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Une biopsie a en effet révélé qu'il était atteint de sparganose cérébrale. Une larve vivante de Spirometra erinaceieuropaei, un ver plat proche du ténia, avait colonisé son cerveau depuis quatre ans, passant de l'hémisphère droit au gauche selon son gré comme le montrent les lésions qu'elle a pu causer. Raison pour laquelle le diagnostic a traîné, les scientifiques ne sachant plus où donner de la tête en observant l'oedème se déplacer lors des différents scanners que l'homme avait subi ces dernières années. Heureusement pour le quinquagénaire, la petite bête de 40 millimètres a été retirée sans encombre. De plus, un traitement antiparasitaire a été administré à la victime afin d'éviter le risque de récidive et de tuer les autres vers potentiellement cachés dans son cerveau. Il s'agit d'une première au Royaume-Uni, même si l'infection semble avoir été contractée en Asie. Ce parasite, qui provoque une inflammation des tissus et, s'il atteint le cerveau, des pertes de mémoire et des migraines récurrentes, infecte extrêmement rarement les humains. Le premier cas de sparganose cérébrale remonte à 1882 en Chine, où le ver vit habituellement. Depuis 1953, seuls 300 cas ont été décrits dans la littérature médicale. " Nous ne nous attendions pas à découvrir une infection de ce genre au Royaume-Uni mais, avec le développement des voyages, ce genre de parasites inconnus apparaissent parfois ", a déclaré Effrossyni Gkrania-Klotsas, du service des maladies infectieuses de l'hôpital Addenbrooke, à Cambridge, qui a retiré le ver. Si le patient résidait en Grande-Bretagne, il se rendait en effet souvent en Chine, son pays natal, dont certaines habitudes culinaires et médicales favorisent l'infection. Le Spirometra erinaceieuropaei est un ver que l'on trouve normalement dans les amphibiens et les crustacés en Chine. Il peut également s'installer dans l'abdomen de chats et de chiens où il atteint sa taille adulte : 1,50 mètre. Il est censé s'attraper en consommant de petits crustacés infectés, de la viande crue de reptile et d'amphibiens, ou en usant de cataplasmes de chair de grenouille ou de serpent, un remède chinois appliqués sur les plaies cutanées ouvertes ou sur les yeux pour calmer les inflammations. L'exemplaire britannique a été donné à des généticiens du Wellcome Trust Sanger Institute de Cambridge qui ont réussi à séquencer son génome (*) pour la première fois, leur permettant ainsi d'identifier des cibles médicamenteuses.