...

Samedi passé, une délégation de Médecins sans vacances et de la province du Brabant flamand s'est envolée pour Bukavu, en République démocratique du Congo, via la capitale du Rwanda, Kigali. Le "petit" Rwanda et le "géant" Congo sont des pays voisins, mais c'est à peu près tout ce qu'ils ont en commun. Le Rwanda est parfois surnommé la Suisse de l'Afrique et on peut comprendre pourquoi. Selon les critères africains, l'aéroport de Kigali et les rues du pays sont d'une propreté quasi clinique. Le contraste est criant et le chaos s'installe dès qu'on passe la frontière avec le Congo et ses rues à peine praticables. A l'image des maisons d'ailleurs, qui ont connu de bien meilleurs jours.Demain, vous en apprendrez davantage sur les hôpitaux partenaires de Médecins sans vacances au Congo, mais aujourd'hui, la parole est donnée à Inge Weber, directrice de Médecins sans vacances, qui nous explique Jenga Maarifa. L'origine du projet remonte à fin 2013, lorsque MSV décide de passer à une action plus durable. La première impulsion est donnée fin 2015, mais il faudra attendre juillet 2016 pour que l'aventure ne commence réellement. Six cent mille euros sont consacrés au projet sur 3 ans et demi, dont 80% assumés par la province du Brabant flamand."L'objectif premier est de former les techniciens de maintenance des hôpitaux à l'entretien préventif spécialisé et à la réparation du matériel biomédical", nous explique Inge Weber. Une priorité absolue, car il est essentiel que les appareils soient avant tout adaptés au contexte local, qu'ils puissent résister, par exemple, aux variations de courant, à l'humidité et à la poussière. Toutefois, il importe aussi qu'ils soient correctement installés et entretenus préventivement. "Cette culture de l'entretien préventif est complètement absente au Congo", déplore Inge Weber.Le gîte et le couvertLa formation de MSV est très accessible, de sorte que les techniciens de maintenance des hôpitaux congolais et rwandais puissent s'y inscrire. Pour la plupart, il s'agit d'autodidactes. Au nombre de 80 au départ, ils sont 40 à l'arrivée, après sélection sur la base de leur CV ou sur les conseils des médecins directeurs des hôpitaux. Les heureux élus se lancent alors dans un module de base de quatre semaines. Au cours de cette période, ils apprennent l'électricité, l'électronique, etc. Les élèves viennent du Burundi, des hôpitaux partenaires de MSV, de Bukavu, etc. La formation se déroule en internat et en partenariat avec l'école technique de Bukavu. Les participants restent un mois sur place. Les hôpitaux assument les frais de déplacement et garantissent la continuité du paiement des techniciens pendant la formation. Jenga Maarifa prend à sa charge le gîte et le couvert. Le module de base comprend la mise en place d'un plan de maintenance et d'un inventaire de l'appareillage médical, l'élaboration d'un plan d'action, etc.Modules supplémentairesLes élèves sont ensuite évalués sur base de leur attitude, de leurs connaissances, de leur ouverture à l'apprentissage, de leur ponctualité, etc. Au final, MSV accepte 20 élèves à la formation complémentaire, composée de sept modules thématiques de deux semaines chacun. Ceux-ci sont donnés tous les deux mois "Le projet est en cela unique qu'il se construit en modules, ce qui permet aux techniciens de ne jamais s'absenter plus de deux semaines de leur hôpital. Au cours, ils peuvent en outre présenter des problèmes rencontrés entre deux modules. Ajoutons qu'à l'issue de la formation de base, les modules complémentaires sont donnés dans un hôpital, afin de disposer de tout l'équipement didactique possible", poursuit la directrice de MSV.Inge Weber se réjouit tout particulièrement de l'enthousiasme des élèves et du zèle dont ils font preuve. "Le projet a permis en quelque sorte de doper leur confiance en eux. Avant, ils étaient un peu considérés comme les bras cassés de l'hôpital. Par ailleurs, nous avons aussi sensibilisé leur entourage, entre autres les médecins directeurs des hôpitaux, à l'importance du technicien", conclut-elle. Les élèves partagent également leurs expériences, leurs problèmes et même des pièces de rechange via un groupe Whatsapp, au sein duquel les professeurs se tiennent à disposition