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Mais restons calmes : sortir de l'Union européenne est aussi compliqué que d'y entrer. Il faudra du temps pour parfaire le divorce. Entre-temps, les majorités changeront et pourraient freiner le processus. C'est le politique qui détient les clés puisqu'il s'agit d'une simple consultation populaire. Des partisans du Brexit affirment n'avoir pas voulu cela. Ils n'imaginaient pas gagner. Et une pétition, légèrement biaisée par des doublons, circule déjà pour repasser au vote. La chose étant dite, imaginons que nous soyons réellement amputés de la perfide Albion à moyen terme, quels changements pour la Belgique, sa sécu, ses soins de santé, sa médecine ?Pays marchand avant tout, le Royaume-Uni est considéré comme une nation libérale voire ultra-libérale en dépit d'un système quasi unique au monde de soins gratuits, le National Health Service. Il devrait être peu impacté par le Brexit, en tout cas au niveau libre circulation en raison du maintien de l'accès du RU au Marché unique. On estime donc que la commission européenne pourrait être plus "collectiviste" et moins libérale. Le Parlement européen n'entendra plus les logorrhées des eurosceptiques britanniques, dont Nigel Farage qui avait un jour comparé Herman Van Rompuy à une serpillière humide. L'Allemagne, épicentre politique de l'Union, fera peut-être évoluer son modèle rhénan d'ordo-libéralisme vers une sensibilité plus sociale-démocrate. A condition toutefois que l'Europe légifère davantage dans la santé. Rappelons que si l'Union européenne est si peu "sociale" c'est, notamment en raison de la peur originelle des Etats-membres dotés d'une forte sécurité sociale (France, Belgique...) de voir les droits sociaux détricotés par des Etats-membres moins protecteurs. Par ailleurs, le Royaume-Uni bénéficie d'un régime d'exceptions nombreuses pour pérenniser son modèle capitalistique. Son départ ne signifie donc pas forcément une révolution au sein des institutions européennes dans le sens de plus d'équité sociale. En revanche, les pertes économiques pour la Belgique ont déjà été chiffrées : nonobstant une série d'adaptations, ce sont plusieurs dizaines de milliers d'emplois perdus à cause du Brexit. Et autant de cotisations sociales. Toute autre chose étant égale ! Car le Premier ministre Michel propose déjà d'accueillir chez nous une partie des centaines d'entreprises basées au Royaume-Uni qui veulent se délocaliser sur le continent. Pari osé : et si le Brexit était une aubaine pour la Belgique ?