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Le Dr Foidart a appris la gynécologie au John Hopkins Hospital et travaillé aux " National Institutes of Health des USA ". N'était-ce l'obligation de service militaire en Belgique, il y serait probablement resté tant ce pays est porté sur l'innovation. Il a très tôt décrit la Laminine, une protéine des membranes basales qui joue un rôle important au cours de l'invasion cancéreuse. Son article fut cité 3.000 fois, première pierre à sa renommée internationale de chercheur.Son diplôme de gynécologie en poche en 1980, il a voulu montrer qu'il n'était pas seulement un homme de laboratoire, mais aussi un clinicien. " J'ai été volontaire pour créer un service de gynécologie universitaire à la maternité du Bois de l'Abbaye à Seraing ". Il a, dès 1987, créé un laboratoire universitaire de recherche en médecine de la reproduction (le Laboratoire de biologie des tumeurs et du développement). Jusqu'en 1997, il occupera la chaire de biologie à l'ULiège, puis celle de gynécologie jusque 2012. Il a ainsi participé à la formation de nombres de médecins en Belgique et à l'étranger, notamment en RDC et en Palestine où il a, avec le Dr Keutgen, développé la maternité de Bethléem.Jean-Michel Foidart a collaboré avec divers laboratoires pharmaceutiques dont Schering-AG. Les industries pharma sont puissantes mais, comme les universités, trop cloisonnées, estimet-il. On y parlait très peu à l'époque avec les Académiques. Il parviendra à y développer le contraceptif Yasmine. " J'y suis arrivé grâce au décloisonnement. Cliniciens et pharmacologues se sont parlé... Je suis un ennemi du cloisonnement. " Le Giga de l'ULiège (Groupe interdisciplinaire de génomique et de protéomique appliquée) qui compte 600 chercheurs fut initié par J. Martial, sur ce concept d'interdisciplinarité. Il dirigea le Giga de 2012 à 2015.Pionnier, Foidart a participé à la création des maternités de niveau MIC-NIC dont on disait à l'époque que cela ne servirait à rien. Il a instauré le concept de centre intégré de ménopause dans lesquels la femme peut consulter, en multidisciplinaire, un cardiologue, un gynécologue, un rhumatologue et recevoir l'avis d'un psychologue. " On ne soigne pas des maladies et des organes mais les gens ! C'est applicable à beaucoup de domaines de la médecine. Par contre, dans les domaines émergents, on ne peut pas faire un peu de tout partout. Il faut des gynécologues-oncologues avec des compétences pointues dans un domaine ", temporise-t-il.Son amour de la recherche, il a pu également l'assouvir en tant que conseiller scientifique de Mithra. Il y a développé, grâce à un subside initial de la Région wallonne, le contraceptif Estelle®avec un chiffre d'affaire évalué à plus de quatre milliards (l'autorisation de mise sur le marché est soumise aux États-Unis et en Europe). Estelle®contient, un oestrogène naturel, l'Estétrol produit par le foetus humain. Il ne modifie pas la coagulation et n'augmente donc pas le risque de phlébite et d'embolie comme la pilule traditionnelle. " Ce contraceptif est la preuve de l'efficacité de la collaboration entre secteur public (universités, Région wallonne) et privé. Aux États-Unis, temple de l'innovation, il n'y a pas ce cloisonnement entre chercheurs académiques et entreprises... La recherche fondamentale est indispensable. Mais en Europe, le chercheur se contente trop souvent de 'trouver' mais ne cherche pas à valoriser sa créativité. " Et de citer également le Levosert-Liletta, développé initialement à l'ULiège, puis grâce à la Charity Foundation de Warren Buffet. Les bénéfices des ventes aux USA permettent sa distribution gratuite en Afrique et en Asie. Il est fabriqué à Grâce-Hollogne (Liège).À 70 ans, Jean-Michel Foidart est très actif comme secrétaire perpétuel de l'Académie royale de médecine. Il y développe une vision sereine de la médecine en essayant de rassembler organisations professionnelles, ministres de tutelle, universités... " On a le système de santé qu'on mérite. En Belgique, on met trop l'accent sur la médecine spécialisée hospitalière. On doit former davantage de généralistes qui éviteraient, en première ligne, nombre d'hospitalisations. Ils demeurent les garants d'une approche globale de la santé. "Avec la Fédération européenne des académies de médecine (FEAM), Foidart fait également avancer son art avec la Commission européenne que la FEAM conseille régulièrement. Il regrette que la recherche médicale ne fasse pas partie des priorités de la nouvelle Commission présidée par Ursula von der Leyen. " Il est important de ne pas dépendre des États-Unis ", précise-t-il. Son action en Europe porte également sur l'intégrité scientifique. " Il ne faut pas attendre un procès médiatisé pour se rendre compte des fautes. "Une offre de santé publique accessible à chacun à un coût raisonnable, la promotion de la recherche fondamentale et clinique par des médecins-chercheurs, dans le respect de l'éthique et de l'intégrité scientifique, un partenariat accru entre Académies, universités, secteur privé et industrie pharma sont désormais ses priorités.