...

Et voilà que ses travaux viennent d'aboutir à une superbe découverte relayée par une des publications médicales majeures. En collaboration avec des chercheurs du National Institute of Health de Washington, le Pr Beckers et ses collègues liégeois ont trouvé une cause des plus grands gigantismes : la duplication du gène GPR 101. En réalité, le gigantisme est la conséquence d'un dysfonctionnement de l'hypophyse, une glande endocrine à la base du cerveau, qui régule les hormones et qui gère notamment le fonctionnement de la thyroïde et la croissance. Certaines personnes sont atteintes dès leurs premières années de vie d'une tumeur hypophysaire bénigne, aussi appelée adénome, sécrétant trop d'hormones de croissance, tandis que d'autres ont une hypophyse surdéveloppée. Elles deviennent avec l'âge les plus grands géants du monde, sachant qu'un individu est qualifié de géant à partir du moment où sa taille se situe au-delà du percentile 97, autrement dit moins de 3% de la population sont plus grands que lui. Une tumeur hypophysaire peut aussi apparaître vers 30 ou 40 ans chez un adulte, dont les os sont soudés et ne peuvent plus grandir et dont la taille ne peut plus augmenter. Elle est alors accompagnée de symptômes différents, comme une augmentation des mains et des pieds et une déformation du visage (modifications du nez, grosses lèvres, menton proéminent,...). Dans ce cas, on parle d'acromégalie. Les chercheurs ont procédé à une analyse clinique et génétique d'échantillons provenant de 43 géants, notamment une fillette de trois ans mesurant déjà 120 cm. Ils ont trouvé un même défaut : la duplication d'une partie plus ou moins longue du chromosome X. Au total, 11 gènes étaient dupliqués, un nombre que les auteurs de l'étude ont ramené à quatre, en se concentrant sur les plus jeunes géants. Enfin, ils ont observé que l'un des quatre gènes étaient sur-exprimé dans la tumeur de l'hypophyse. Il s'agit du GPR101, devenu le " suspect numéro un. " L'équipe a également passé au crible les tumeurs hypophysaires de 248 personnes souffrant d'acromégalie. Aucune ne présentait la duplication observée chez les patients géants... mais 11 d'entre elles possédaient une mutation sur GPR101. La particularité est que 100% des personnes touchées par la duplication du gène deviennent des géants. La recherche a également permis de démontrer que ce gène code un récepteur qui était inconnu jusqu'à présent. Ce récepteur semble tenir un rôle important dans la régulation de la croissance. Il serait à l'origine de la sécrétion extrême d'hormones de croissance chez les jeunes enfants atteints de gigantisme. La prochaine étape sera de comprendre comment on peut agir sur le gène GPR101, avec comme perspective la mise au point de nouveaux traitements du gigantisme mais aussi du nanisme chez certains enfants.