2019 a été une excellente année pour le CHU de Liège. " Les indicateurs d'activité sont extrêmement positifs ", se réjouit Julien Compère, administrateur délégué. " Les hospitalisations classiques ont augmenté pour atteindre 42.000 pour la première fois, idem pour les hospitalisations de jours (45.000). Il y a eu plus de 870.000 visites ambulatoires avec une augmentation de 3% entre 2018 et 2019. Seule la fréquentation des urgences a baissé, ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle en soi : de plus de 100.000 passages en 2018, nous sommes à 98.000. Cela prouve que notre patientèle continue à nous faire confiance. "

Une prime reportée

Ces bons chiffres se traduisent en 2019 par un bonus de plus de 9,2 millions d'euros, contre 2,9 millions en 2018. " Alors que nous avons garanti à notre Conseil médical une double dotation pour les années 2019 et 2020, ce qui représente 12 millions d'euros ", détaille l'administrateur délégué.

L'idée, grâce à ces bons résultats, était de dégager une enveloppe de 1,5 million d'euros pour donner des chèques cadeau d'un montant de 250 euros aux 6.159 membres du personnel. " Plusieurs raisons à cela. Premièrement, vu les bons résultats de 2019 et la crise de 2020, il nous semblait légitime de faire un geste auprès des membres du personnel. Deuxièmement, nous avons été extrêmement soutenus par la communauté pendant la crise. Nous avons reçu de multiples dons pour plus de 735.000 euros. Il y a également eu d'autres gestes de solidarité. Il nous semblait normal de rendre à la communauté ce qu'elle nous a apporté. "

Cette décision, qui semblait une formalité, a néanmoins été reportée par le Conseil d'administration quelques heures plus tard. Deux raisons ont principalement été mises en avant. D'une part, le côté uniforme de la prime proposée n'a pas été apprécié sachant que, durant la crise, tout le monde n'a pas été mobilisé de la même manière. D'autre part, le Conseil d'administration n'a pas approuvé le dispositif d'exonération fiscale. Le CA a invité Julien Compère à poursuivre la réflexion en vue de formuler une nouvelle proposition.

Les chiffres de la pandémie

Si la crise du Covid n'est pas terminée, une première page s'est tournée. " Nous n'avions que deux patients Covid ce matin dans nos murs (le 24 juin, ndlr), alors que nous avions 166 patients hospitalisés au plus haut du pic, le 8 avril dernier, dont 55 aux soins intensifs, alors que la capacité en temps normal est de 49 lits ", confirme Julien Compère.

La crise a débuté au CHU de Liège le 1er mars avec l'accueil d'un premier patient au sein de l'hôpital. S'en est suivi la transformation de l'unité de recherche en zone Covid spécifique, et la mise en place de villages Covid. " Entre le 1er mars et début juin, près de 5.000 patients ont fréquenté ces villages Covid. Un cinquième de ces patients a été hospitalisé. Et 188 patients ont fait l'objet d'une hospitalisation en soins intensifs ", détaille l'administrateur délégué. " Toute cette crise a été une mobilisation de notre personnel. Nous ne leur dirons jamais assez merci. Certains ont dû changer de métier pendant un temps. On ne crée pas des places supplémentaires en soins intensifs sans mobiliser des compétences supplémentaires. "

Le CHU a par ailleurs réalisé plus de 40.000 tests, dont environ 10% se sont avérés positifs. À noter que les charges virales ont fortement évolué depuis le début de la crise. Elles étaient très élevées au début, et sont aujourd'hui nettement plus faibles.

Quel impact sur le bilan financier 2020 ?

Julien Compère avance une perte aux alentours de 40 millions d'euros pour l'hôpital. " Cela s'explique par une perte du chiffre d'affaires. Pendant toute la période Covid, l'activité a été nettement moindre, ce qui entraîne une perte estimée aux alentours de 60 millions d'euros. "

Autre poste de dépense : le matériel, notamment les équipements de protection, pour deux millions d'euros. " On a assez parlé de la saga des masques. On a acheté des masques parfois à 25 fois le prix habituels pour notre personnel. Tout cela a eu un coût. Tout comme le matériel pour surveiller les patients, comme les saturomètres portables. "

Enfin, il faut considérer les non-dépenses, à hauteur de 11 millions d'euros. " Tout cela nous amène à un coût total pour la crise entre 45 et 50 millions d'euros. Comme on avait budgété un résultat de cinq millions d'euros, cela nous situe la perte entre 40 et 45 millions d'euros de déficit pour l'année 2020. "

Il faut désormais voir quelle sera l'attitude des autorités sur le déficit des hôpitaux. " Nous avons reçu une avance de 27 millions d'euros de la part des autorités, car le CHU représente 2,7% de la masse des hôpitaux généraux en Belgique. Si cette avance était considérée comme chiffre d'affaires, cela améliorerait significativement les choses. Ce n'est pas comme tel que c'est envisagé aujourd'hui. "

Cependant, l'Inami a également eu des non-dépenses pendant ces quatre mois de gestion de crise. " Il nous semblerait logique que cet argent revienne aux hôpitaux ", avance Julien Compère. " Selon nos estimations, les deux milliards avancés par l'Inami combleraient le déficit global des hôpitaux pendant la période Covid, qui s'élève peu ou prou à cette somme. "

Heureusement, la perte peut être absorbée par l'hôpital qui jouit d'une bonne santé financière. " L'hôpital fait bon an, mal an entre cinq et dix millions de bénéfices. Donc 40 millions de perte sur une année peut se rattraper entre quatre et huit ans. Cela sans préjuger de ce qui arrivera à l'automne. Cela part du principe que nous reprendrons l'activité à 100% à partir du 1er juillet. "

2019 a été une excellente année pour le CHU de Liège. " Les indicateurs d'activité sont extrêmement positifs ", se réjouit Julien Compère, administrateur délégué. " Les hospitalisations classiques ont augmenté pour atteindre 42.000 pour la première fois, idem pour les hospitalisations de jours (45.000). Il y a eu plus de 870.000 visites ambulatoires avec une augmentation de 3% entre 2018 et 2019. Seule la fréquentation des urgences a baissé, ce qui n'est pas une mauvaise nouvelle en soi : de plus de 100.000 passages en 2018, nous sommes à 98.000. Cela prouve que notre patientèle continue à nous faire confiance. " Ces bons chiffres se traduisent en 2019 par un bonus de plus de 9,2 millions d'euros, contre 2,9 millions en 2018. " Alors que nous avons garanti à notre Conseil médical une double dotation pour les années 2019 et 2020, ce qui représente 12 millions d'euros ", détaille l'administrateur délégué. L'idée, grâce à ces bons résultats, était de dégager une enveloppe de 1,5 million d'euros pour donner des chèques cadeau d'un montant de 250 euros aux 6.159 membres du personnel. " Plusieurs raisons à cela. Premièrement, vu les bons résultats de 2019 et la crise de 2020, il nous semblait légitime de faire un geste auprès des membres du personnel. Deuxièmement, nous avons été extrêmement soutenus par la communauté pendant la crise. Nous avons reçu de multiples dons pour plus de 735.000 euros. Il y a également eu d'autres gestes de solidarité. Il nous semblait normal de rendre à la communauté ce qu'elle nous a apporté. "Cette décision, qui semblait une formalité, a néanmoins été reportée par le Conseil d'administration quelques heures plus tard. Deux raisons ont principalement été mises en avant. D'une part, le côté uniforme de la prime proposée n'a pas été apprécié sachant que, durant la crise, tout le monde n'a pas été mobilisé de la même manière. D'autre part, le Conseil d'administration n'a pas approuvé le dispositif d'exonération fiscale. Le CA a invité Julien Compère à poursuivre la réflexion en vue de formuler une nouvelle proposition. Si la crise du Covid n'est pas terminée, une première page s'est tournée. " Nous n'avions que deux patients Covid ce matin dans nos murs (le 24 juin, ndlr), alors que nous avions 166 patients hospitalisés au plus haut du pic, le 8 avril dernier, dont 55 aux soins intensifs, alors que la capacité en temps normal est de 49 lits ", confirme Julien Compère. La crise a débuté au CHU de Liège le 1er mars avec l'accueil d'un premier patient au sein de l'hôpital. S'en est suivi la transformation de l'unité de recherche en zone Covid spécifique, et la mise en place de villages Covid. " Entre le 1er mars et début juin, près de 5.000 patients ont fréquenté ces villages Covid. Un cinquième de ces patients a été hospitalisé. Et 188 patients ont fait l'objet d'une hospitalisation en soins intensifs ", détaille l'administrateur délégué. " Toute cette crise a été une mobilisation de notre personnel. Nous ne leur dirons jamais assez merci. Certains ont dû changer de métier pendant un temps. On ne crée pas des places supplémentaires en soins intensifs sans mobiliser des compétences supplémentaires. "Le CHU a par ailleurs réalisé plus de 40.000 tests, dont environ 10% se sont avérés positifs. À noter que les charges virales ont fortement évolué depuis le début de la crise. Elles étaient très élevées au début, et sont aujourd'hui nettement plus faibles. Julien Compère avance une perte aux alentours de 40 millions d'euros pour l'hôpital. " Cela s'explique par une perte du chiffre d'affaires. Pendant toute la période Covid, l'activité a été nettement moindre, ce qui entraîne une perte estimée aux alentours de 60 millions d'euros. "Autre poste de dépense : le matériel, notamment les équipements de protection, pour deux millions d'euros. " On a assez parlé de la saga des masques. On a acheté des masques parfois à 25 fois le prix habituels pour notre personnel. Tout cela a eu un coût. Tout comme le matériel pour surveiller les patients, comme les saturomètres portables. "Enfin, il faut considérer les non-dépenses, à hauteur de 11 millions d'euros. " Tout cela nous amène à un coût total pour la crise entre 45 et 50 millions d'euros. Comme on avait budgété un résultat de cinq millions d'euros, cela nous situe la perte entre 40 et 45 millions d'euros de déficit pour l'année 2020. "Il faut désormais voir quelle sera l'attitude des autorités sur le déficit des hôpitaux. " Nous avons reçu une avance de 27 millions d'euros de la part des autorités, car le CHU représente 2,7% de la masse des hôpitaux généraux en Belgique. Si cette avance était considérée comme chiffre d'affaires, cela améliorerait significativement les choses. Ce n'est pas comme tel que c'est envisagé aujourd'hui. "Cependant, l'Inami a également eu des non-dépenses pendant ces quatre mois de gestion de crise. " Il nous semblerait logique que cet argent revienne aux hôpitaux ", avance Julien Compère. " Selon nos estimations, les deux milliards avancés par l'Inami combleraient le déficit global des hôpitaux pendant la période Covid, qui s'élève peu ou prou à cette somme. "Heureusement, la perte peut être absorbée par l'hôpital qui jouit d'une bonne santé financière. " L'hôpital fait bon an, mal an entre cinq et dix millions de bénéfices. Donc 40 millions de perte sur une année peut se rattraper entre quatre et huit ans. Cela sans préjuger de ce qui arrivera à l'automne. Cela part du principe que nous reprendrons l'activité à 100% à partir du 1er juillet. "