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Au terme de ces Keynotes, nous pouvons être pleinement rassurés, le coeur des Belges est en de bonnes mains même si certaines améliorations doivent être envisagées surtout en terme de lutte contre certains facteurs de risque cardiovasculaires comme le taux de cholestérol toujours trop élevé et l'exercice physique nettement insuffisant. Eh oui, le Belge est (un peu) paresseux !Mis sur pied par l'ESC, The Atlas of Cardiology constitue un véritable audit des soins cardiologiques au sein de 56 pays membres de l'ESC dont les systèmes de Santé ont été passés au peigne fin via l'analyse de 350 variables quantitatives et qualitatives concernant d'une part les investissements, les infrastructures et l'accès aux soins cardiologiques et, d'autre part, les résultats des politiques actuelles en terme de lutte contre les facteurs de risque, la mortalité et la morbidité cardiaque. De multiples sources ont alimenté ce travail de Titans comme deux grandes enquêtes menées par l'ESC auprès de ses pays membres en 2014-15 et en 2017, le WHO et l'Institut for Health Metrics and Evaluation (via l'étude GBD (Global Burden of Disease)) pour la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaires ainsi que la mortalité et la morbidité sans oublier la Banque Mondiale pour le volet économique et les investissements. A terme, l'ESC compte tirer profit de cet instantané pour débusquer les carences des politiques actuelles de lutte contre la progression des affections cardiaques en Europe et conseiller des mesures adaptées pour mieux préserver le coeur des Européens. On connaissait l'Evidence Based Medicine pour guider, preuves scientifiques à la main, la prise en charge diagnostique et thérapeutique des maladies. Voici poindre à présent les nouvelles politiques de Santé guidées par les évidences issues de cet atlas.Mercator de cet atlas de la cardiologie européenne, le Dr Chris Gale a saisi l'occasion du congrès annuel de la BSC pour présenter et décortiquer les résultats de la Belgique. Commençons par un volet capital, la gestion des facteurs de risque et les chiffres de la mortalité cardiovasculaire.HTA: bonne gestion belge puisque 17,5% de nos concitoyens présentent des chiffres systoliques supérieurs aux cibles recommandées. Par comparaison, la moyenne européenne est de 24,75% et celle des pays européens à haut revenus (dont la Belgique) de 20,25%.Obésité: 22,1% de notre population présente un IMC supérieur à 30 vs 22,25% pour les pays à hauts revenus et 22,5% pour l'ensemble de l'Europe. Dans la bonne moyenne donc ce qui n'exclut pas un gros effort à fournir dans ce domaine.Taux de cholestérol: 21,6% des belges présentent des taux de cholestérol total au-delà des normes requises ce qui n'est le cas que pour 18,65% des européens à haut revenus et 15,35% de l'ensemble des européens. Un effort doit donc intervenir ici pour le dépistage et surtout la mise sous traitement et son intensification jusqu'à atteindre les cibles. Activité physique: autre mauvais point puisque 35,7% des Belges ont un seuil d'activité physique insuffisant vs 31% des européens et 31,8% des européens à hauts revenus.Bonnes nouvelles, par contre, pour ce qui concerne la mortalité cardiovasculaire avec 280 décès/100.000 habitants (vs 373/100.000 en Europe), la mortalité cardiovasculaire chez les moins de 65 ans avec 2864 décès annuels (vs 3005 en Europe) et surtout le handicap lié aux affections cardiaques puisqu'on observe une perte de 23.764 années à cause du handicap occasionné vs 47.500 pour la moyenne européenne et 26.193 pour les pays à hauts revenus. Au final un bon bulletin à améliorer en faisant bouger les Belges et en prêtant plus d'attention au contrôle des troubles lipidiques.On a beau critiquer notre politique de Santé et ses responsables successifs, force est cependant de constater que notre pays se positionne parmi les 15 pays européens qui investissent le plus par tête d'habitant pour les soins cardiologiques. La majorité de nos hôpitaux disposent des équipements les plus récents et offrent aux patients un large accès aux techniques chirurgicales et interventionnelles les plus pointues. Ainsi en est-il de l'angioplastie coronaire, de l'implantation de pacemakers, des procédures de prise en charge des troubles du rythme, de l'imagerie médicale diagnostique et interventionnelle et des dispositifs d'assistance ventriculaire mécanique, alternative à la transplantation, sans oublier les transplantations et les pontages coronariens. Par contre, trois domaines restent à améliorer surtout en terme d'expertise des équipes soignantes et de l'accès aux soins: la thérapie de resynchronisation ventriculaire, la chirurgie et les procédures interventionnelles pour le traitement des affections cardiaques congénitales ainsi que les TAVI pour lesquels nous sommes, certes, dans la bonne moyenne européenne mais, sur le plan belgo-belge, ces procédures visant le remplacement valvulaire sont moins disponibles et accessibles que d'autres procédures cardiaques. Cocorico pour finir! Avec 108 cardiologues/1 million d'habitants, la Belgique se place à la 12e place européenne, loin devant le Royaume-Uni (5 par million d'habitants). Mieux encore, avec 23 cardiologues interventionnels pour 1 million nous sommes 5e au classement. En de bonnes mains, on vous dit !