L'officier de santé [1]

On songe immédiatement aux officiers de santé du 19 e siècle destinés à faire face à la pénurie de médecins diplômés. Imaginés pendant la Révolution française en 1793, ils devaient assurer les soins gratuits dans les agences de secours créés par la Convention pour les nécessiteux. En 1803, ils furent institutionnalisés étant donné le besoin énorme des Armées. Ils exercèrent jusqu'à la suppression de " l'officiât de santé " en 1892. Sans aucun prérequis, ces officiers étaient agréés par un jury départemental après une formation dans des écoles secondaires de médecine ou par un apprentissage pratique de six ans auprès d'un médecin. Comme " praticiens de seconde zone " ou " de légère expérience ", ils étaient plus brutalement qualifiés de chirurgiens de pacotille par le docteur Percy, chirurgien général de l'Armée napoléonienne. Ils devaient assurer les soins dans les zones rurales, alors déjà déserts médicaux. Le marquis de Rougé justifiait leur absence de formation en 1826 à la Chambre des Pairs en ces termes : " Les maladies des paysans sont en général plus simples comme leur vie et les médicaments chers et précieux n'ont pas cours dans les villages ". Les officiers de santé qui ont parfois représenté jusqu'à 40% du corps médical ont cependant joué un rôle non négligeable jusqu'à ce que la loi du 30.11.1892 confie en France aux seuls médecins diplômés le monopole de l'Art de guérir qui caractérise les nations développées.

L'assistant médical indigène [2]

Un autre précédent plus moderne se retrouve dans le système de santé qui a permis une notable amélioration des soins dans l'ex-Congo belge. Le territoire était entre les deux guerres divisé en cercles groupant dix mille habitants. Dans ce cercle, fonctionnaient dix dispensaires confiés à du personnel congolais, autour d'un hôpital où on pouvait trouver des spécialistes belges. Des assistants médicaux indigènes étaient formés après une sélection très exigeante et recevaient une formation de 4 ans après les primaires, suivies d'un enseignement professionnel de 4 ans de théorie et deux ans de pratique. Cette formation les mettait à même de diriger un dispensaire, établir un diagnostic de base pouvant conduire à un tri, vacciner, distribuer des médicaments. Ils devaient également être capables d'assurer des interventions simples comme l'appendicectomie. Dans les faits, ils exerçaient sous une étroite surveillance des médecins belges qui se réservaient la responsabilité de la pratique. En 1959, ils n'étaient que 136 mais ils ont quand même représenté un noyau important de service de santé lors de l'indépendance. Leur suppression a été ensuite recommandée par l'OMS au grand regret sur place.

Vers un médecin low cost

L'enseignement qu'offrent ces précédents, c'est la nécessité absolue d'établir, préalablement à toute institutionnalisation, la liste des compétences légales auxquelles seraient liées la formation et la qualification de ces nouveaux praticiens. Ce pourrait se passer logiquement dans le cadre d'un master couronnant des études d'infirmiers. De là découleraient leur degré d'autonomie et leur responsabilité. Cela a été fait jadis pour les Sages-femmes (ou Hommes). Cela devrait se concevoir en fonction de l'intérêt des patients plus qu'en fonction de critères financiers dans le but de créer des médecins low cost. Comme cela fut le cas pour les officiers de santé jadis en France, il faudrait étudier la possibilité qu'une passerelle soit conçue pour permettre à ces assistants d'accéder éventuellement au diplôme de médecin. Une reconnaissance diplômante de la "valorisation de l'expérience acquise ", répandue en France, y fournit une formule intéressante dans l'accès aux professions.

Et pendant qu'on y est, pourquoi ne pas directement donner une telle mission d'assistants à des diplômés sans n°Inami en attendant leur reconnaissance. Des diplômés en notariat travaillent bien comme clercs et déchargent le notaire au point que parfois, le client se demande qui est le notaire jusqu'au moment de la signature. Mais j'oubliais le principal : le but est peut-être de créer une nouvelle profession de sous-généralistes de première ligne au tarif d'infirmière. Cela pourrait aussi viser à libérer du temps de médecin pour lui permettre de remplir un peu plus de paperasserie, activité essentielle dans l'évaluation de la qualité des Soins de Santé.

[1] Pr Georges François http://patrimoinemedical.univmed.fr

[2] Dr Malonga Miatudila https://lepotentielonline.net 2018

On songe immédiatement aux officiers de santé du 19 e siècle destinés à faire face à la pénurie de médecins diplômés. Imaginés pendant la Révolution française en 1793, ils devaient assurer les soins gratuits dans les agences de secours créés par la Convention pour les nécessiteux. En 1803, ils furent institutionnalisés étant donné le besoin énorme des Armées. Ils exercèrent jusqu'à la suppression de " l'officiât de santé " en 1892. Sans aucun prérequis, ces officiers étaient agréés par un jury départemental après une formation dans des écoles secondaires de médecine ou par un apprentissage pratique de six ans auprès d'un médecin. Comme " praticiens de seconde zone " ou " de légère expérience ", ils étaient plus brutalement qualifiés de chirurgiens de pacotille par le docteur Percy, chirurgien général de l'Armée napoléonienne. Ils devaient assurer les soins dans les zones rurales, alors déjà déserts médicaux. Le marquis de Rougé justifiait leur absence de formation en 1826 à la Chambre des Pairs en ces termes : " Les maladies des paysans sont en général plus simples comme leur vie et les médicaments chers et précieux n'ont pas cours dans les villages ". Les officiers de santé qui ont parfois représenté jusqu'à 40% du corps médical ont cependant joué un rôle non négligeable jusqu'à ce que la loi du 30.11.1892 confie en France aux seuls médecins diplômés le monopole de l'Art de guérir qui caractérise les nations développées.Un autre précédent plus moderne se retrouve dans le système de santé qui a permis une notable amélioration des soins dans l'ex-Congo belge. Le territoire était entre les deux guerres divisé en cercles groupant dix mille habitants. Dans ce cercle, fonctionnaient dix dispensaires confiés à du personnel congolais, autour d'un hôpital où on pouvait trouver des spécialistes belges. Des assistants médicaux indigènes étaient formés après une sélection très exigeante et recevaient une formation de 4 ans après les primaires, suivies d'un enseignement professionnel de 4 ans de théorie et deux ans de pratique. Cette formation les mettait à même de diriger un dispensaire, établir un diagnostic de base pouvant conduire à un tri, vacciner, distribuer des médicaments. Ils devaient également être capables d'assurer des interventions simples comme l'appendicectomie. Dans les faits, ils exerçaient sous une étroite surveillance des médecins belges qui se réservaient la responsabilité de la pratique. En 1959, ils n'étaient que 136 mais ils ont quand même représenté un noyau important de service de santé lors de l'indépendance. Leur suppression a été ensuite recommandée par l'OMS au grand regret sur place.L'enseignement qu'offrent ces précédents, c'est la nécessité absolue d'établir, préalablement à toute institutionnalisation, la liste des compétences légales auxquelles seraient liées la formation et la qualification de ces nouveaux praticiens. Ce pourrait se passer logiquement dans le cadre d'un master couronnant des études d'infirmiers. De là découleraient leur degré d'autonomie et leur responsabilité. Cela a été fait jadis pour les Sages-femmes (ou Hommes). Cela devrait se concevoir en fonction de l'intérêt des patients plus qu'en fonction de critères financiers dans le but de créer des médecins low cost. Comme cela fut le cas pour les officiers de santé jadis en France, il faudrait étudier la possibilité qu'une passerelle soit conçue pour permettre à ces assistants d'accéder éventuellement au diplôme de médecin. Une reconnaissance diplômante de la "valorisation de l'expérience acquise ", répandue en France, y fournit une formule intéressante dans l'accès aux professions.Et pendant qu'on y est, pourquoi ne pas directement donner une telle mission d'assistants à des diplômés sans n°Inami en attendant leur reconnaissance. Des diplômés en notariat travaillent bien comme clercs et déchargent le notaire au point que parfois, le client se demande qui est le notaire jusqu'au moment de la signature. Mais j'oubliais le principal : le but est peut-être de créer une nouvelle profession de sous-généralistes de première ligne au tarif d'infirmière. Cela pourrait aussi viser à libérer du temps de médecin pour lui permettre de remplir un peu plus de paperasserie, activité essentielle dans l'évaluation de la qualité des Soins de Santé.[1] Pr Georges François http://patrimoinemedical.univmed.fr[2] Dr Malonga Miatudila https://lepotentielonline.net 2018