L'impact de la pollution de l'environnement et de notre environnement de vie sur notre santé est énorme. Prenons la pollution atmosphérique. Selon un rapport de l'OMS, 7 millions de personnes sont décédées dans le monde en 2017 des suites de la pollution atmosphérique. Celle-ci est à la base de 40 décès par 100.000 personnes dans les pays de l'OCDE, peut-on lire dans le rapport Health at a Glance 2019. La présence de perturbateurs endocriniens pèse aussi sur notre santé. Selon un rapport du Sénat belge relatif aux perturbateurs endocriniens de 2018, la Belgique est en tête du peloton en matière d'incidence du cancer du sein. Il existe de nombreuses indications selon lesquelles les perturbateurs endocriniens y jouent un rôle. Toujours selon le même rapport, chaque enfant qui naît dans nos régions est exposé à plus de 100 perturbateurs endocriniens.

Qui doit résoudre ce problème ? Il est ressorti d'un sondage européen en 2019 par rapport à la qualité de l'air que 80% des Belges interviewés disaient qu'il faut chercher des solutions essentiellement au niveau international. 70% des répondants étaient d'avis que l'Europe doit prendre des mesures supplémentaires pour améliorer la qualité de l'air. Dans la sphère politique, on renvoie parfois trop facilement à l'Europe, sans prendre soi-même ses responsabilités dans ces dossiers. Les attentes à l'égard de l'Europe sont en tout cas très élevées.

"Inégalités environnementales"

Dès ses débuts, la Commission von der Leyen a inscrit la problématique climatique et la pollution atmosphérique à l'agenda, comme une des grandes priorités pour l'Europe, avec Frans Timmermans qui est, en tant que vice-président, responsable du portefeuille " action climat ". Et avec le Green Deal, la Commission européenne a en tout cas formulé une réponse ambitieuse aux préoccupations et aux attentes des citoyens européens. Le Green Deal représente 47 actions concrètes autour de 10 thèmes centraux, dont un est d'une importance capitale pour notre santé : vers une ambition zéro pollution pour un environnement non toxique sans pollution. Dans une réaction, le Parlement européen faisait remarquer que " le plan d'action pour ramener la pollution de l'air, de l'eau et du sol à zéro doit comporter une stratégie transversale afin de protéger la santé des citoyens contre la détérioration et la pollution de l'environnement ". La liste d'initiatives de la Commission européenne est longue, avec des noms vrombissants tels que Climate law, From Farm to Fork strategy et Strategy for sustainable use of chemicals.

Pour l'UE, il est important d'avoir tous les États membres à bord pour réaliser ces ambitions. Pour certains États membres et certaines régions, l'effort sera plus important pour parvenir aux objectifs européens. Nous pensons ici à la Pologne qui tire encore une grande partie de son énergie du charbon. Dans notre société aussi, nous devons être attentifs aux " inégalités environnementales ". Ainsi, une étude récente de la VUB démontre que les groupes de populations plus pauvres à Bruxelles sont deux fois plus touchés par la pollution atmosphérique en raison de leur situation en matière de logement et de travail. Non seulement, il y a de plus fortes concentrations de pollution atmosphérique où ils habitent, mais en plus, ils sont plus sensibles aux conséquences négatives pour la santé.

Quel sera l'impact du coronavirus sur les politiques environnementales?

Toutefois, pour la solution, nous ne devons pas nous tourner uniquement vers l'Europe. Le morcellement des compétences en Belgique ne simplifie certainement pas les choses. Regardons la façon dont les ministres régionaux et fédéraux compétents se sont chamaillés par rapport aux objectifs climatiques. Mais de tous les niveaux de pouvoir, les Régions sont les mieux placées pour plancher sur la réduction de la pollution de notre environnement et de notre environnement de vie, via des compétences telles que l'environnement, l'agriculture, l'économie, l'énergie, les travaux publics et les transports. Une approche health in all policies est vraiment nécessaire dans cette matière. Bruxelles et la Wallonie montrent les plus grandes ambitions, tandis que l'accord gouvernemental flamand reprend peu d'objectifs concrets en ce qui concerne l'amélioration de la qualité de l'air ou encore la diminution des expositions aux substances chimiques dangereuses. En tout cas, une chose positive est que le contrat de gestion actuel du SPF Santé publique prévoit l'implémentation d'un plan d'action national sur les perturbateurs endocriniens, en collaboration avec les entités fédérées.

Mémorandum des Mutualités libres

En 2019, le mémorandum des Mutualités libres mentionnait la diminution de l'impact de l'environnement sur notre santé comme une des 10 grandes priorités pour la politique en Belgique. Différentes propositions ont été formulées, comme réduire la norme standard pour les particules fines à 10 microgrammes par mètre cube par an, afin de coller davantage à la recommandation de l'OMS (aujourd'hui, le seuil dans l'UE est de 25 microgrammes). Les produits comportant des perturbateurs endocriniens doivent être interdits, et certainement les produits qui entrent en contact avec des groupes de population vulnérables comme les enfants jusqu'à 3 ans, les femmes enceintes et les adolescents.

Pour contribuer au débat sur les perturbateurs endocriniens, les Mutualités libres organisent, en collaboration avec Health and Environment Alliance, le 19 novembre un symposium relatif à l'exposition aux perturbateurs endocriniens dans notre vie quotidienne, et ce que nous pouvons - ou mieux devons - y faire. Ici, il est non seulement important de connaître l'avis des citoyens, mais aussi de savoir comment les médecins abordent la problématique avec leurs patients. Les mutualités ont également un rôle à jouer. Outre convaincre les autorités régionales, fédérales et européennes de prendre les mesures nécessaires, les mutualités doivent aussi sensibiliser leurs membres et leur indiquer les dangers des perturbateurs endocriniens dans la vie quotidienne. On peut se protéger avec de simples mesures telles qu'éviter d'utiliser des bols en plastique pour réchauffer des repas au micro-ondes.

Maintenant, la question est de savoir quel va être l'impact du coronavirus sur ces ambitions vertes. D'une part, nous lisons des articles qui annoncent une meilleure qualité de l'air grâce au lockdown et à la suppression de trafic aérien et routier. Par les mesures imposées, nous avons une idée de ce que pourrait être l'impact de mesures fortes pour le climat. Nombres craignent toutefois que l'appel à la reprise économique monopolisera l'agenda national et international, ce qui fera disparaître le Green Deal au frigo. Lorsque le sujet sera à l'agenda, nous ne pouvons qu'espérer que l'on verra aussi les opportunités du moment pour aborder un certain nombre de choses autrement et ainsi aussi oeuvrer à un environnement de vie sain dans l'ère post-coronavirus.

L'impact de la pollution de l'environnement et de notre environnement de vie sur notre santé est énorme. Prenons la pollution atmosphérique. Selon un rapport de l'OMS, 7 millions de personnes sont décédées dans le monde en 2017 des suites de la pollution atmosphérique. Celle-ci est à la base de 40 décès par 100.000 personnes dans les pays de l'OCDE, peut-on lire dans le rapport Health at a Glance 2019. La présence de perturbateurs endocriniens pèse aussi sur notre santé. Selon un rapport du Sénat belge relatif aux perturbateurs endocriniens de 2018, la Belgique est en tête du peloton en matière d'incidence du cancer du sein. Il existe de nombreuses indications selon lesquelles les perturbateurs endocriniens y jouent un rôle. Toujours selon le même rapport, chaque enfant qui naît dans nos régions est exposé à plus de 100 perturbateurs endocriniens.Qui doit résoudre ce problème ? Il est ressorti d'un sondage européen en 2019 par rapport à la qualité de l'air que 80% des Belges interviewés disaient qu'il faut chercher des solutions essentiellement au niveau international. 70% des répondants étaient d'avis que l'Europe doit prendre des mesures supplémentaires pour améliorer la qualité de l'air. Dans la sphère politique, on renvoie parfois trop facilement à l'Europe, sans prendre soi-même ses responsabilités dans ces dossiers. Les attentes à l'égard de l'Europe sont en tout cas très élevées.Dès ses débuts, la Commission von der Leyen a inscrit la problématique climatique et la pollution atmosphérique à l'agenda, comme une des grandes priorités pour l'Europe, avec Frans Timmermans qui est, en tant que vice-président, responsable du portefeuille " action climat ". Et avec le Green Deal, la Commission européenne a en tout cas formulé une réponse ambitieuse aux préoccupations et aux attentes des citoyens européens. Le Green Deal représente 47 actions concrètes autour de 10 thèmes centraux, dont un est d'une importance capitale pour notre santé : vers une ambition zéro pollution pour un environnement non toxique sans pollution. Dans une réaction, le Parlement européen faisait remarquer que " le plan d'action pour ramener la pollution de l'air, de l'eau et du sol à zéro doit comporter une stratégie transversale afin de protéger la santé des citoyens contre la détérioration et la pollution de l'environnement ". La liste d'initiatives de la Commission européenne est longue, avec des noms vrombissants tels que Climate law, From Farm to Fork strategy et Strategy for sustainable use of chemicals.Pour l'UE, il est important d'avoir tous les États membres à bord pour réaliser ces ambitions. Pour certains États membres et certaines régions, l'effort sera plus important pour parvenir aux objectifs européens. Nous pensons ici à la Pologne qui tire encore une grande partie de son énergie du charbon. Dans notre société aussi, nous devons être attentifs aux " inégalités environnementales ". Ainsi, une étude récente de la VUB démontre que les groupes de populations plus pauvres à Bruxelles sont deux fois plus touchés par la pollution atmosphérique en raison de leur situation en matière de logement et de travail. Non seulement, il y a de plus fortes concentrations de pollution atmosphérique où ils habitent, mais en plus, ils sont plus sensibles aux conséquences négatives pour la santé. Toutefois, pour la solution, nous ne devons pas nous tourner uniquement vers l'Europe. Le morcellement des compétences en Belgique ne simplifie certainement pas les choses. Regardons la façon dont les ministres régionaux et fédéraux compétents se sont chamaillés par rapport aux objectifs climatiques. Mais de tous les niveaux de pouvoir, les Régions sont les mieux placées pour plancher sur la réduction de la pollution de notre environnement et de notre environnement de vie, via des compétences telles que l'environnement, l'agriculture, l'économie, l'énergie, les travaux publics et les transports. Une approche health in all policies est vraiment nécessaire dans cette matière. Bruxelles et la Wallonie montrent les plus grandes ambitions, tandis que l'accord gouvernemental flamand reprend peu d'objectifs concrets en ce qui concerne l'amélioration de la qualité de l'air ou encore la diminution des expositions aux substances chimiques dangereuses. En tout cas, une chose positive est que le contrat de gestion actuel du SPF Santé publique prévoit l'implémentation d'un plan d'action national sur les perturbateurs endocriniens, en collaboration avec les entités fédérées. En 2019, le mémorandum des Mutualités libres mentionnait la diminution de l'impact de l'environnement sur notre santé comme une des 10 grandes priorités pour la politique en Belgique. Différentes propositions ont été formulées, comme réduire la norme standard pour les particules fines à 10 microgrammes par mètre cube par an, afin de coller davantage à la recommandation de l'OMS (aujourd'hui, le seuil dans l'UE est de 25 microgrammes). Les produits comportant des perturbateurs endocriniens doivent être interdits, et certainement les produits qui entrent en contact avec des groupes de population vulnérables comme les enfants jusqu'à 3 ans, les femmes enceintes et les adolescents.Pour contribuer au débat sur les perturbateurs endocriniens, les Mutualités libres organisent, en collaboration avec Health and Environment Alliance, le 19 novembre un symposium relatif à l'exposition aux perturbateurs endocriniens dans notre vie quotidienne, et ce que nous pouvons - ou mieux devons - y faire. Ici, il est non seulement important de connaître l'avis des citoyens, mais aussi de savoir comment les médecins abordent la problématique avec leurs patients. Les mutualités ont également un rôle à jouer. Outre convaincre les autorités régionales, fédérales et européennes de prendre les mesures nécessaires, les mutualités doivent aussi sensibiliser leurs membres et leur indiquer les dangers des perturbateurs endocriniens dans la vie quotidienne. On peut se protéger avec de simples mesures telles qu'éviter d'utiliser des bols en plastique pour réchauffer des repas au micro-ondes.Maintenant, la question est de savoir quel va être l'impact du coronavirus sur ces ambitions vertes. D'une part, nous lisons des articles qui annoncent une meilleure qualité de l'air grâce au lockdown et à la suppression de trafic aérien et routier. Par les mesures imposées, nous avons une idée de ce que pourrait être l'impact de mesures fortes pour le climat. Nombres craignent toutefois que l'appel à la reprise économique monopolisera l'agenda national et international, ce qui fera disparaître le Green Deal au frigo. Lorsque le sujet sera à l'agenda, nous ne pouvons qu'espérer que l'on verra aussi les opportunités du moment pour aborder un certain nombre de choses autrement et ainsi aussi oeuvrer à un environnement de vie sain dans l'ère post-coronavirus.