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Liège rénove ses infrastructures hospitalières. Plus d'un milliard d'euros ont été investis dans les trois grands groupes hospitaliers présents dans la ville princi-pautaire. Inévitablement, on songe à la Réforme du paysage hospitalier qui pointe tout doucement le bout de son nez. N'est-il pas complexe de rénover des structures, des services, lorsque l'on ne sait pas avec quel partenaire s'associer en vue de la formation des futurs réseaux ? Pour la première fois, la réponse est claire : " Sur Liège, cela avance. On se voit régulièrement ", avance Marie-Claire Lambert (PS), présidente du conseil d'administration du CHR. " Il y a des choses qui se dessinent de façon très claire sur la province de Liège. Ce n'est pas un grand secret, il y aura deux réseaux. Un réseau autour du CHC - un réseau pilier chrétien, et un réseau public. "" Nous avons bien entendu des contacts avec les autres directions hospitalières. Nous leur avons exposé notre plan d'action médical. Tout le processus de 'rénostruction' est fondé dessus et sur la prise en compte des futurs réseaux ", reprend le Dr Jean-Louis Pepin, directeur médical. " Le CHR se positionne dans le réseau comme un hôpital aigu avec une filière urgence extrêmement forte et un plateau technologique de haute qualité. "" Maintenant, sur 15 ans, il peut se passer plein de choses. Nous serons peutêtre amenés à revoir notre programmation dans le cadre de la formation des réseaux, des collaborations avec les autres institutions de soins ", tempère la présidente du CA. Reste que les pôles d'excellence du CHR seront évidemment utiles pour garantir à certains services leur pérennité. C'est surtout vrai pour les services tertiaires, à l'instar de la pédiatrie. " Nous sommes en discussion avec le CHU pour faire un seul service de pédiatrie universitaire dont l'essentiel resterait ici. Il y aurait éventuellement l'oncologie et l'hématologie au Sart-Tilman. "L'intercommunale aura 30 ans l'année prochaine. Il faut assurer la pérennité du bâtiment construit par le CPAS de Liège. " Aujourd'hui, il nous faut rénover et construire ", annonce Marie-Claire Lambert. " Nous avons déposé notre projet à la Région wallonne (qui a, par arrêté ministériel, prolongé le délai de l'appel à projets du plan quinquennal jusqu'au 23 août, ndlr). Le gouvernement demande un projet s'étalant au minimum sur cinq ans, mais qui s'inscrit à plus long terme. Ce pourquoi notre projet de rénovation et de construction s'étale sur 15 ans. "Le projet devrait être validé pour la fin de cette année, en octobre ou en novembre, pour être plus précis. Les investissements représentent 422 millions d'euros répartis sur les quinze ans. La subsidiation potentielle est de 386 millions. Sur le premier quinquennat, cela représente 125 millions d'euros de travaux subsidiés à hauteur de 97 millions.Ce projet architectural n'est pas là uniquement pour embellir l'hôpital, rappelle la présidente du CA. " C'est bien sûr agréable, mais le projet architectural sous-tend tout un projet médical général de l'hôpital, dans la mesure où il va permettre de répondre aux besoins actuels du patient et de sa famille, puisqu'il est clair que nous n'y répondons pas à 100 %, mais aussi aux besoins de notre personnel et de nos médecins. En termes de bien-être et de confort de travail. "" C'est la conjonction de la rénovation et de la construction que nous allons réaliser sur le site de la Citadelle ", explique Benoît Degotte, directeur du pôle achats. " On va associer la rénovation des surfaces présentes à l'ajout de nouvelles surfaces. Cette modernisation se base sur une refonte de l'organisation des soins. "L'hôpital ne pouvait pas rénover l'institution sans créer des surfaces. " C'est simple à comprendre : on doit maintenir l'activité sur le site, la continuité des services, des soins. Nous avons pour cela besoin de surfaces tampons. "Étant donné le fait que la Citadelle soit le seul hôpital urbain de proximité dans la ville de Liège, il n'y avait pas de volonté de construire ailleurs, comme ce fut le cas du Mont Légia par exemple. Le classement du site de la Citadelle empêche toutefois l'hôpital de faire " des gestes architecturaux sur les terrains voisins, sans compter les démarches administratives longues et coûteuses que celui induit ", détaille Benoït Degotte.Le projet présenté se limite donc au bâtiment de la Citadelle, sorti de terre en 1970. Ce # hashtag avant l'heure - qui n'est pas sans rappeler le nouveau Delta - va donc combler ses trous pour former un carré. " Sur 160.000 m2, nous allons construire 20.000 m2 de nouvelles surfaces. Les unités rénovées ces dernières années vont évidemment être préservées. "Pour le détail, trois nouvelles unités vont être construites sur le bâti existant. " Le permis de construire a déjà été obtenu. Les travaux de ces unités tampons nous permettrons de faire des opérations tiroirs. " C'est-à-dire de disposer de surfaces permettant d'organiser les futurs travaux sans trop empiéter sur la continuité du travail au sein de l'hôpital.L'hôpital de la Citadelle profite ensuite de sa forme en hashtag (ou de double H, c'est selon). Le laboratoire occupant déjà le coin avant-gauche, il restait sept trous à combler. C'est désormais chose faite, sur le papier. " Le projet que l'on dépose prévoit la construction de sept nouveaux bâtiments. " Les quatre coins de l'hôpital seront décorés de bâtiments de quatre étages, entre le -2 et le +1. " Il faut savoir que quand l'hôpital a été construit, les ingénieurs ont prévu de pouvoir construire jusqu'au niveau +1 sans devoir toucher aux fondations. Cela va nous faire économiser des coûts de construction, et des démarches urbanistiques. "" Une fois les quatre coins de la structure remplis, nous allons assurer les jonctions entre les ailes du bâtiment ", continue le directeur du pôle achats. " Cela nous permettra de disposer d'une zone vraiment carrée, complète, d'abattre les murs pour pouvoir ouvrir l'espace et le réaménager, en concordance avec le projet médical. "Enfin, dernière construction, au sein de la cour intérieur. " Nous avons une difficulté au sein de l'hôpital en termes de flux, de mobilité. On ne peut assurer la liaison nord-sud sur tous les étages. Ce qui occasionne des déplacements inappropriés. La construction d'une zone centrale servira à la fois à la liaison entre le nord et le sud, et au tertiaire, à savoir des bureaux médicaux et administratifs. "La rationalisation impose également à l'hôpital liégeois de rapatrier certaines activités sur son site principal. Ce sera le cas de la revalidation qui déménagera de Château Rouge, à Herstal, vers le centre de Liège. L'ancrage sur Herstal sera toutefois maintenu, puisque la construction d'une polyclinique est prévue sur le site de Château Rouge. Quant au site de Sainte-Rosalie, il s'affirmera en tant que centre ambulatoire et de jour et comprendra des polycliniques, la dentisterie et le centre de radiothérapie.Côté parking, le CHR devrait combler les attentes - nombreuses - des riverains en matière d'accessibilité. Il passera de 305 à 1.000 places. Le marché public est en cours, et les travaux devraient commencer rapidement." Nous avons l'ambition de proposer un projet médical global pour positionner le CHR de Liège comme un hôpital d'excellence et de haute technologie ", projette le Dr Claire Gazzotti, conseillère à la direction médicale. " La prise en charge des patients, par exemple, est en pleine mutation. Le virage ambulatoire et l'hospitalisation à domicile vont changer le modus operandi au sein de l'hôpital. "" Nous avons également un grand besoin de filières de soins cohérentes. Le service gériatrique, par exemple, est éparpillé entre le deuxième, le quatrième et le cinquième étage. Ce qui veut que les forces vives sont dispersées dans l'hôpital. Rassembler la filière gériatrique sur un seul plateau permettra une meilleure cohésion des unités de soins. "Pour le médecin, la rénovation des infrastructures permettra également de satisfaire les exigences de l'accréditation. " L'infrastructure va nous permettre de répondre en grande partie aux défis liés à la qualité et la sécurité des soins. Cela va permettre d'améliorer la réponse que l'on va pouvoir donner en termes d'infections, d'isolement. La proportion des chambres seules, par exemple, va être nettement augmentée par rapport à notre parc actuel pour atteindre 50 %. "Laurent Zanella