La Chine représente aujourd'hui près de 18% du PIB mondial, pour moins de 8% en 2003 lors de l'épidémie du SARS, et bon nombre d'entreprises sont devenues dépendantes des usines chinoises pour tout ou partie de leur production ou, à l'inverse, sont touchées par une réduction substantielle de leurs exportations.

Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Lemaire, qualifiait, ce mardi 26 février 2020, le virus de " game changer " dans les économies de mondialisation, pointant du doigt les risques de dépendances, notamment dans un secteur aussi sensible que la santé et l'industrie pharmaceutique.

La Chine concentre près de 80% de la fabrication des principes actifs nécessaires à la production de molécules chimiques entrant dans la composition de nombreux médicaments dont les antibiotiques. Indépendamment du Covid-19, les géants pharmaceutiques, qui ne sont actuellement pas majoritairement chinois, ont déjà pu expérimenter les soubresauts liés à cette dépendance.

Dans sa politique de rattrapage des grands groupes mondiaux, le gouvernement chinois a en effet axé ses efforts sur l'émergence d'entreprises pharmaceutiques chinoises sur le marché mondial des médicaments, provoquant çà et là, des fermetures d'usines et des ruptures temporaires dans les chaînes d'approvisionnement.

Rupture de stocks

Rupture de stocks et prix des médicaments sont ainsi des enjeux majeurs auxquels l'EU et les USA devront faire face dans un proche l'avenir, indépendamment de l'alerte Covid-19 qui ne fait que mettre en lumière la réalité d'un problème connu.

Et l'industrie du médicament n'est pas seule concernée.

À l'ère de la santé connectée, la dépendance est aussi dans les composantes électroniques, de nos simples objets connectés aux appareillages hospitaliers les plus sophistiqués.

L'arrivée du Covid-19 met ainsi le monde face à ses responsabilités. Difficile de continuer à cacher une dépendance économique mondiale à l'empire du milieu et difficile de ne pas s'interroger sur les conséquences socio-économiques sinon sanitaires que peut avoir une telle dépendance.

Faire marche arrière n'est cependant pas si évident.

D'une part, parce que relocaliser les industries les plus dépendantes en Europe a évidemment un coût important que la plupart des nos petites et moyennes entreprises, poumons économiques de l'Europe, ne peuvent pas assumer. D'autre part, parce que les consommateurs ne sont probablement pas prêts à assumer l'inflation liée à une production européenne.

La course à la baisse des prix et la recherche perpétuelle d'économies pourraient finir par coûter cher aux citoyens occidentaux, abreuvés par l'idéal d'une société de consommation dans laquelle le prix l'emporte sur la qualité et où le pouvoir d'achat mesure l'état de satisfaction de la population plus que n'importe quel autre critère.

Même si le constat est amer et qu'instances gouvernementales, bourses et entreprises mesurent aujourd'hui pleinement l'impact des délocalisations massives vers l'Asie et la Chine, il est cependant peu probable que le Covid-19 soit effectivement l'amorce d'un changement fondamental de nos modèles économiques de production et de consommation, tout simplement parce que le citoyen occidental s'y retrouve, tout comme la plus grande partie de la population mondiale qui goûte aux plaisirs d'un confort rendu accessible au plus grand nombre.

Reste que nos gouvernements européens portent la responsabilité de veiller aux piliers de solidarité qui caractérisent l'Europe et, plus particulièrement, à assurer la bonne santé de leurs citoyens.

La santé citoyenne peut-elle dépendre (même partiellement) d'un approvisionnement de la Chine ?

A prime abord la réponse semble évidente. Pourtant l'Europe peine à établir une vision/politique santé claire, nécessaire pour faire face à des enjeux aussi essentiels que la gestion des données santé, le prix et les stocks de médicaments, la gestion de projets de recherches européens ou encore une certaine harmonisation des couvertures santé et de l'éducation sanitaire.

Améliorer la santé des Chinois

Alors que, ironie du sort, c'est justement la Chine qui a adopté, le 28 décembre dernier, une loi-cadre sur la promotion du développement des soins médicaux et de santé de base, pour une entrée en vigueur (théorique) le 1er juin 2020.

La Chine souhaite, par cette loi, planifier la santé citoyenne comme elle planifie son économie, donnant une priorité aux soins de bases et communautaires, dégageant les moyens nécessaires pour mieux former les soignants, notamment aux innovations technologiques et à la médecine algorithmique (IA), pour offrir des traitements privilégiés au personnel et médecins actifs dans les zones les plus reculées du pays ou pour mettre en place une éducation sanitaire généralisée dans les écoles & universités.

D'ici 2030, la Chine espère rattraper son retard sur les normes de prises en charges occidentales, assurant un accès aux soins de qualité pour tous.

Parallèlement, le gouvernement chinois injecte, chaque année, plusieurs milliards de dollars dans la recherche et l'industrie pharmaceutique chinoises, ambitionnant de devenir, d'ici 2025, la première puissance pharmaceutique mondiale avec standards internationaux respectés.

" Nous caractérisons trop souvent la santé comme un coût à maîtriser et non un investissement à nourrir " (Tedros Adhamon, Directeur Général OMS)

Espérons que le COVID -19 ne devienne pas un prétexte facile pour dénoncer le système de soins de santé chinois dans le but de minimiser les problèmes qui touchent nos propres systèmes de soins de santé. Où et comment investir pour une population plus saine est une question qui reste sans réponse à ce stade.

La Chine représente aujourd'hui près de 18% du PIB mondial, pour moins de 8% en 2003 lors de l'épidémie du SARS, et bon nombre d'entreprises sont devenues dépendantes des usines chinoises pour tout ou partie de leur production ou, à l'inverse, sont touchées par une réduction substantielle de leurs exportations.Le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno Lemaire, qualifiait, ce mardi 26 février 2020, le virus de " game changer " dans les économies de mondialisation, pointant du doigt les risques de dépendances, notamment dans un secteur aussi sensible que la santé et l'industrie pharmaceutique.La Chine concentre près de 80% de la fabrication des principes actifs nécessaires à la production de molécules chimiques entrant dans la composition de nombreux médicaments dont les antibiotiques. Indépendamment du Covid-19, les géants pharmaceutiques, qui ne sont actuellement pas majoritairement chinois, ont déjà pu expérimenter les soubresauts liés à cette dépendance.Dans sa politique de rattrapage des grands groupes mondiaux, le gouvernement chinois a en effet axé ses efforts sur l'émergence d'entreprises pharmaceutiques chinoises sur le marché mondial des médicaments, provoquant çà et là, des fermetures d'usines et des ruptures temporaires dans les chaînes d'approvisionnement.Rupture de stocks et prix des médicaments sont ainsi des enjeux majeurs auxquels l'EU et les USA devront faire face dans un proche l'avenir, indépendamment de l'alerte Covid-19 qui ne fait que mettre en lumière la réalité d'un problème connu.Et l'industrie du médicament n'est pas seule concernée.À l'ère de la santé connectée, la dépendance est aussi dans les composantes électroniques, de nos simples objets connectés aux appareillages hospitaliers les plus sophistiqués.L'arrivée du Covid-19 met ainsi le monde face à ses responsabilités. Difficile de continuer à cacher une dépendance économique mondiale à l'empire du milieu et difficile de ne pas s'interroger sur les conséquences socio-économiques sinon sanitaires que peut avoir une telle dépendance.Faire marche arrière n'est cependant pas si évident.D'une part, parce que relocaliser les industries les plus dépendantes en Europe a évidemment un coût important que la plupart des nos petites et moyennes entreprises, poumons économiques de l'Europe, ne peuvent pas assumer. D'autre part, parce que les consommateurs ne sont probablement pas prêts à assumer l'inflation liée à une production européenne.La course à la baisse des prix et la recherche perpétuelle d'économies pourraient finir par coûter cher aux citoyens occidentaux, abreuvés par l'idéal d'une société de consommation dans laquelle le prix l'emporte sur la qualité et où le pouvoir d'achat mesure l'état de satisfaction de la population plus que n'importe quel autre critère.Même si le constat est amer et qu'instances gouvernementales, bourses et entreprises mesurent aujourd'hui pleinement l'impact des délocalisations massives vers l'Asie et la Chine, il est cependant peu probable que le Covid-19 soit effectivement l'amorce d'un changement fondamental de nos modèles économiques de production et de consommation, tout simplement parce que le citoyen occidental s'y retrouve, tout comme la plus grande partie de la population mondiale qui goûte aux plaisirs d'un confort rendu accessible au plus grand nombre.Reste que nos gouvernements européens portent la responsabilité de veiller aux piliers de solidarité qui caractérisent l'Europe et, plus particulièrement, à assurer la bonne santé de leurs citoyens.La santé citoyenne peut-elle dépendre (même partiellement) d'un approvisionnement de la Chine ?A prime abord la réponse semble évidente. Pourtant l'Europe peine à établir une vision/politique santé claire, nécessaire pour faire face à des enjeux aussi essentiels que la gestion des données santé, le prix et les stocks de médicaments, la gestion de projets de recherches européens ou encore une certaine harmonisation des couvertures santé et de l'éducation sanitaire.Alors que, ironie du sort, c'est justement la Chine qui a adopté, le 28 décembre dernier, une loi-cadre sur la promotion du développement des soins médicaux et de santé de base, pour une entrée en vigueur (théorique) le 1er juin 2020.La Chine souhaite, par cette loi, planifier la santé citoyenne comme elle planifie son économie, donnant une priorité aux soins de bases et communautaires, dégageant les moyens nécessaires pour mieux former les soignants, notamment aux innovations technologiques et à la médecine algorithmique (IA), pour offrir des traitements privilégiés au personnel et médecins actifs dans les zones les plus reculées du pays ou pour mettre en place une éducation sanitaire généralisée dans les écoles & universités.D'ici 2030, la Chine espère rattraper son retard sur les normes de prises en charges occidentales, assurant un accès aux soins de qualité pour tous.Parallèlement, le gouvernement chinois injecte, chaque année, plusieurs milliards de dollars dans la recherche et l'industrie pharmaceutique chinoises, ambitionnant de devenir, d'ici 2025, la première puissance pharmaceutique mondiale avec standards internationaux respectés." Nous caractérisons trop souvent la santé comme un coût à maîtriser et non un investissement à nourrir " (Tedros Adhamon, Directeur Général OMS)Espérons que le COVID -19 ne devienne pas un prétexte facile pour dénoncer le système de soins de santé chinois dans le but de minimiser les problèmes qui touchent nos propres systèmes de soins de santé. Où et comment investir pour une population plus saine est une question qui reste sans réponse à ce stade.