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Mais les personnes qui contractent le virus ont de plus en plus de chances de survie, sous réserve d'avoir accès aux traitements antirétroviraux (ARV). Selon Onusida, l'agence des Nations unies pour la lutte contre le sida, la proportion des malades ayant accès aux traitements a énormément progressé. Elle atteignait 37% en 2009, contre 2% sept ans plus tôt. Et sous réserve d'être assidu au traitement, le VIH est en train de se muer en une maladie chronique comparable au diabète que l'on sait traiter. "La proportion de personnes vivant avec le VIH et âgées de plus de 50 ans va beaucoup augmenter", souligne ainsi Robert Cumming, un épidémiologiste de l'université australienne de Sidney, bon connaisseur du cas de l'Ouganda. On estime à trois millions le nombre de quinquagénaires ou d'aînés plus âgés porteurs du VIH en Afrique sub-saharienne et ce chiffre pourrait grimper à 9,1 millions d'ici 2040. Or, les politiques de santé publique n'en tiennent pas encore assez compte. "C'est un grand problème qui est ignoré. Un grand problème pour les personnes âgées elles-mêmes qui passent souvent à côté des traitements, et meurent plus vite qu'elles ne le devraient", dit-il. Il cite l'exemple du Kenya où une étude en milieu rural a montré que le sida était la cause d'un décès sur cinq. Giuseppe Liotta, médecin chercheur italien à l'université de Rome Tor Vegata, constate également que de nombreux patients en Afrique se présentent pour demander un traitement alors qu'ils sont déjà très malades et souffrent d'autres pathologies, d'anémie et de malnutrition. "Les séropositifs âgés ont besoin d'une attention particulière car ils démarrent très tard les traitements antirétroviraux", dit M. Liotta, qui a suivi des patients au Malawi dans le cadre du programme de soins DREAM de la communauté catholique Sant'Egidio. Le problème est également sous-estimé dans les statistiques, observe l'association humanitaire Help Age International. Les rapports transmis par de très nombreux Etats à l'Onusida sont très lacunaires sur la question des personnes d'âge mûr. "Ce manque de données signifie que l'on n'a pas une image claire de ce qui se passe dans le domaine du VIH et du vieillissement, et que l'on ne peut donc pas y apporter une réponse appropriée", déplore Rachel Albone, conseillère au sein de cette ONG d'origine britannique. Les politiques de lutte contre le sida en Afrique et la plupart des données disponibles se concentrent essentiellement sur la tranche des 15-49 ans. Une priorité qu'aucun expert ne conteste car c'est parmi les jeunes adultes que le virus se transmet le plus. "Mais il semble qu'il y ait une attitude consistant à penser que les personnes de plus de 50 ans n'ont pas d'activité sexuelle et ne sont donc pas contaminées, et clairement c'est faux", souligne M. Cumming. La prévalence estimée du VIH parmi les personnes âgées est à peine inférieure à celle du reste de la population.