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" La dépression est encore (trop) sous-diagnostiquée chez les adolescents, en partie à cause des changements d'humeur et de l'irritabilité qui accompagnent cet âge ", pose en préambule l'Union nationale des Mutualités libres, suite à une enquête ayant porté sur ses 204.710 affiliés (chiffres 2020) de 12 à 18 ans pendant trois ans : 2018, 2019 et 2020 (lire également notre recension du sympo "J'ai 20 ans en 2020" (jdM n°2697)). Les ML estiment à 4 à 19% le nombre de jeunes touchés par la dépression. Une minorité (1,1%, 2.244 jeunes en 2020) consomment des antidépresseurs (bien inférieur aux taux de prévalence de la dépression indiqués par Petito et al. (2019), Balasz et al. (2012), Avenoli et al. (2015) et Mojtabai et al. (2016)). bien que ce pourcentage augmente avec l'âge (de 1 sur 200 de consommateurs chez les 12-14 ans à 1 sur 50 pour les 17-18 ans). Il y a environ deux consommatrices pour un consommateur (1.464 filles contre 773 garçons en 2020).Les molécules les plus utilisées (dans 60% des cas) par les ados pour traiter leur mal être psychique sont la Sertraline, l'Escitalopram et la Trazodone. Or seule la fluoxétine est recommandée chez les jeunes, font observer les ML. Mais " les antidépresseurs sont également utilisés pour traiter des troubles anxieux, tels que les TOC, pour lesquels des molécules autres que la Fluoxétine, la Sertraline par exemple, se sont révélées efficaces dans une population non-adulte. C'est, entre autres, ce qui peut expliquer la faible prescription de Fluoxétine observée parmi les jeunes dans cette étude 1."Mais le constat parmi les plus inquiétants sans doute est que les jeunes utilisent ces antidépresseurs trop peu de temps. "Six ados sur 10 (62,03 %) ont consommé des antidépresseurs moins de six mois en 2020, et ce, alors que l'Organisation mondiale de la santé, notamment, recommande une utilisation de six à neuf mois. Par ailleurs, un ado sur quatre consomme des antidépresseurs pendant une durée inférieure à un mois. " L'utilisation chronique (au moins 90 jours) d'antidépresseurs est estimée à 60 % de tous les utilisateurs.Le médecin généraliste est le premier à l'origine de la prescription des ordonnances aux ados (45% des cas) suivi du psychiatre (42%). " Une plus petite proportion de jeunes se sont vus prescrire un antidépresseur via un neurologue (6,7%) ou un pédiatre (2,6 % ). "Quel pourcentage fait appel à la psychothérapie et l'aide psychologique ? Les plus nombreux (et cette fois davantage de garçons que de filles) se retrouvent parmi les 15-16 ans. Parmi eux, un sur cinq consomme également des antidépresseurs. Au moins un ado sur cinq a passé un jour d'hospitalisation en psychiatrie.Les ML en profitent pour émettre quelques recommandations toutes basées sur une approche préventive. " La psychoéducation doit faire partie d'un processus de prise en charge globale: elle consiste à dispenser de l'information aux 12-18 ans sur la prévention, sur les troubles de santé mentale et leur traitement. Plusieurs études préconisent par exemple l'instauration de cours sur la santé mentale en milieu scolaire pour améliorer les compétences des adolescents. Ces cours viseraient à apprendre aux adolescents les facteurs favorisant une bonne santé mentale, de les familiariser avec les troubles mentaux fréquents et leurs traitements éventuels. Ils seraient aussi un moyen de travailler sur la stigmatisation et de les informer sur les aides disponibles. " Ces actions préventives devraient idéalement se décliner en version digitale.Les ML préconisent, avant toute prise d'antidépresseurs, de recourir à la psychothérapie 2 " qui sont les moyens les plus sûrs de traiter la dépression des jeunes ". Il existe cependant des cas où le traitement médicamenteux est immédiatement nécessaire pour casser le cercle vicieux de la dépression. Toutefois, l'étude démontre que l'utilisation de ladite psychothérapie est rare (3,15% des sondés en 2020), peut-être parce qu'elle est plus coûteuse que les traitements médicamenteux 3.L'étude ne porte cependant que sur l'assurance obligatoire (médicaments remboursés) et sous-estime sans doute un grand nombre d'utilisateurs de soins psychologiques via des psychologues, car les remboursements n'étaient possibles qu'à partir de mi-2019 pour les membres.1. La fluoxétine n'atteint pas le top 3 des molécules les plus prescrites, quelle que soit l'année, avec une prescription passant respectivement de 8,75 % en 2018 à 9,57 % en 2020. L'utilisation de la sertraline a également augmenté, passant de 19,62 % en 2018 à 23,94 % en 2020. Les molécules les plus prescrites sont la sertraline, l'escitalopram et la trazodone.2. L'aide psychologique remboursée par l'assurance obligatoire correspond aux codes : 790031, 790053, 79075, 790090, 789950, 789972, 791291, 791313, 791335, 790134, 790296, 790311, 790333, 790355, 790370, 790392, 790436, 790451, 790473, 791195, 791210, 791350, 791372, 791394, 791416, 791173, 791232, 791254, 791276, 791431 et 791453. La psychothérapie a été identifiée sur la base d'un remboursement des codes nomenclature 109513, 109631, 109535, 109550, 109653, 109572, 109336, 109675, 101916 et 101931.3. Pour les utilisateurs d'antidépresseurs, les coûts médians du ticket modérateur, étaient respectivement de 8,08 ? pour l'année 2018, 8,51 ? pour l'année 2019, et 7,92 ? pour l'année 2020.