l'information et de l'efficacité dans la pratique. Enfin, 76% des médecins souhaiteraient être aidés.Des résultats surprenants pour la FAGC. " Nous ne nous attendions pas à un tel pourcentage de personnes favorables. Mais cela nous rassure quant à l'utilité de notre démarche." Références 1. Les certificats eHealth sont utilisés pour authentifier les acteurs des soins de santé, lorsque leurs systèmes informatiques (par exemple, un logiciel pour médecins généralistes) font appel aux services de la plate-forme eHealth (tels que l'eHealthBox ou l'horodatage). Une bourse d'échange de gardes informatisée L'enquête a mis en évidence qu'une grande majorité des médecins de Charleroi (76%) surfent volontiers sur le site internet de la FAGC. La raison ? Un espace réservé aux médecins qui présente une multitude de renseignements sur la médecine locale, des informations sur la garde et un outil inédit : la bourse d'échange des gardes. " Cette idée originale est partie du fait que certains médecins voulaient remettre leur garde et que beaucoup de jeunes médecins étaient volontaires pour reprendre des gardes ", explique Gianni Maraschiello, responsable administratif de la FAGC. " On s'est alors dit : pourquoi ne pas offrir un outil qui favorise la rencontre de l'offre et de la demande ? Celui qui veut remettre sa garde peut donc maintenant le faire, de sa propre initiative, sur la bourse d'échange de l'espace médecin du site de la FAGC. "La bourse d'échange fonctionne très simplement, comme un système des petites annonces, la suite est permise grâce aux facilités de communication mises en place par la FAGC.Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette plate-forme rencontre un beau succès, avec une moyenne de 200 visites par jour et plus de 400 annonces placées en 2015. Pour une fédération de 420 médecins, force est de constater que c'est un bel exploit!>>> Suivez-nous sur les réseaux sociaux: @jdmedecin ou Le Jdm