Le Covid-19 ne doit pas faire oublier que la tuberculose continue de toucher 10 millions d'individus et de tuer plus d'un million de personnes chaque année dans le monde, selon les chiffres de l'OMS. Qui reconnaît que la pandémie virale Covid-19 affecte la qualité des services essentiels aux tuberculeux, ce qui augmente leur stress.

" Environ 1.000 nouvelles personnes sont diagnostiquées de la tuberculose chaque année en Belgique (404 en RF, 340 en RBC et 224 en RW en 2019), ce qui correspond à une incidence de 8,5/100.000. Celle-ci est la plus basse jamais observée mais elle stagne pourtant depuis plusieurs années ; à ce rythme, il sera impossible d'atteindre l'objectif de l'OMS qui est d'éliminer la TBC en 2050 ", pointe le Fares.

Or comme le Covid-19, la tuberculose se transmettant par voie aérienne, " dès qu'un cas de tuberculose pulmonaire contagieuse est détecté, un " dépistage des contacts " est réalisé afin d'identifier les personnes ayant potentiellement été infectées par la maladie ; les personnes malades doivent également rester en isolement pendant la période de contagiosité ".

L'association constate cependant une baisse du nombre de cas entre 2020 et 2019 (-11% et même -19% en région bruxelloise), plus importante que la décroissance moyenne observée les années antérieures (-2%).

Témoignages

Mais cette performance cache vraisemblablement un sous-diagnostic dû à la crise sanitaire. Les patients tuberculeux hésitent à se présenter à l'hôpital par peur du Covid-19 mais aussi en raison des injonctions des hôpitaux. Un patient, dont la tuberculose a été diagnostiquée tardivement, témoigne : " J'ai traîné pour aller chez le médecin parce qu'on nous disait qu'il fallait les épargner ".

Par ailleurs, la focalisation du corps médical sur le Covid-19 peut aussi expliquer la baisse des cas recensés. " En effet, avant la crise, le diagnostic de cette maladie souvent oubliée s'avérait déjà difficile à établir en raison de la perte d'expertise du secteur médical pour le diagnostic et suivi de la tuberculose. S'ajoutent à cette difficulté préexistante de nouveaux obstacles qui ne font qu'aggraver la situation des patients tuberculeux depuis un an : difficulté d'accès aux soins (déjà limité en temps normal pour les personnes les plus vulnérables), annulation des consultations auprès des médecins spécialistes, indisponibilité de lits hospitaliers pour les patients atteints d'autres pathologies que le Covid-19, fermeture de certains services de diagnostic tels que les scanners et les radiographies. "

Le père d'un jeune garçon a ainsi bravé les conseils de son médecin de ne pas se rendre aux urgences de l'hôpital et constate, désappointé : " Le médecin des urgences m'a dit que si mon fils a de la fièvre, c'est qu'il s'agit du coronavirus, qu'ils ne feraient pas plus d'examens et qu'on devait rester chez nous... Il faut d'abord examiner la personne avant de dire que c'est le coronavirus (...) Faites des examens à mon fils, il souffre... ".

Un mois pour une radiographie

Comme tant d'autres patients, cet enfant n'a pas pu bénéficier des examens de diagnostic de la TBC dans un délai raisonnable, malgré la symptomatologie, estime le Fares. "Ce n'est que deux mois après sa première visite chez le médecin qu'il bénéficiera d'une radiographie montrant des lésions de tuberculose."

En outre, le confinement, bien qu'il diminue la transmission de la TBC, peut favoriser la contamination intra-familiale " et ainsi engendrer l'apparition de mini-épidémies de TBC au sein d'une même bulle ". Une infirmière d'un CPT s'inquiète ainsi : " Sur 10 ans de carrière au Fares, c'est la première fois que j'accompagne une famille dont les trois enfants âgés de 7 à 15 ans sont actuellement atteints de tuberculose pulmonaire. Ils étaient tout le temps ensemble pendant le confinement. "

Conclusion

"Il est trop tôt pour mesurer précisément l'impact de la crise sanitaire mais il est certain qu'elle a influencé l'épidémiologie de la tuberculose en 2020, que ce soit via des diagnostics retardés ou non-réalisés, une sous-déclaration, ou la modification des interactions sociales en raison des mesures gouvernementales. Un rebond de la tuberculose dans les prochaines années n'est pas à exclure et il s'agira de redoubler d'efforts pour reprendre la lente descente de l'épidémie afin d'atteindre, un jour, son élimination."

Le Covid-19 ne doit pas faire oublier que la tuberculose continue de toucher 10 millions d'individus et de tuer plus d'un million de personnes chaque année dans le monde, selon les chiffres de l'OMS. Qui reconnaît que la pandémie virale Covid-19 affecte la qualité des services essentiels aux tuberculeux, ce qui augmente leur stress." Environ 1.000 nouvelles personnes sont diagnostiquées de la tuberculose chaque année en Belgique (404 en RF, 340 en RBC et 224 en RW en 2019), ce qui correspond à une incidence de 8,5/100.000. Celle-ci est la plus basse jamais observée mais elle stagne pourtant depuis plusieurs années ; à ce rythme, il sera impossible d'atteindre l'objectif de l'OMS qui est d'éliminer la TBC en 2050 ", pointe le Fares.Or comme le Covid-19, la tuberculose se transmettant par voie aérienne, " dès qu'un cas de tuberculose pulmonaire contagieuse est détecté, un " dépistage des contacts " est réalisé afin d'identifier les personnes ayant potentiellement été infectées par la maladie ; les personnes malades doivent également rester en isolement pendant la période de contagiosité ".L'association constate cependant une baisse du nombre de cas entre 2020 et 2019 (-11% et même -19% en région bruxelloise), plus importante que la décroissance moyenne observée les années antérieures (-2%).Mais cette performance cache vraisemblablement un sous-diagnostic dû à la crise sanitaire. Les patients tuberculeux hésitent à se présenter à l'hôpital par peur du Covid-19 mais aussi en raison des injonctions des hôpitaux. Un patient, dont la tuberculose a été diagnostiquée tardivement, témoigne : " J'ai traîné pour aller chez le médecin parce qu'on nous disait qu'il fallait les épargner ".Par ailleurs, la focalisation du corps médical sur le Covid-19 peut aussi expliquer la baisse des cas recensés. " En effet, avant la crise, le diagnostic de cette maladie souvent oubliée s'avérait déjà difficile à établir en raison de la perte d'expertise du secteur médical pour le diagnostic et suivi de la tuberculose. S'ajoutent à cette difficulté préexistante de nouveaux obstacles qui ne font qu'aggraver la situation des patients tuberculeux depuis un an : difficulté d'accès aux soins (déjà limité en temps normal pour les personnes les plus vulnérables), annulation des consultations auprès des médecins spécialistes, indisponibilité de lits hospitaliers pour les patients atteints d'autres pathologies que le Covid-19, fermeture de certains services de diagnostic tels que les scanners et les radiographies. "Le père d'un jeune garçon a ainsi bravé les conseils de son médecin de ne pas se rendre aux urgences de l'hôpital et constate, désappointé : " Le médecin des urgences m'a dit que si mon fils a de la fièvre, c'est qu'il s'agit du coronavirus, qu'ils ne feraient pas plus d'examens et qu'on devait rester chez nous... Il faut d'abord examiner la personne avant de dire que c'est le coronavirus (...) Faites des examens à mon fils, il souffre... ".Comme tant d'autres patients, cet enfant n'a pas pu bénéficier des examens de diagnostic de la TBC dans un délai raisonnable, malgré la symptomatologie, estime le Fares. "Ce n'est que deux mois après sa première visite chez le médecin qu'il bénéficiera d'une radiographie montrant des lésions de tuberculose."En outre, le confinement, bien qu'il diminue la transmission de la TBC, peut favoriser la contamination intra-familiale " et ainsi engendrer l'apparition de mini-épidémies de TBC au sein d'une même bulle ". Une infirmière d'un CPT s'inquiète ainsi : " Sur 10 ans de carrière au Fares, c'est la première fois que j'accompagne une famille dont les trois enfants âgés de 7 à 15 ans sont actuellement atteints de tuberculose pulmonaire. Ils étaient tout le temps ensemble pendant le confinement. "