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Il est généralement admis qu'un lien existe entre le décrochage scolaire, ou à tout le moins les difficultés d'apprentissage, et le fait d'avoir grandi dans un foyer pauvre. Ce lien serait partiellement physiologique selon les résultats de cette étude longitudinale publiée ce lundi sur le site du Journal of the Amercian Medical Association (JAMA).389 enfants et adolescents, âgés de 4 à 22 ans, ont été sélectionnés par échantillonnage communautaire en fonction de facteurs sociodémographiques susceptibles d'influencer le développement cérébral. L'analyse des 823 IRM réalisées dans cette cohorte a dévoilé que les enfants issus de ménages à très faibles revenus possédaient une quantité moindre de matière grise dans des régions du cerveau associées aux aptitudes de langage et de lecture.Cette seule différence anatomique expliquerait partiellement l'écart des résultats scolaires de ces enfants précarisés par rapport à leurs homologues mieux lotis, à hauteur de 20% notent les auteurs.Les enfants de ménages vivant sous le seuil de pauvreté américain (environ 22.000 euros de revenus annuels pour une famille de 4) présentent un volume de matière grise de 7 à 10% inférieur au volume escompté lors d'un développement normal.Ces faiblesses apparaissent de façon notable dès l'âge de 4 ans, signalant par ailleurs que l'impact a lieu avant la scolarisation.Il convient de noter que cette étude pourrait sous-estimer l'ampleur des effets nocifs de la pauvreté sur le développement cérébral car l'échantillon d'enfants étudié exclut les patients souffrant préalablement de troubles de l'apprentissage, nés prématurément ou issus de familles avec des antécédents psychiatriques.Enfin, pour expliquer ce phénomène où la pauvreté devient problème médical, une des hypothèses veut que les enfants soient davantage exposés à des éléments qui inhibent la croissance du cerveau qu'à ceux qui favorisent son développement (stimulation des parents, jeux éducatifs, livres de coloriage, etc.).Sans oublier l'environnement de ces ménages précarisés, perturbant probablement le sommeil des enfants ou rendant plus compliqué l'accès à des aliments frais par exemple.