L'an dernier, à l'occasion de ses 100 ans, la Fondation contre le cancer a attribué 35 millions d'euros à 68 projets de recherche scientifique, un montant record. Ces projets sont considérés comme de véritables "gamechangers" pour l'avenir des traitements du cancer. Parmi les avancées les plus prometteuses, plusieurs initiatives pionnières se distinguent, comme la compréhension de la résistance à l'immunothérapie, l'influence du microbiome sur le cancer, la théranostique et les traitements personnalisés, le développement de vaccins thérapeutiques et l'utilisation de l'intelligence artificielle.
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L'IA au service de la lutte contre le cancer
La recherche scientifique avance à grands pas, et cette accélération passe aujourd'hui en partie par l'intelligence artificielle qui, par exemple, permet de poser des diagnostics plus précoces. Ainsi en matière de radiodiagnostic du cancer du sein, où l'IA peut détecter des lésions qui ne sont pas visibles à l'oeil nu.
" L'IA est également capable d'accélérer l'analyse de grandes bases de données et elle peut accélérer la compréhension de certains mécanismes du cancer, menant à de nouvelles cibles thérapeutiques, ce qui favorise la médecine de précision ", explique la Dre Véronique Le Ray, directrice médicale de la Fondation contre le cancer.
Un vaccin personnalisé contre le cancer hépatique
L'un des projets les plus prometteurs est dirigé par les Prs Diether Lambrechts (KU Leuven), Jeroen Dekervel (UZ Leuven) et Bart Vandenkerckhove (UZ Gent), qui développent un vaccin à ARN messager personnalisé destiné aux patients atteints d'un cancer du foie avancé. A l'heure actuelle, seuls 25% des patients répondent à l'immunothérapie.
L'équipe associe la connaissance des antigènes tumoraux - des protéines propres aux tumeurs - à une technologie de pointe pour créer un vaccin spécifiquement adapté à la tumeur d'un individu. Ce vaccin sera combiné à d'autres formes d'immunothérapie et testé dans le cadre d'essais cliniques.
Nous visons non seulement de meilleurs traitements, mais un avenir où plus personne ne mourra des suites d'un cancer du foie " - Pr Lambrechts.
Théranostique dans les cancers tête et cou
Le cancer de la tête et du cou est l'un des plus agressifs, avec un taux de survie inférieur à 50% après cinq ans. La Pre Sophie Laurent (Université de Mons) travaille sur l'utilisation de nanoparticules contenant du bore pour le diagnostic et le traitement de ces cancers.
Cette approche, appelée thérapie par capture de neutrons du bore (BNCT), cible spécifiquement les cellules tumorales en exposant les composés contenant du bore à des neutrons. Cette réaction permet de détruire les cellules cancéreuses, tout en préservant largement les tissus sains. L'étude se concentre sur l'amélioration de l'absorption du bore par les cellules tumorales grâce à des nanoparticules conçues pour cibler directement les cellules cancéreuses.
" Les traitements conventionnels entraînent souvent des effets secondaires lourds et aux résultats limités. En améliorant la BNCT, nous offrons aux patients de meilleures chances de survie et un traitement plus humain ", explique la Pre Laurent.
Des diagnostiques plus précoces
Deux personnes sur trois, quel que soit leur âge, développent un nodule thyroïdien. Bien que ces petites tumeurs soient généralement bénignes, il reste difficile de prédire lesquelles pourraient évoluer en cancer. Cette incertitude entraîne souvent des diagnostics excessifs et des traitements inutiles, avec des conséquences négatives pour les patients et des coûts élevés pour la société.
L'équipe du Pr Maxime Tarabichi (ULB) utilise des technologies avancées pour analyser les tissus thyroïdiens cellule par cellule afin de repérer les signes qui pourraient indiquer un risque de cancer. Une approche qui permettra de poser des diagnostics plus précis, de limiter les traitements superflus et de transformer la prise en charge des patients présentant des nodules thyroïdiens.
"Le matériel génétique de nos cellules évolue avec le temps, un phénomène appelé évolution somatique. Dans chaque tissu, ces changements sculptent progressivement notre micro-anatomie et accompagnent notre vieillissement. Nous cherchons à percer le lien entre cette transformation naturelle et l'apparition de nodules thyroïdiens bénins ou cancéreux, pour mieux prédire et prévenir leur évolution", commente Maxime Tarabichi.
Un nouveau Plan cancer
Le Pr Eric Van Cutsem, coprésident de la Fondation, se réjouit que l'accord de gouvernement prévoit un nouveau plan cancer. La note du formateur de l'Arizona stipule en effet qu'un "nouveau plan cancer doit notamment voir le jour, ainsi qu'un plan pour les affections cardiovasculaires et un plan pour les maladies neurodégénératives."
A l'occasion de ses 100 ans en 2024, la Fondation contre le cancer avait rencontré un grand nombre de représentants politiques pour rappeler l'importance de mieux coordonner la lutte contre le cancer.
Le Baromètre belge du cancer, réalisé en 2021 en collaboration avec 51 institutions, avait mis en évidence que l'incidence du cancer ne cesse d'augmenter, "rappelant ainsi la nécessité d'une approche coordonnée entre les différents niveaux de pouvoir", explique la Fondation dans un communiqué publié ce lundi. "A cet égard, nous soulignons la volonté du nouveau gouvernement de promouvoir le dépistage précoce et la vaccination, et de renforcer les dispositifs de soins palliatifs."