Confronté aux critiques populaires grandissantes des dérives d'un capitalisme sacrifiant valeurs sociales, climatiques et humaines au profit d'un enrichissement disproportionné des actionnaires et dirigeants d'entreprises, le WEF a invité ses participants à débattre du rôle actif que doit jouer le monde de l'entreprise dans la réalisation d'objectifs environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance.

Transiter d'un " capitalisme d'actionnaires " vers un " capitalisme de parties prenantes ", en y intégrant les principaux piliers de l'entreprenariat social, en est la philosophie.

Reste à savoir si cet objectif est jugé comme réaliste et suffisant par des gouvernements partagés entre l'idée de sacrifier encore un peu plus de leur souveraineté au profit des entreprises et le besoin de répondre efficacement à des aspirations citoyennes justifiées en se fondant sur elles. A la sortie de Davos, les réactions étaient mitigées.

Aussi, si les enjeux climatiques ont occupé le devant de la scène, l'accès aux soins de santé et la santé du futur y ont également fait l'objet d'importants débats.

Quelle plus-value prétend apporter le monde industriel et financier à des systèmes de soins de santé dont la durabilité est mise à rude épreuve alors que le marché de la santé brasse, chaque année, plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Aujourd'hui, une partie non négligeable des entreprises cotées au S&P 500 -indice constituant une référence de base pour tout investisseur et professionnel de la finance- sont d'ores et déjà activement impliquées dans le secteur de la santé.

A côté des catégories bien identifiées regroupant notamment la biotech, les nouvelles technologies de la santé, le life-science, le pharma, les équipements médicaux, s'ajoutent une série de nouveaux acteurs, plus inattendus, issus de la grande distribution, de l'agro-alimentaire, de l'immobilier ou encore des transports.

Toutes ces entreprises déclinent leur stratégie santé autour de la question de durabilité, avançant notamment les avantages d'une approche plus préventive, d'une autonomisation citoyenne, d'un rapport qualité-prix supérieur à certains professionnels de la santé pour des missions qui pourraient leur être directement déléguées ou encore l'accompagnement citoyen beaucoup plus globale et dans le temps.

Leurs messages sont incontestablement convaincants, du moins s'ils dépassent le simple argument de vente.

Preuve scientifique, risque entrepreneurial ou simple effet marketing ?

Pour convaincre les citoyens et les investisseurs d'un réel changement de valeurs de l'entreprenariat capitalistique classique, un premier pas serait déjà de normer, à l'international, la notion d'investissement durable et de l'ouvrir aux soins de santé.

A l'heure actuelle, les seules normes existantes relèvent de lignes directrices générales (ESG practices) et de quelques rares labels de qualité dont, très récemment, le label belge " towards sustainability ", développé par la Febelfin.

Sur base des principes et critères y repris, banquiers et gestionnaires de fonds restent relativement libres de qualifier leurs fonds d'investissements de durables et de les présenter comme tels aux investisseurs et épargnants.

Ces pratiques rendent malheureusement les offres difficilement lisibles et comparables et elles génèrent une méfiance grandissante du citoyen quant aux intentions sous-jacentes des entrepreneurs.

Les investissements durables et l'entreprenariat social sont-ils réellement dictés par l'intérêt collectif autant que par le rendement actionnaires ?

La question est particulièrement sensible dans le secteur des soins de santé, dont la qualification en investissement durable n'a jamais été réellement confirmée, malgré l'enjeu social majeur qu'ils représentent.

En réalité, le secteur de la santé challenge la notion de durabilité par son éducation "evidence based ".

La science a ses méthodes et il ne suffit pas de quelques affirmations marketing persuasives ou de critères de qualité attachés à un risque entrepreneurial mesuré, pour convaincre le monde médical de reconnaître à l'entreprise sa place sur l'échiquier des soins.

Il s'agit encore moins de lui conférer un rôle majeur dans des processus de prise en charge, par peur exprimée d'une marchandisation de la santé aux dépens du citoyen.

La plupart des soignants considèrent ainsi que la santé n'a rien de durable pour l'entrepreneur qui ne répond que rarement à la rigueur scientifique voulue et qui cherche, avant tout, l'enrichissement de son entreprise et de ses actionnaires, en minimisant délais et coûts élevés que requiert normalement la science.

La santé connectée comme exemple

La santé connectée est l'illustration parfaite d'une opposition d'approches pour laquelle les gouvernements actuels tranchent clairement en faveur des avantages, raisonnablement prévisibles, d'un monitoring santé au quotidien.

Aucune étude scientifique digne de ce nom ne prouve pourtant les effets bénéfiques d'une généralisation des dispositifs connectés sur la santé publique, ce qui n'empêchent pas les régulateurs ni les organismes assureurs d'en promouvoir les avantages sinon d'en organiser d'ores et déjà le remboursement.

Un premier critère qui permettrait d'ouvrir la qualification d'une entreprise comme relevant d'un investissement durable en soins de santé, ne serait-il pas simplement cette reconnaissance implicite du régulateur?

Si ce critère ne peut, bien entendu, se suffire à lui-même, il constituerait en tout cas une bonne référence permettant d'étendre la notion de durabilité, au-delà des classiques critères d'absence d'activités néfastes pour l'environnement ou contrevenants gravement à l'intégrité et à la dignité humaine, à la santé.

Concilier intérêts des investisseurs et santé publique à travers de fonds d'investissement durables

Conserver un accès équitable à des soins de santé de qualité constitue une préoccupation citoyenne majeure.

Aujourd'hui tous les experts en santé publique s'accordent pourtant pour dire que les moyens manquent alors que les coûts resteront exponentiels en raison des enjeux démographiques et de l'innovation galopante.

Il est, par conséquent, vital que le secteur puisse bénéficier de toute aide utile qui permettrait d'améliorer la prise en charge, y compris avant l'apparition de la pathologie, de trouver de nouvelles sources de revenus et d'impliquer plus activement le citoyen en l'incitant à un comportement et une consommation plus responsable.

Permettre à une entreprise d'afficher un label de durabilité axé sur la santé, en posant certaines exigences minimales liées aux investissements, à la mise à disposition de données ou à la prise en charge d'études scientifiques confirmatives des produits ou services livrés, favoriserait incontestablement son implication active dans le secteur, au bénéfice de toutes les parties prenantes.

Se faisant, une réponse partielle serait apportée à la question maîtresse de la conférence de Davos2020, une écosystème santé des parties prenantes est-elle politiquement vendable ?

Une dynamique de responsabilisation partagée qui n'est pas sans rappeler celle qui anime la lutte contre le réchauffement climatique, à l'origine même de la notion de durabilité.

Confronté aux critiques populaires grandissantes des dérives d'un capitalisme sacrifiant valeurs sociales, climatiques et humaines au profit d'un enrichissement disproportionné des actionnaires et dirigeants d'entreprises, le WEF a invité ses participants à débattre du rôle actif que doit jouer le monde de l'entreprise dans la réalisation d'objectifs environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance.Transiter d'un " capitalisme d'actionnaires " vers un " capitalisme de parties prenantes ", en y intégrant les principaux piliers de l'entreprenariat social, en est la philosophie.Reste à savoir si cet objectif est jugé comme réaliste et suffisant par des gouvernements partagés entre l'idée de sacrifier encore un peu plus de leur souveraineté au profit des entreprises et le besoin de répondre efficacement à des aspirations citoyennes justifiées en se fondant sur elles. A la sortie de Davos, les réactions étaient mitigées.Aussi, si les enjeux climatiques ont occupé le devant de la scène, l'accès aux soins de santé et la santé du futur y ont également fait l'objet d'importants débats.Quelle plus-value prétend apporter le monde industriel et financier à des systèmes de soins de santé dont la durabilité est mise à rude épreuve alors que le marché de la santé brasse, chaque année, plusieurs dizaines de milliards de dollars.Aujourd'hui, une partie non négligeable des entreprises cotées au S&P 500 -indice constituant une référence de base pour tout investisseur et professionnel de la finance- sont d'ores et déjà activement impliquées dans le secteur de la santé.A côté des catégories bien identifiées regroupant notamment la biotech, les nouvelles technologies de la santé, le life-science, le pharma, les équipements médicaux, s'ajoutent une série de nouveaux acteurs, plus inattendus, issus de la grande distribution, de l'agro-alimentaire, de l'immobilier ou encore des transports.Toutes ces entreprises déclinent leur stratégie santé autour de la question de durabilité, avançant notamment les avantages d'une approche plus préventive, d'une autonomisation citoyenne, d'un rapport qualité-prix supérieur à certains professionnels de la santé pour des missions qui pourraient leur être directement déléguées ou encore l'accompagnement citoyen beaucoup plus globale et dans le temps.Leurs messages sont incontestablement convaincants, du moins s'ils dépassent le simple argument de vente.Pour convaincre les citoyens et les investisseurs d'un réel changement de valeurs de l'entreprenariat capitalistique classique, un premier pas serait déjà de normer, à l'international, la notion d'investissement durable et de l'ouvrir aux soins de santé.A l'heure actuelle, les seules normes existantes relèvent de lignes directrices générales (ESG practices) et de quelques rares labels de qualité dont, très récemment, le label belge " towards sustainability ", développé par la Febelfin.Sur base des principes et critères y repris, banquiers et gestionnaires de fonds restent relativement libres de qualifier leurs fonds d'investissements de durables et de les présenter comme tels aux investisseurs et épargnants.Ces pratiques rendent malheureusement les offres difficilement lisibles et comparables et elles génèrent une méfiance grandissante du citoyen quant aux intentions sous-jacentes des entrepreneurs.Les investissements durables et l'entreprenariat social sont-ils réellement dictés par l'intérêt collectif autant que par le rendement actionnaires ?La question est particulièrement sensible dans le secteur des soins de santé, dont la qualification en investissement durable n'a jamais été réellement confirmée, malgré l'enjeu social majeur qu'ils représentent.En réalité, le secteur de la santé challenge la notion de durabilité par son éducation "evidence based ".La science a ses méthodes et il ne suffit pas de quelques affirmations marketing persuasives ou de critères de qualité attachés à un risque entrepreneurial mesuré, pour convaincre le monde médical de reconnaître à l'entreprise sa place sur l'échiquier des soins.Il s'agit encore moins de lui conférer un rôle majeur dans des processus de prise en charge, par peur exprimée d'une marchandisation de la santé aux dépens du citoyen.La plupart des soignants considèrent ainsi que la santé n'a rien de durable pour l'entrepreneur qui ne répond que rarement à la rigueur scientifique voulue et qui cherche, avant tout, l'enrichissement de son entreprise et de ses actionnaires, en minimisant délais et coûts élevés que requiert normalement la science.La santé connectée est l'illustration parfaite d'une opposition d'approches pour laquelle les gouvernements actuels tranchent clairement en faveur des avantages, raisonnablement prévisibles, d'un monitoring santé au quotidien.Aucune étude scientifique digne de ce nom ne prouve pourtant les effets bénéfiques d'une généralisation des dispositifs connectés sur la santé publique, ce qui n'empêchent pas les régulateurs ni les organismes assureurs d'en promouvoir les avantages sinon d'en organiser d'ores et déjà le remboursement.Un premier critère qui permettrait d'ouvrir la qualification d'une entreprise comme relevant d'un investissement durable en soins de santé, ne serait-il pas simplement cette reconnaissance implicite du régulateur?Si ce critère ne peut, bien entendu, se suffire à lui-même, il constituerait en tout cas une bonne référence permettant d'étendre la notion de durabilité, au-delà des classiques critères d'absence d'activités néfastes pour l'environnement ou contrevenants gravement à l'intégrité et à la dignité humaine, à la santé. Conserver un accès équitable à des soins de santé de qualité constitue une préoccupation citoyenne majeure.Aujourd'hui tous les experts en santé publique s'accordent pourtant pour dire que les moyens manquent alors que les coûts resteront exponentiels en raison des enjeux démographiques et de l'innovation galopante.Il est, par conséquent, vital que le secteur puisse bénéficier de toute aide utile qui permettrait d'améliorer la prise en charge, y compris avant l'apparition de la pathologie, de trouver de nouvelles sources de revenus et d'impliquer plus activement le citoyen en l'incitant à un comportement et une consommation plus responsable.Permettre à une entreprise d'afficher un label de durabilité axé sur la santé, en posant certaines exigences minimales liées aux investissements, à la mise à disposition de données ou à la prise en charge d'études scientifiques confirmatives des produits ou services livrés, favoriserait incontestablement son implication active dans le secteur, au bénéfice de toutes les parties prenantes.Se faisant, une réponse partielle serait apportée à la question maîtresse de la conférence de Davos2020, une écosystème santé des parties prenantes est-elle politiquement vendable ?Une dynamique de responsabilisation partagée qui n'est pas sans rappeler celle qui anime la lutte contre le réchauffement climatique, à l'origine même de la notion de durabilité.