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LireCet ouvrage collectif, piloté par Bernard Andrieu et de Gilles Boëtsch, témoigne d'une large ouverture d'esprit. Celle-ci est liée au point de vue adopté par les coordinateurs de l'ouvrage qui prennent acte de ce que : " le corps s'est imposé comme un thème interdisciplinaire tant dans la société que dans les communautés scientifiques. Cette troisième édition ... permet d'ouvrir ce Dictionnaire aux nouvelles générations de chercheurs et de chercheuses engagés dans l'analyse des objets, techniques et expériences inédites du corps. " (Introduction, page 1).Certes, ce Dictionnaire n'est en rien un traité d'épistémologie de l'interdisciplinarité. Un travail théorique d'une telle ampleur n'est d'ailleurs pas disponible sur le marché. Il est cependant bien plus qu'un simple catalogue juxtaposant les items. Il témoigne en effet d'une volonté jamais démentie de croiser continuellement plusieurs lignes de rationalité.À parcourir les entrées, on ne peut qu'être frappé par la grande diversité des thématiques abordées dans l'ouvrage.Sont en effet traités des sujets aussi variés que l'accouchement (pages 7-9), l'apnée sportive (pages 28-32), l'automutilation (pages 41-42), l'ascèse (pages 37-41), le bain (pages 49-52), l'esthésiologie (pages 185-188), la nudité (367-369), le droit de cuissage (pages 153-154) (toujours d'actualité dans certains milieux, les récents scandales dans le monde du cinéma l'attestent), la fatigue (pages 207-209), le genre (pages 243-245) (et le transgenre, de grande actualité), l'intercorporéité (pages 295-297), le bronzage (pages 87-90), etc.Dans ce voyage transdisciplinaire qu'est l'acte de lecture de ce livre, on croise des articles aussi singuliers que la lutte sénégalaise (pages 316-319), le foot-fauteuil (pages 226-229), la postpornographie (pages 401-404), la miss (pages 349-350), le naturisme (pages 358-360), les monstres (pages 353-356), ...Certains items obéissent à des lignes transversales qui parcourent l'ouvrage. Ainsi, la rubrique " éthique " (pages 188-189) renvoie-t-elle à plusieurs thématiques, comme l'éthique sportive (le dopage, pages 149-151) ; la bioéthique (pages 64-68) à travers des problématiques telles que l'avortement (pages 45-47), la contraception (pages 116-119), l'euthanasie (pages 196-198), l'excision (pages 199-202) ; l'éthique socio-économique par le biais d'items comme la prostitution (pages 408-410), la pauvreté (pages 380-382), les SDF (pages 464-466). Une autre ligne transversale est celle qui voit dans le corps un medium privilégié des arts de la scène (la commedia dell'arte, pages 113-116 ; la danse, pages 129-132) ou des fêtes populaires (le carnaval, pages 95-98).Le corps est cet ancrage par lequel le " Je " " existe " au quotidien. La table en constitue le décor quotidien, au même titre que la condition socioéconomique ou les liens affectifs. Par ailleurs, cet ouvrage contient de nombreux items relatifs à la sexualité, ce qui reflète l'intérêt de la médecine moderne pour cette dimension du corps : " La légitimation des pratiques sexuelles non reproductives permet ainsi à la vie sexuelle des hétérosexuels de se libérer du carcan exclusif de la conjugalité. La dissociation entre les différentes fonctions de la sexualité prend alors la forme de la distinction entre " santé reproductive " et " santé sexuelle "." (Alain Giami, page 474).Aujourd'hui encore, le débat de fond est d'actualité, la problématique de la santé sexuelle, avec toutes ses répercussions, tendant de facto à éclipser le débat moral.Chaque entrée est enrichie par une bibliographie qui fournit l'essentiel de la littérature secondaire. De manière suggestive, les auteurs appellent à la barre la biologie, la médecine, la philosophie, l'anthropologie, la sexologie, la sociologie, la psychologie, l'histoire, ...Ce dictionnaire, publié dans une collection de poche, met le doigt d'une manière originale sur les répercussions sociétales des progrès de la médecine moderne.Dr Philippe CasparDictionnaire du corps, sous la direction de Bernard Andrieu et de Gilles Boëtsch, Paris, CNRS Editions, collection " Biblis ", 2018 (3ème édition).1. L'ouvrage consacre une entrée au bidet, à l'origine un mobilier privilégié des prostituées (voir Balzac, Splendeur et misères des courtisanes, pages 55-57). Dans le même ordre d'idée, l'item " ceinture de chasteté " (pages 98-100) remet en mémoire l'usage qu'en fait Boccace dans Le Décaméron.