Hier, pour un cas similaire, c'était le cardiologue qui était à ses consultations, avec plusieurs patients qui attendaient dans le couloir, mais il avait promis de venir dès que possible entre deux consultations. Avant-hier, c'était l'interniste qui venait de quitter l'hôpital ; les autres médecins du service étaient tous occupés et se sont renvoyé la balle, avec une réponse du style : " je ne connais de toute façon pas bien ce malade, pourquoi n'essayeriez vous pas plutôt le Docteur X ou si cela ne va pas, le Docteur Y ? " Le malade a été de moins en moins bien, jusqu'à ce qu'il développe un arrêt cardiaque : le bouton rouge a alors été enfoncé et l'équipe de choc est arrivée endéans les trois minutes : le coeur est " reparti " mais le pronostic neurologique est très incertain. N'était-il pas possible d'agir plus tôt ?

Une histoire qui se produit malheureusement encore trop souvent à l'hôpital. Où tout le monde est occupé, où les sollicitations sont grandes, où les médecins ne peuvent pas toujours être disponibles à temps.

Une table ronde internationale s'est penchée sur ce thème la semaine dernière à Bruxelles. Les experts européens, américains et australiens ont discuté leurs expériences et leurs propositions pour améliorer la prise en charge des malades hospitalisés. Avec trois axes de réflexion.

Utiliser des scores Premièrement, l'utilisation de scores permet de quantifier la sévérité de la dégradation. Par exemple, les Anglais utilisent largement le NEWS (National Early Warning Score), basé sur le degré d'anomalie de variables simples comme la fréquence cardiaque, la pression artérielle ou la fréquence respiratoire. D'autres utilisent le score qSOFA basé sur la pression artérielle, la fréquence respiratoire et le degré de conscience. Cette approche permet de quantifier objectivement le problème, en évitant la phrase floue du genre " ce malade ne va pas bien, vous savez... ". Pour éviter tout malentendu, pour éviter la subjectivité, pour éviter que l'on puisse dire que tel infirmier(e) est trop souvent inquiet, ou au contraire que l'infirmier(e) attend trop longtemps avant d'appeler, de peur de se faire taxer d'émotivité excessive ou simplement par crainte de déranger. D'ailleurs, lorsque ce type d'alarme a atteint un certain seuil, le signal est consigné et le médecin concerné se trouve dans l'obligation de réagir sur le champ.

Deuxièmement, les prestataires de soins doivent pouvoir faire appel à une équipe d'intervention rapide, différente de l'équipe de l'arrêt cardiaque. On appelle aujourd'hui ces équipes d'intervention les 'rapid response teams', faites de gens compétents, qui interviennent vite, mais sans courir. Il peut s'agir d'un médecin des soins intensifs, d'un infirmier expérimenté dans le domaine des urgences hospitalières, d'un kinésithérapeute respiratoire ou d'une association de ces personnes. A l'hôpital Erasme, une extension téléphonique renvoie à un médecin des Soins intensifs, et une autre à un kinésithérapeute pour un problème respiratoire (désencombrement, aspirations trachéales, oxygénothérapie, CPAP...).

Troisièmement, des systèmes de monitoring plus performants, non invasifs se sont développés, qui permettent de quantifier le degré de dégradation au fil du temps. Plus encore, alors que la surveillance d'une seule variable peut mener à des fausses alarmes, la combinaison de signaux peut éviter cet écueil. A titre d'exemple, une augmentation de la fréquence respiratoire accompagnée d'une désaturation en oxygène (identifiée par oxymétrie pulsée) est plus cohérente qu'une seule de ces deux anomalies prise isolément.

Grâce à la combinaison de signaux, l'infirmier qui commence son travail peut immédiatement voir sur un grand écran quels sont les malades qui demanderont davantage de surveillance et ceux qu'il ne faut pas nécessairement réveiller quand ils dorment... On peut même installer un système de contrôle central des chambres d'où on appelle d'emblée le 'rapid response team' quand une anomalie semble sérieuse.

Ainsi, le nombre d'arrêts cardiaques ou autres complications majeures peut diminuer sensiblement dans les hôpitaux. Tout cela ne coûte pas très cher et peut rapporter gros...

Hier, pour un cas similaire, c'était le cardiologue qui était à ses consultations, avec plusieurs patients qui attendaient dans le couloir, mais il avait promis de venir dès que possible entre deux consultations. Avant-hier, c'était l'interniste qui venait de quitter l'hôpital ; les autres médecins du service étaient tous occupés et se sont renvoyé la balle, avec une réponse du style : " je ne connais de toute façon pas bien ce malade, pourquoi n'essayeriez vous pas plutôt le Docteur X ou si cela ne va pas, le Docteur Y ? " Le malade a été de moins en moins bien, jusqu'à ce qu'il développe un arrêt cardiaque : le bouton rouge a alors été enfoncé et l'équipe de choc est arrivée endéans les trois minutes : le coeur est " reparti " mais le pronostic neurologique est très incertain. N'était-il pas possible d'agir plus tôt ?Une histoire qui se produit malheureusement encore trop souvent à l'hôpital. Où tout le monde est occupé, où les sollicitations sont grandes, où les médecins ne peuvent pas toujours être disponibles à temps.Une table ronde internationale s'est penchée sur ce thème la semaine dernière à Bruxelles. Les experts européens, américains et australiens ont discuté leurs expériences et leurs propositions pour améliorer la prise en charge des malades hospitalisés. Avec trois axes de réflexion.Utiliser des scores Premièrement, l'utilisation de scores permet de quantifier la sévérité de la dégradation. Par exemple, les Anglais utilisent largement le NEWS (National Early Warning Score), basé sur le degré d'anomalie de variables simples comme la fréquence cardiaque, la pression artérielle ou la fréquence respiratoire. D'autres utilisent le score qSOFA basé sur la pression artérielle, la fréquence respiratoire et le degré de conscience. Cette approche permet de quantifier objectivement le problème, en évitant la phrase floue du genre " ce malade ne va pas bien, vous savez... ". Pour éviter tout malentendu, pour éviter la subjectivité, pour éviter que l'on puisse dire que tel infirmier(e) est trop souvent inquiet, ou au contraire que l'infirmier(e) attend trop longtemps avant d'appeler, de peur de se faire taxer d'émotivité excessive ou simplement par crainte de déranger. D'ailleurs, lorsque ce type d'alarme a atteint un certain seuil, le signal est consigné et le médecin concerné se trouve dans l'obligation de réagir sur le champ.Deuxièmement, les prestataires de soins doivent pouvoir faire appel à une équipe d'intervention rapide, différente de l'équipe de l'arrêt cardiaque. On appelle aujourd'hui ces équipes d'intervention les 'rapid response teams', faites de gens compétents, qui interviennent vite, mais sans courir. Il peut s'agir d'un médecin des soins intensifs, d'un infirmier expérimenté dans le domaine des urgences hospitalières, d'un kinésithérapeute respiratoire ou d'une association de ces personnes. A l'hôpital Erasme, une extension téléphonique renvoie à un médecin des Soins intensifs, et une autre à un kinésithérapeute pour un problème respiratoire (désencombrement, aspirations trachéales, oxygénothérapie, CPAP...).Troisièmement, des systèmes de monitoring plus performants, non invasifs se sont développés, qui permettent de quantifier le degré de dégradation au fil du temps. Plus encore, alors que la surveillance d'une seule variable peut mener à des fausses alarmes, la combinaison de signaux peut éviter cet écueil. A titre d'exemple, une augmentation de la fréquence respiratoire accompagnée d'une désaturation en oxygène (identifiée par oxymétrie pulsée) est plus cohérente qu'une seule de ces deux anomalies prise isolément.Grâce à la combinaison de signaux, l'infirmier qui commence son travail peut immédiatement voir sur un grand écran quels sont les malades qui demanderont davantage de surveillance et ceux qu'il ne faut pas nécessairement réveiller quand ils dorment... On peut même installer un système de contrôle central des chambres d'où on appelle d'emblée le 'rapid response team' quand une anomalie semble sérieuse.Ainsi, le nombre d'arrêts cardiaques ou autres complications majeures peut diminuer sensiblement dans les hôpitaux. Tout cela ne coûte pas très cher et peut rapporter gros...