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Alors que le COVID-19 était jusqu'à présent principalement caractérisé par une atteinte pulmonaire qui a une grande influence sur le pronostic vital, il apparaît de plus en plus que la maladie et son issue sont également tributaires de l'état d'autres organes vitaux, entre autres les reins. Un constat que l'on peut dresser au vu des résultats d'une étude de cohorte prospective chinoise dans laquelle ont été inclus 701 patients (367 hommes et 334 femmes) atteints d'un COVID-19 confirmé, tous admis dans un centre hospitalier de la région de Wuhan. (1)Parmi ces patients dont l'âge médian est de 63 ans, 113 (16,1%) sont décédés au cours de leur hospitalisation. Lors de l'admission, une protéinurie a été constatée chez 43,9% des participants et une hématurie chez 26,7%.Une altération de la fonction rénale a été décelée chez 13 à 14% des patients, avec de très légères variations en fonction du critère biologique retenu : créatinine sérique élevée (14,4%), urée sanguine élevée (13,1%) et débit de filtration glomérulaire estimé inférieur à 60 ml/min/1,73m2 (13,1%). Au cours de l'hospitalisation, une IRA s'est produite dans 5,1% des cas.Une analyse des courbes de survie selon la méthode de Kaplan-Meier a démontré que les patients atteints d'une maladie rénale avaient un risque significativement plus élevé de décès à l'hôpital. La régression du risque proportionnel de Cox a confirmé une relation entre les altérations de la fonction rénale constatées à l'état basal et cette surmortalité hospitalière. Le hazard ratio (HR) fluctue là aussi selon le critère biologique choisi.Ainsi cette étude montre la haute prévalence de l'atteinte rénale dès l'admission chez les patients hospitalisés en raison d'un COVID-19. Elle permet aussi de constater que le développement de l'IRA pendant l'hospitalisation est élevé et est associé à la mortalité hospitalière. Par conséquent, selon les auteurs de ce travail, les cliniciens devraient accroître leur sensibilisation aux maladies rénales chez les patients atteints de COVID-19 sévère et il conviendrait de prendre en considération la fonction rénale dans le choix des stratégies thérapeutiques à venir.Soulignons encore qu'une autre équipe de recherche chinoise de Wuhan a constaté que le virus atteint directement le rein après avoir procédé à des autopsies sur 26 personnes décédées de COVID-19. Parmi ces personnes, neuf avaient des lésions rénales aiguës et sept des particules de coronavirus dans leurs reins. (2)"Dans de nombreux cas, des patients, qui n'ont jamais eu de maladie du rein avant, développent de graves lésions rénales et, en fonction de la gravité et de la durée de l'infection pendant leur combat contre le COVID-19, ils peuvent contracter une insuffisance rénale chronique," ajoute Brad Rovin, directeur du département de néphrologie à l'université d'État de l'Ohio (Etats-Unis). "De plus, les patients qui sont en grande insuffisance rénale sont des personnes particulièrement à risque face à cette pandémie."(références : (1) Kidney International, 19 mars 2020, doi : 10.1016/j.kint.2020.03.005,(2) Kidney International, 9 avril 2020, doi :10.1016/j.kint.2020.04.003)