Une étude du Coma Science Group (GIGA, ULiège) explore, pour la première fois, l'utilisation des psychédéliques pour traiter les troubles de la conscience post coma. Une première étape pour démontrer l'utilité des substances psychédéliques, en testant une hypothèse avancée en 2019.
Dans une étude récemment publiée dans iScience (Cell Press), Paolo Cardone et ses collègues de l'Université de Liège/ CHU de Liège ont exploré, pour la première fois chez l'humain, les effets de doses subanesthésiques de kétamine chez des patients en état de conscience altérée.
La kétamine, anesthésique dissociatif couramment utilisé, présente des effets psychédéliques marqués lorsqu'elle est administrée à doses subanesthésiques. Elle peut augmenter la "complexité cérébrale", considérée comme une 'signature' de la conscience.
Moins de spasticité, plus de confort
Dans cette étude en double aveugle, trois patients présentant des troubles de la conscience prolongés - dont certains en état d'éveil non répondant (ex-" état végétatif ") et en état de conscience minimale - ont reçu des perfusions continues de faibles doses de kétamine dans des conditions cliniques contrôlées.
Simultanément, l'activité cérébrale a été enregistrée par électroencéphalographie pour mesurer les dynamiques cérébrales, tandis que les réponses comportementales et la spasticité étaient évaluées de manière systématique.
Les résultats montrent que la kétamine augmente significativement la complexité cérébrale spontanée chez tous les participants, sans induire de signes comportementaux évidents de conscience. Fait intéressant, le traitement a réduit la spasticité, améliorant potentiellement le confort et le bien-être physique, et augmentant le temps passé avec les yeux ouverts.
Des résultats prometteurs
Pour Paolo Cardone, premier auteur de l'article et aspirant FNRS, " la kétamine peut moduler la dynamique neuronale même dans des cerveaux sévèrement lésés, tout en ayant un effet systémique positif. Notre recherche souligne la nécessité d'études supplémentaires pour évaluer l'impact à long terme de la kétamine et son potentiel à faciliter la récupération. Ces résultats prometteurs jettent les bases d'essais cliniques futurs visant à améliorer la qualité de vie des patients atteints de troubles de la conscience ".
La Pre Olivia Gosseries, coauteure et chercheuse qualifiée FNRS), ajoute : " Nos résultats sont prometteurs et montrent que la kétamine pourrait aider à restaurer des dynamiques neuronales essentielles, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour les patients atteints de troubles de la conscience. De plus, nous avons observé des effets inattendus : l'augmentation de l'éveil et la réduction de la spasticité sont particulièrement encourageants. Bien qu'il ne s'agisse que d'une étape préliminaire, ces résultats soulignent l'importance de cibler la complexité cérébrale et d'explorer d'autres psychédéliques dans de futures travaux. "
Cette étude est la première expérimentation concrète d'une hypothèse posée dans un article il y a cinq ans. Ses auteurs, Scott et Carhart-Harris, spéculaient que les psychédéliques pourraient constituer un nouveau traitement pour les troubles de la conscience.
" Cette étude applique, pour la première fois, cette idée, et contribue au domaine émergent des psychédéliques en tant que traitement des troubles neurologiques, par opposition aux troubles psychiatriques, où ils ont déjà été largement étudiés ", conclut la Dre Charlotte Martial, coauteure et post-doctorante au Coma Science Group.
Référence : Cardone et al, A Pilot Human Study Using Ketamine To Treat Disorders of Consciousness, iScience, 2024
Dans une étude récemment publiée dans iScience (Cell Press), Paolo Cardone et ses collègues de l'Université de Liège/ CHU de Liège ont exploré, pour la première fois chez l'humain, les effets de doses subanesthésiques de kétamine chez des patients en état de conscience altérée.La kétamine, anesthésique dissociatif couramment utilisé, présente des effets psychédéliques marqués lorsqu'elle est administrée à doses subanesthésiques. Elle peut augmenter la "complexité cérébrale", considérée comme une 'signature' de la conscience.Dans cette étude en double aveugle, trois patients présentant des troubles de la conscience prolongés - dont certains en état d'éveil non répondant (ex-" état végétatif ") et en état de conscience minimale - ont reçu des perfusions continues de faibles doses de kétamine dans des conditions cliniques contrôlées.Simultanément, l'activité cérébrale a été enregistrée par électroencéphalographie pour mesurer les dynamiques cérébrales, tandis que les réponses comportementales et la spasticité étaient évaluées de manière systématique.Les résultats montrent que la kétamine augmente significativement la complexité cérébrale spontanée chez tous les participants, sans induire de signes comportementaux évidents de conscience. Fait intéressant, le traitement a réduit la spasticité, améliorant potentiellement le confort et le bien-être physique, et augmentant le temps passé avec les yeux ouverts.Pour Paolo Cardone, premier auteur de l'article et aspirant FNRS, " la kétamine peut moduler la dynamique neuronale même dans des cerveaux sévèrement lésés, tout en ayant un effet systémique positif. Notre recherche souligne la nécessité d'études supplémentaires pour évaluer l'impact à long terme de la kétamine et son potentiel à faciliter la récupération. Ces résultats prometteurs jettent les bases d'essais cliniques futurs visant à améliorer la qualité de vie des patients atteints de troubles de la conscience ".La Pre Olivia Gosseries, coauteure et chercheuse qualifiée FNRS), ajoute : " Nos résultats sont prometteurs et montrent que la kétamine pourrait aider à restaurer des dynamiques neuronales essentielles, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour les patients atteints de troubles de la conscience. De plus, nous avons observé des effets inattendus : l'augmentation de l'éveil et la réduction de la spasticité sont particulièrement encourageants. Bien qu'il ne s'agisse que d'une étape préliminaire, ces résultats soulignent l'importance de cibler la complexité cérébrale et d'explorer d'autres psychédéliques dans de futures travaux. "Cette étude est la première expérimentation concrète d'une hypothèse posée dans un article il y a cinq ans. Ses auteurs, Scott et Carhart-Harris, spéculaient que les psychédéliques pourraient constituer un nouveau traitement pour les troubles de la conscience." Cette étude applique, pour la première fois, cette idée, et contribue au domaine émergent des psychédéliques en tant que traitement des troubles neurologiques, par opposition aux troubles psychiatriques, où ils ont déjà été largement étudiés ", conclut la Dre Charlotte Martial, coauteure et post-doctorante au Coma Science Group.Référence : Cardone et al, A Pilot Human Study Using Ketamine To Treat Disorders of Consciousness, iScience, 2024