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Le Covid a poussé les patients obèses à consulter davantage les médecins. " Nous voyons des patients qui ont eu le Covid de manière assez sévère, en raison de leur obésité, et qui déclarent avoir vécu un traumatisme d'être hospitalisé, voire de se retrouver aux soins intensifs, avec comme seul facteur de risque leur obésité. Ils ont eu un déclic et décident de s'inscrire dans une prise en charge", commente le Dr Maxime Mairiaux. La Clinique de l'obésité et du surpoids de la Clinique Saint-Jean fonctionne de façon multidisciplinaire. "Il y a plusieurs portes d'entrée. Soit le patient consulte directement un chirurgien ou une nutritionniste, ou moins souvent une psychologue, soit il est référé par un service de l'hôpital. En fonction de la demande du patient, les prestataires s'échangent les dossiers et collaborent pour proposer la prise en charge la mieux adaptée. Elle peut être chirurgicale, nutritionnelle et psychologique", explique le chirurgien digestif.Maxime Mairiaux constate que les patients obèses ne sont pas souvent référés par des médecins généralistes. "La démarche est souvent personnelle. De nombreux patients viennent dans notre clinique via le bouche-à-oreille. Près de neuf patients sur dix qui consultent ont dans leur entourage des proches qui ont été opérés et qui les incitent à prendre un rendez-vous." Le spécialiste, qui a déjà participé à de nombreux glems sur la chirurgie de l'obésité, remarque que les généralistes sont parfois mis devant le fait accompli. " Ils apprennent par après que leur patient a été opéré. Ils n'ont pas été consultés. Le patient court-circuite souvent son généraliste", regrette le Dr Mairiaux. " Nous insistons toujours sur la place centrale du médecin généraliste parce qu'il connaît bien son patient et doit être impliqué dans la prise en charge pré et post-opératoire. Nous assurons le post-opératoire mais nous savons, par expérience, qu'à un moment le patient va se lasser de venir à la clinique. Au fil des années, nous espérons que le médecin généraliste puisse assurer le suivi. Nous n'avons pas encore trouvé la solution optimale pour collaborer au mieux avec le médecin traitant, mais c'est indispensable." Les patients qui recourent à la chirurgie bariatrique sont relativement jeunes. " Sur les 200 patients environ qui ont bénéficié d'une opération dans cette clinique pour cause d'obésité en 2021, 48 % avaient moins de 30 ans ", précise le Dr Mairiaux. " Le tabou se lève un peu par rapport à cette pratique chirurgicale. Par le passé, peut-être que certains médecins freinaient les demandes des patients en fonction de leur âge. Aujourd'hui, on estime plutôt qu'il faut prendre le problème à bras-le-corps avant que la santé du patient ne se dégrade. Inutile que le patient ait 40 ans, et 20 ans d'obésité, avant de franchir le pas. Les jeunes gens ont moins peur de venir nous consulter parce qu'ils estiment que la chirurgie est une bonne solution pour récupérer une meilleure santé lorsque la prévention médicale et l'aide nutritionnelle n'ont pas fonctionné. " Et de rappeler que nombreuses études ont démontré qu'une dizaine de cancers sont liés à l'obésité. " Il faut prévenir ces pathologies avant qu'il ne soit trop tard. On pense souvent que l'obésité est un problème lié au poids parce que c'est la seule chose que l'on remarque dans le miroir lorsqu'on est obèse et qu'on ne sait pas ce qui se passe à l'intérieur du corps. Lorsque nous initions des parcours de santé, nous diagnostiquons parfois d'importants problèmes de santé et de diabète qui auraient pu passer inaperçus durant un certain nombre d'années si le patient n'était pas venu nous consulter."Pour les BIM inférieur à 40, l'équipe de la Clinique de l'obésité et du surpoids - composée de trois chirurgiens, deux nutritionnistes, deux psychologues et plusieurs kinés - propose des suivis nutritionnel et psychologique et, de plus en plus, des traitements médicamenteux qui ont prouvé leur efficacité. " Ces médicaments ne fonctionnent jamais tout seul. Comme la chirurgie, ils doivent être accompagnés d'une restructuration alimentaire. Nous proposons aussi de la kiné aux patients. " Le Dr Maxime Mairiaux souligne que perdre du poids est difficile. " Lorsqu'un patient a un BMI supérieur à 35, maigrir est un vrai challenge. La compliance des patients est bonne, mais certains patients qui suivent durant des mois ou des années des programmes de restructuration alimentaire décident tout de même de se faire opérer parce que malgré leurs efforts ils ont encore trop de kilos à perdre."Le chirurgien digestif insiste sur la nécessité de bien informer les jeunes femmes en âge d'avoir des enfants sur les conséquences de la chirurgie bariatrique (lire également jdM N°2693 à ce sujet). " Il a une contre-indication à être enceinte durant la première année post-opératoire. Il vaut mieux attendre 18 à 24 mois pour initier une grossesse. Avec la nécessité, en fonction du type de chirurgie, de changer le moyen de contraception. Par exemple, la pilule contraceptive perd clairement de son efficacité après un bypass. La jeune femme concernée doit opter pour un patch ou un stérilet. Par ailleurs, perdre du poids avant d'initier une grossesse n'est que bénéfique pour la maman et le futur enfant. Le gynécologue doit aussi s'assurer que la patiente qui a bénéficié d'une chirurgie de l'obésité ne présente pas de carences avant sa grossesse. "