La protection de la grande majorité des personnes vaccinées contre les formes graves du Covid-19 est le critère principal qui a fait basculer le "baromètre" gouvernemental. Alors que les admissions à l'hôpital pour cause de Covid-19 sont effectivement en décroissance rapide, l'attention devrait maintenant se tourner vers celles et ceux qui malgré une triple voire une quadruple vaccination restent exposés au développement de formes graves en raison d'une faiblesse extrême de leur système immunitaire. Il s'agit entre autres de patients atteints d'immunodéficience congénitale, de patients greffés du rein, du coeur, du foie, des poumons ou de cellule souches, et de patients soignés pour certains cancers, notamment du sang, ou certaines maladies auto-immunes. Le fait qu'ils ne représentent qu'une petite fraction de la population totale ne peut justifier un manque de considération par les autorités de santé.

Ne sont pas sortis d'affaire les patients atteints d'immunodéficience congénitale, greffés du rein, du coeur, du foie, des poumons ou de cellule souches, et soignés pour certains cancers, notamment du sang, ou certaines maladies auto-immunes.

La plupart de ces patients vivent aujourd'hui confinés mais ne peuvent éviter de s'exposer à des risques de contamination, notamment lorsqu'ils doivent se rendre à l'hôpital. De facto, ils sont exclus de la vie sociale, et leur santé mentale en souffre indéniablement. En Belgique, les formes graves des personnes immunodéprimées sont souvent considérées comme une fatalité. En fait, leur situation est utilisée pour démontrer l'efficacité de la vaccination et inciter le reste de la population à se faire immuniser. De plus, certains scientifiques mettent l'accent sur le rôle possible des personnes immunodéprimées dans l'émergence de nouveaux variants. Les patients vivent très mal cette stigmatisation qui a été bien soulignée par le Conseil d'Orientation de la Stratégie Vaccinale en France.

Protéger les plus vulnérables

Si la Santé Publique nécessite de prendre des mesures drastiques lorsque la pandémie fait rage, il lui revient aussi de protéger ceux qui restent vulnérables lorsque les contraintes sont levées. Qu'en est-il aujourd'hui de la prise en charge des patients immunodéprimés en Belgique ? Le seul médicament disponible pour eux à l'heure où ces lignes sont écrites est le sotrovimab (Xevudy), un anticorps monoclonal dont l'action sur le variant Omicron n'est pas optimale. Sans aucun doute, la solution de choix est le Paxlovid, un médicament antiviral administré par voie orale dès le début des symptômes de la maladie. Alors qu'il a été approuvé par l'Agence européenne du Médicament et qu'il est déjà disponible en France, le Paxlovid est encore indisponible en Belgique. Lorsqu'il le sera, rien ne dit que les doses disponibles seront suffisantes En effet, la Belgique n'a commandé que 10.000 doses, contre 1 million en Allemagne et aux Pays-Bas, 500.000 en France, et 20.000 au Luxembourg dont la population est près de 20 fois moindre que celle de notre pays. Celle situation est incompréhensible tant pour les patients et leurs familles que les médecins qui en ont la charge. Leur frustration est d'autant plus grande qu'ils n'ont pas non plus accès à l'Evusheld, une combinaison d'anticorps monoclonaux développée pour protéger préventivement les patients immunodéprimés pendant plusieurs mois, leur rendant liberté et autonomie, même si certaines questions subsistent.

L'Evusheld est disponible en France depuis le mois de janvier... mais pas dans notre pays. Lorsque les nouveaux médicaments tant attendus -en particulier le Paxlovid- deviendront disponibles, leur utilisation judicieuse nécessitera de prendre en compte la situation individuelle de chaque patient dont seul son médecin traitant a la connaissance. Le temps est donc venu de redonner aux médecins en charge des patients immunodéprimés un rôle central dans les choix thérapeutiques.

Les patients immunodéprimés restent les oubliés de la pandémie alors qu'ils devraient aujourd'hui faire l'objet de la plus grande attention. Les appels à la solidarité à leur égard sont rares. Puisse cette Carte Blanche réveiller les consciences.

Les patients immunodéprimés restent les oubliés de la pandémie alors qu'ils devraient aujourd'hui faire l'objet de la plus grande attention.

LES 35 SIGNATAIRES

Michel Goldman, Président de l'Institut pour l'Innovation Interdisciplinaire en Santé, ULB

Alain Le Moine, Chef du service de néphrologie, dialyse et transplantation, Hôpital Erasme, ULB

Yves Beguin, Chef du service d'hématologie, Président de l'Institut de Cancérologie, CHU de Liège, Uliège

Ahmad Awada, Chef du service de médecin oncologique, Institut Bordet, ULB

Catherine Bonvoisin, Néphrologie et transplantation, CHU de Liège, ULiège

Dominique Bron, Professeur émérite en hématologie, ULB, Membre du Comité Consultatif National de Bioéthique

Georges Casimir, Directeur de la recherche à l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULB, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Médecine de Belgique

Didier Cataldo, Service de pneumologie-allergologie, CHU Liège, ULiège, Président de la Belgian Respiratory Society,

Stefan Constantinescu, Professeur ordinaire à l'UCLouvain, Président de l'Académie Royale de Médecine de Belgique

Elie Cogan, Professeur émérite de médecine interne et ancien doyen de la faculté de médecine, ULB

Jean-Marc Desmet, Président des néphrologues francophones de Belgique, Néphrologue au CHU-Vésale de Charleroi,

Christine Devalck, Chef de la clinique d'hémato-oncologie à Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULB

Virginie De Wilde, Directrice du service d'hématologie, Hôpital Erasme, ULB

Arnaud Devresse, Néphrologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Alina Ferster, Hémato-oncologie pédiatrique et transplantation. Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULB

Jean-Christophe Goffard, Directeur du service de médecine interne, Hôpital Erasme, ULB

Eric Goffin, Chef de clinique, néphrologie, dialyse et transplantation, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Filomeen Haerynck, Immunologie pédiatrique, UZ Gent, UGent

Michel Jadoul, Chef du service de néphrologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

François Jouret, Chef du service de néphrologie, CHUde Liège, ULiège

Nada Kanaan, Néphrologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Tessa Kerre, Chef de clinique, hématologie, UZGent, Ugent

Christiane Knoop, Chef de la clinique de transplantation pulmonaire, Hôpital Erasme, ULB

Bart Lambrecht, Professeur de médecine pulmonaire, UGent, Président de la Société Belge d'Immunologie

Jean-Pascal Machiels, Chef du service d'oncologie médicale et Président de l'Institut de cancérologie et d'hématologie Roi Albert II, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain.

Isabelle Meyts, Unité des immunodéficiences primaires, UZ Leuven, KULeuven

Nathalie Meuleman, Chef du service d'hématologie, Institut Bordet, ULB

Michel Mourad, Chef de l'unité de transplantation rénale et pancréatique des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Michel Moutschen, Chef du service des maladies infectieuses-médecine interne, CHU de Liège, ULiège

Yves Pirson, Professeur émérite, UCLouvain

Xavier Poiré, Chef de l'Unité de greffe de moelle et de cellules souches, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Sophie Servais, Hématologie clinique, CHU de Liège, ULiège

Etienne Sokal, Service de Gastroentérologie et hépatologie pédiatrique des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Xavier Stéphenne, Service de Gastroentérologie et hépatologie pédiatrique des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain

Laurent Weekers, Néphrologie-transplantation, CHU de Liège, ULiège

Karl Martin Wissing, Chef du département de néphrologie de l'Universitair Ziekenhuis Brussel, VUB, Président de la Société Belge de Transplantation

La protection de la grande majorité des personnes vaccinées contre les formes graves du Covid-19 est le critère principal qui a fait basculer le "baromètre" gouvernemental. Alors que les admissions à l'hôpital pour cause de Covid-19 sont effectivement en décroissance rapide, l'attention devrait maintenant se tourner vers celles et ceux qui malgré une triple voire une quadruple vaccination restent exposés au développement de formes graves en raison d'une faiblesse extrême de leur système immunitaire. Il s'agit entre autres de patients atteints d'immunodéficience congénitale, de patients greffés du rein, du coeur, du foie, des poumons ou de cellule souches, et de patients soignés pour certains cancers, notamment du sang, ou certaines maladies auto-immunes. Le fait qu'ils ne représentent qu'une petite fraction de la population totale ne peut justifier un manque de considération par les autorités de santé.La plupart de ces patients vivent aujourd'hui confinés mais ne peuvent éviter de s'exposer à des risques de contamination, notamment lorsqu'ils doivent se rendre à l'hôpital. De facto, ils sont exclus de la vie sociale, et leur santé mentale en souffre indéniablement. En Belgique, les formes graves des personnes immunodéprimées sont souvent considérées comme une fatalité. En fait, leur situation est utilisée pour démontrer l'efficacité de la vaccination et inciter le reste de la population à se faire immuniser. De plus, certains scientifiques mettent l'accent sur le rôle possible des personnes immunodéprimées dans l'émergence de nouveaux variants. Les patients vivent très mal cette stigmatisation qui a été bien soulignée par le Conseil d'Orientation de la Stratégie Vaccinale en France.Si la Santé Publique nécessite de prendre des mesures drastiques lorsque la pandémie fait rage, il lui revient aussi de protéger ceux qui restent vulnérables lorsque les contraintes sont levées. Qu'en est-il aujourd'hui de la prise en charge des patients immunodéprimés en Belgique ? Le seul médicament disponible pour eux à l'heure où ces lignes sont écrites est le sotrovimab (Xevudy), un anticorps monoclonal dont l'action sur le variant Omicron n'est pas optimale. Sans aucun doute, la solution de choix est le Paxlovid, un médicament antiviral administré par voie orale dès le début des symptômes de la maladie. Alors qu'il a été approuvé par l'Agence européenne du Médicament et qu'il est déjà disponible en France, le Paxlovid est encore indisponible en Belgique. Lorsqu'il le sera, rien ne dit que les doses disponibles seront suffisantes En effet, la Belgique n'a commandé que 10.000 doses, contre 1 million en Allemagne et aux Pays-Bas, 500.000 en France, et 20.000 au Luxembourg dont la population est près de 20 fois moindre que celle de notre pays. Celle situation est incompréhensible tant pour les patients et leurs familles que les médecins qui en ont la charge. Leur frustration est d'autant plus grande qu'ils n'ont pas non plus accès à l'Evusheld, une combinaison d'anticorps monoclonaux développée pour protéger préventivement les patients immunodéprimés pendant plusieurs mois, leur rendant liberté et autonomie, même si certaines questions subsistent.L'Evusheld est disponible en France depuis le mois de janvier... mais pas dans notre pays. Lorsque les nouveaux médicaments tant attendus -en particulier le Paxlovid- deviendront disponibles, leur utilisation judicieuse nécessitera de prendre en compte la situation individuelle de chaque patient dont seul son médecin traitant a la connaissance. Le temps est donc venu de redonner aux médecins en charge des patients immunodéprimés un rôle central dans les choix thérapeutiques.Les patients immunodéprimés restent les oubliés de la pandémie alors qu'ils devraient aujourd'hui faire l'objet de la plus grande attention. Les appels à la solidarité à leur égard sont rares. Puisse cette Carte Blanche réveiller les consciences.Les patients immunodéprimés restent les oubliés de la pandémie alors qu'ils devraient aujourd'hui faire l'objet de la plus grande attention.LES 35 SIGNATAIRESMichel Goldman, Président de l'Institut pour l'Innovation Interdisciplinaire en Santé, ULBAlain Le Moine, Chef du service de néphrologie, dialyse et transplantation, Hôpital Erasme, ULBYves Beguin, Chef du service d'hématologie, Président de l'Institut de Cancérologie, CHU de Liège, UliègeAhmad Awada, Chef du service de médecin oncologique, Institut Bordet, ULBCatherine Bonvoisin, Néphrologie et transplantation, CHU de Liège, ULiègeDominique Bron, Professeur émérite en hématologie, ULB, Membre du Comité Consultatif National de BioéthiqueGeorges Casimir, Directeur de la recherche à l'Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULB, Secrétaire perpétuel de l'Académie Royale de Médecine de BelgiqueDidier Cataldo, Service de pneumologie-allergologie, CHU Liège, ULiège, Président de la Belgian Respiratory Society, Stefan Constantinescu, Professeur ordinaire à l'UCLouvain, Président de l'Académie Royale de Médecine de BelgiqueElie Cogan, Professeur émérite de médecine interne et ancien doyen de la faculté de médecine, ULBJean-Marc Desmet, Président des néphrologues francophones de Belgique, Néphrologue au CHU-Vésale de Charleroi, Christine Devalck, Chef de la clinique d'hémato-oncologie à Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULBVirginie De Wilde, Directrice du service d'hématologie, Hôpital Erasme, ULBArnaud Devresse, Néphrologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainAlina Ferster, Hémato-oncologie pédiatrique et transplantation. Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola, ULBJean-Christophe Goffard, Directeur du service de médecine interne, Hôpital Erasme, ULBEric Goffin, Chef de clinique, néphrologie, dialyse et transplantation, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainFilomeen Haerynck, Immunologie pédiatrique, UZ Gent, UGentMichel Jadoul, Chef du service de néphrologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainFrançois Jouret, Chef du service de néphrologie, CHUde Liège, ULiègeNada Kanaan, Néphrologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainTessa Kerre, Chef de clinique, hématologie, UZGent, UgentChristiane Knoop, Chef de la clinique de transplantation pulmonaire, Hôpital Erasme, ULBBart Lambrecht, Professeur de médecine pulmonaire, UGent, Président de la Société Belge d'ImmunologieJean-Pascal Machiels, Chef du service d'oncologie médicale et Président de l'Institut de cancérologie et d'hématologie Roi Albert II, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvain.Isabelle Meyts, Unité des immunodéficiences primaires, UZ Leuven, KULeuvenNathalie Meuleman, Chef du service d'hématologie, Institut Bordet, ULBMichel Mourad, Chef de l'unité de transplantation rénale et pancréatique des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainMichel Moutschen, Chef du service des maladies infectieuses-médecine interne, CHU de Liège, ULiègeYves Pirson, Professeur émérite, UCLouvainXavier Poiré, Chef de l'Unité de greffe de moelle et de cellules souches, Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainSophie Servais, Hématologie clinique, CHU de Liège, ULiègeEtienne Sokal, Service de Gastroentérologie et hépatologie pédiatrique des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainXavier Stéphenne, Service de Gastroentérologie et hépatologie pédiatrique des Cliniques universitaires Saint-Luc, UCLouvainLaurent Weekers, Néphrologie-transplantation, CHU de Liège, ULiègeKarl Martin Wissing, Chef du département de néphrologie de l'Universitair Ziekenhuis Brussel, VUB, Président de la Société Belge de Transplantation