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L'ONG Hôpital Sans Frontière est née en 1992, à l'initiative d'un privé, Claude Simon, explique Michel Meunier. " A l'époque, celui-ci apprend par Bernard Kouchner que certaines régions manquent de soutien après le départ de Médecins sans frontière, qui laisse derrière elle des personnes correctement formées, mais pas de matériel. C'est ainsi que HSF est née. "" Après 25 ans d'activité, nous nous sommes spécialisés dans la récupération de matériel médical hospitalier et autre ", poursuit Dr Meunier. "Nous nous chargeons de l'enlèvement, éventuellement de l'entretien et des réparations, mais aussi du stockage. Le matériel part ensuite pour l'Afrique, l'Amérique du Sud, l'Asie, etc., mais pas à nos frais. Les frais d'envoi sont assumés par les autres partenaires de nos projets, principalement des ONG et des privés. "Le matériel collecté ici se retrouve généralement dans des hôpitaux et des centres de santé africains, intervient le docteur Pol Blondiau (71 ans). Urologue à l'hôpital d'Ath (dans le Hainaut), notre homme a déjà de nombreuses missions pour HSF à son actif. "De nombreux chantiers poussent chaque jour en Afrique, mais ne se terminent pas. C'est ainsi que je me suis retrouvé impliqué dans les prémices d'un centre de radiologie au Bénin. Et bien, ce bâtiment n'est toujours pas terminé. L'Afrique est mal équipée et le matériel tombe vite en panne, du fait des coupures de courant. De plus, il y a un manque cruel de techniciens pour effectuer les réparations de base. "La mission d'Hôpital sans frontière requiert un grand bagage technique. "Nous faisons parfois appel à un biotechnicien pour monter du matériel sophistiqué, comme des fauteuils de dentiste. Nous avons une bonne expérience en la matière. Il s'agit d'appareils complexes, nécessitant de l'eau et de l'air comprimé ", explique Pol Blondiau." Nous constituons un maillon de la chaîne ", insiste le président, Stéphane Huynen. " Nous analysons le projet et procédons à l'évaluation biotechnique sur place, dans le but d'estimer les besoins réels. Notre biotechnicien peut être amené à se rendre sur les lieux. Nous nous occupons du matériel, mais ne gérons pas le projet. Nous n'allons pas sur place si le projet concerne 2.000 chaises roulantes par exemple. Cela s'impose par contre s'il s'agit d'un scanner. "" Quatre-vingt pourcents du matériel envoyé en Afrique n'est jamais utilisé, car il n'est pas adapté aux besoin réels. Notre approche est beaucoup plus efficace : avant d'être expédié, le matériel est soigneusement analysé et éventuellement réparé. Les appareils défectueux, ça n'est d'aucune utilité là-bas, puisqu'ils n'ont pas les moyens de les réparer. "Le matériel collecté par HSF provient principalement des hôpitaux, mais aussi de cabinets de médecins, de dentistes ou de kinés. " Nous devons nous méfier de certaines pratiques déloyales. Par le passé, il nous est ainsi arrivé de recevoir du matériel, en l'occurrence des fauteuils de dentiste, sur lesquels les micromoteurs avaient été enlevés. Ces pièces valent en effet beaucoup d'argent. Aux yeux de certains, nous représentions donc une manière facile de se débarrasser du matériel à moindre frais. C'est pourquoi nous avons décidé de demander une garantie de 500 euros, montant reversé ensuite après vérification du matériel. "En 25 ans, Hôpital Sans Frontière a effectué quelque 750 missions, ce qui représente 50 missions par an, ou une par semaine. " Une mission, cela représente un container plein ", ajoute Stéphane Huynen. " En calculant le prix sur l'état neuf du matériel, nous pouvons dire que nous avons envoyé pour quatre millions d'euros l'année dernière. "La demande porte surtout sur du matériel de base (lits, tables d'opération, etc.) et tout ce qui tourne autour de l'accouchement. Tout est soigneusement stocké et ordonné dans deux hangars militaires à proximité de Namur : lits, armoires, tables d'opération, fauteuils de dentistes, lampes, respirateurs, couveuses, appareils de dialyse, matériel chirurgical... Une vraie caverne d'Ali Baba !" Les fusions entre hôpitaux génèrent un grand apport de matériel ", explique le Dr Blondiau. "Actuellement (avril 2018, ndlr), nous travaillons sur le transport de centaines de lits, tables et chaises en provenance de Courtrai. Cela nous occupera encore pour un bon mois. Certains hôpitaux se montrent très généreux ", ajoute-til. " D'autres ne donnent que ce qu'ils n'ont eux-mêmes pas acheté ".Rappelons-le, les donateurs ne sont pas seulement des hôpitaux, mais aussi des médecins individuels. Le docteur Blondiau en profite pour nous parler du matériel non vendu via les petites annonces du Journal du médecin. " Imaginons qu'aucun acheteur ne se présente ou que le prix proposé n'est pas celui espéré par le médecin. Celui-ci pourrait, par exemple, décider d'en faire cadeau à HSF, s'il est au courant de notre existence en tout cas. "