L'exemple rappelé dans l'article, le départ il y a deux ans du Dr Lemye, synthétise toutes les difficultés de la problématique. Le docteur Lemye a été remplacé à 70 ans par un confrère de 69 ans. On ne peut pas contester qu'il s'agisse de quelqu'un de plus jeune, mais pas vraiment d'un jeune. Ce qui n'arrange rien, le successeur n'ayant guère été impliqué dans les négociations, n'a pas les avantages censés procurés normalement par l'âge : l'expérience, la maîtrise des dossiers et la connaissance des interlocuteurs. Il présente ainsi le handicap reproché souvent aux trentenaires jusqu'à contraindre les vieux à rester sur le pont en attendant la relève.

Dans le cas cité, en plus, le docteur Lemye a transmis ses fonctions à mi-mandat dans un contexte peu exaltant qui transparaît dans son appel au moment de son retrait (jdM du 25 mars 2016) : "Il faudra aux médecins un leader, un jeune, qui veut se battre et pas seulement arracher une virgule à un accord qui ne fera que resserrer ses chaînes". Encore faut-il des candidats.

Héritiers ou avatars

Et le journal de relever que les jeunes pousses ne manquent pas et c'est vrai, mais "qu'il faudra attendre qu'elles mûrissent". Quand on parle de jeunes dans ce domaine, on vise des quadragénaires ou quinquagénaires, au faîte de leur carrière et de préférence faisant autorité dans leur secteur, cercle ou hôpital, et donc débordés. Certains ont d'ailleurs déjà eu l'occasion d'acquérir expérience et connaissances dans les dizaines de commissions et de conseils de l'Inami et de la Santé publique où il a fallu désigner des représentants des syndicats. Mais ils y ont aussi découvert le caractère chronophage de l'activité syndicale exercée en plus de leur exercice professionnel et empiétant sur leur vie privée, au moment où dans la profession médicale, qui dit jeune dit femme principalement et femme dit deuxième temps plein à la maison. Cet investissement des syndicalistes au profit de tous s'avère souvent une perte financière pour eux, voire la désaffection de leur clientèle, même si les subsides de l'Inami ont permis maintenant une certaine indemnisation. Ils vieillissent sous le harnais mais s'ils ne sont pas appelés aux affaires, ils disparaissent et leur expérience inutilement acquise répondra à sa définition de peigne pour les chauves.

Ce sont les dirigeants en place qui sélectionnent leurs successeurs. Ils les choisissent comme continuateurs, un peu comme des avatars assurant leur réincarnation. Mais, sans trahir les idées ni les valeurs, les héritiers spirituels peuvent trahir les espoirs mis en eux. La question qui se pose aux successeurs, c'est le maintien de l'adéquation entre la ligne politique et les valeurs du mouvement avec les attentes des militants.

Rajeunissement ou renouvellement ?

Le contexte et le rapport de forces ont changé. L'austérité est passée par là. C'est à ce changement difficile que les leaders doivent faire face. Et il faut une bonne raison pour qu'un jeune, entendons un ou une, quadragénaire qui a autre chose à faire, y sacrifie son temps sans gain personnel confronté plus souvent aux mécontentements et à la méfiance qu'à la reconnaissance. Avec cela, la gratuité de la fonction est un luxe supportable par un retraité, mais un fameux obstacle pour un professionnel qui n'a pas d'autre ressource que son métier et moins de confrères pour lui faciliter la vie que pour l'évincer. Il faut donc que les candidats ressentent le sentiment de remplir un rôle irremplaçable pour leur faire surmonter ces difficultés. Est-ce encore le cas ?

L'irénisme des représentants syndicaux face à la crise, peut décourager les jeunes, et même les administrateurs plus rassis également saisis par le PRAF (plus rien à faire) de l'époque, si les actions aboutissent fréquemment à des concessions en échange de promesses jamais tenues. Think tanks, SWOT deviennent des gros mots car interprétés comme des critiques gratuites si on suppose a priori qu'il n'y a plus de remise en question réaliste, alors que c'est le fondement de tout renouveau. La question se pose dès lors : faut-il un rajeunissement ou un renouvellement face à un bouleversement total avec des menaces et des opportunités nouvelles, un rapport de forces nouveau ?

C'est un fameux défi. Il s'avère bien difficile. Il va falloir repositionner la profession au moment où l'intelligence artificielle et la robotisation apparaissent en rivaux des praticiens, pour lesquels le Conseil économique et social Européen ne voit déjà plus de raison d'être que dans la relation avec le patient (de l'ordre de la psychothérapie ? - jdM du 03/10/17). Il faut donc trouver de nouveaux dirigeants pour une nouvelle profession.

L'exemple rappelé dans l'article, le départ il y a deux ans du Dr Lemye, synthétise toutes les difficultés de la problématique. Le docteur Lemye a été remplacé à 70 ans par un confrère de 69 ans. On ne peut pas contester qu'il s'agisse de quelqu'un de plus jeune, mais pas vraiment d'un jeune. Ce qui n'arrange rien, le successeur n'ayant guère été impliqué dans les négociations, n'a pas les avantages censés procurés normalement par l'âge : l'expérience, la maîtrise des dossiers et la connaissance des interlocuteurs. Il présente ainsi le handicap reproché souvent aux trentenaires jusqu'à contraindre les vieux à rester sur le pont en attendant la relève.Dans le cas cité, en plus, le docteur Lemye a transmis ses fonctions à mi-mandat dans un contexte peu exaltant qui transparaît dans son appel au moment de son retrait (jdM du 25 mars 2016) : "Il faudra aux médecins un leader, un jeune, qui veut se battre et pas seulement arracher une virgule à un accord qui ne fera que resserrer ses chaînes". Encore faut-il des candidats.Et le journal de relever que les jeunes pousses ne manquent pas et c'est vrai, mais "qu'il faudra attendre qu'elles mûrissent". Quand on parle de jeunes dans ce domaine, on vise des quadragénaires ou quinquagénaires, au faîte de leur carrière et de préférence faisant autorité dans leur secteur, cercle ou hôpital, et donc débordés. Certains ont d'ailleurs déjà eu l'occasion d'acquérir expérience et connaissances dans les dizaines de commissions et de conseils de l'Inami et de la Santé publique où il a fallu désigner des représentants des syndicats. Mais ils y ont aussi découvert le caractère chronophage de l'activité syndicale exercée en plus de leur exercice professionnel et empiétant sur leur vie privée, au moment où dans la profession médicale, qui dit jeune dit femme principalement et femme dit deuxième temps plein à la maison. Cet investissement des syndicalistes au profit de tous s'avère souvent une perte financière pour eux, voire la désaffection de leur clientèle, même si les subsides de l'Inami ont permis maintenant une certaine indemnisation. Ils vieillissent sous le harnais mais s'ils ne sont pas appelés aux affaires, ils disparaissent et leur expérience inutilement acquise répondra à sa définition de peigne pour les chauves. Ce sont les dirigeants en place qui sélectionnent leurs successeurs. Ils les choisissent comme continuateurs, un peu comme des avatars assurant leur réincarnation. Mais, sans trahir les idées ni les valeurs, les héritiers spirituels peuvent trahir les espoirs mis en eux. La question qui se pose aux successeurs, c'est le maintien de l'adéquation entre la ligne politique et les valeurs du mouvement avec les attentes des militants. Le contexte et le rapport de forces ont changé. L'austérité est passée par là. C'est à ce changement difficile que les leaders doivent faire face. Et il faut une bonne raison pour qu'un jeune, entendons un ou une, quadragénaire qui a autre chose à faire, y sacrifie son temps sans gain personnel confronté plus souvent aux mécontentements et à la méfiance qu'à la reconnaissance. Avec cela, la gratuité de la fonction est un luxe supportable par un retraité, mais un fameux obstacle pour un professionnel qui n'a pas d'autre ressource que son métier et moins de confrères pour lui faciliter la vie que pour l'évincer. Il faut donc que les candidats ressentent le sentiment de remplir un rôle irremplaçable pour leur faire surmonter ces difficultés. Est-ce encore le cas ? L'irénisme des représentants syndicaux face à la crise, peut décourager les jeunes, et même les administrateurs plus rassis également saisis par le PRAF (plus rien à faire) de l'époque, si les actions aboutissent fréquemment à des concessions en échange de promesses jamais tenues. Think tanks, SWOT deviennent des gros mots car interprétés comme des critiques gratuites si on suppose a priori qu'il n'y a plus de remise en question réaliste, alors que c'est le fondement de tout renouveau. La question se pose dès lors : faut-il un rajeunissement ou un renouvellement face à un bouleversement total avec des menaces et des opportunités nouvelles, un rapport de forces nouveau ? C'est un fameux défi. Il s'avère bien difficile. Il va falloir repositionner la profession au moment où l'intelligence artificielle et la robotisation apparaissent en rivaux des praticiens, pour lesquels le Conseil économique et social Européen ne voit déjà plus de raison d'être que dans la relation avec le patient (de l'ordre de la psychothérapie ? - jdM du 03/10/17). Il faut donc trouver de nouveaux dirigeants pour une nouvelle profession.