Très vite, lors de notre entretien, on sent que Jean-Marc Minon consacre l'essentiel de son temps à son métier. " C'est vrai que j'ai peu de temps pour les à-côtés. J'essaye de faire de la marche à pied, du tennis ou de la voile lorsque je suis en congé, mais j'ai du mal à trouver le temps. "

C'est que l'homme a le feu sacré. Une flamme ravivée il y a une dizaine d'années lorsque le spécialiste retrouve la clinique. " C'est une passion. Sinon, je ne me serais pas investi de la sorte. Et plus j'avance, plus je suis passionné. Cette passion vient de la clinique : le fait d'avoir des patients derrière a boosté mon dynamisme. Je comprends l'importance d'avoir rapidement des résultats. Il faut pousser les médecins biologistes à sortir de leur cave, ça me paraît essentiel. Il faut qu'ils sachent l'attente du clinicien, du patient. La collaboration avec les autres services, c'est également passionnant. "

Elisabethville-Liège

Tentons de comprendre d'où lui vient cette passion. L'homme est né à Elisabethville, dans ce que l'on appelait encore le Congo belge. " À l'époque, tous les jeunes médecins avaient deux possibilités : soit ils restaient en Belgique, soit ils partaient faire leur coopération, ou leur service militaire en Afrique. Mon père, médecin, a choisi de partir en coopération au Congo en 1958. Mon frère aîné et moimême sommes nés en Afrique, et nous sommes revenus lors de l'indépendance. "

Et c'est à Liège que Jean-Marc Minon fait ses études de médecine et se spécialise en biologie clinique. " J'ai commencé mon cursus au centre de transfusion de Liège, qui dépendait à la fois de l'Université et de la Croix rouge. J'ai trouvé mon épanouissement de médecin grâce à cette union avec la Croix rouge. J'ai complété cette formation par des formations à Paris, par exemple sur la greffe de cellules souches hématopoïétiques. Ensuite, j'ai trouvé une place dans un laboratoire privé, mais je n'y suis pas resté car ce n'était pas ce qui me plaisait le mieux. Je suis vite revenu dans le milieu hospitalier pour atterrir au CHR de la Citadelle. J'ai finalement été nommé chef de service ici il y a plus de 20 ans. "

À l'époque, le Dr Minon a déjà un fait d'arme : sa spécialisation et son goût pour la transfusion permet à l'hôpital d'être le seul de la province de Liège à avoir sa propre banque de sang et sa propre gestion du sang.

Jean-Marc Minon n'est pas rassasié pour autant puisqu'il est devenu médecin hygiéniste des Cliniques Isosl (Intercommunale de soins spécialisés de liège, notamment en santé mentale et en gériatrie, ndlr) et s'est formé en thrombose hémostase. " Une formation qui m'a permis de reprendre les consultations de ma collègue lors de son départ à la retraite. "

Côté patient

Quel est le contact du docteur avec le patient, justement ? " C'est un contact avec l'intermédiaire qui est le clinicien. Nous avons également des contacts avec les patients lorsque le prescripteur nous délègue ce contact, notamment pour ajuster un traitement. Enfin, nous avons un contact patient dans nos centres de prélèvement. Nous avons d'ailleurs développé la clientèle ambulatoire avec 45 centres de prélèvement extérieur pour aller à la rencontre du patient. "

" Plus personnellement, je m'occupe de l'unité de thrombose hémostase clinique et biologique ", ajoute le spécialiste. " J'ai donc une consultation où je vois une vingtaine de patients par jour, comme n'importe quel médecin. "

Recherche et collaboration

Le Dr Minon s'adonne volontiers à la recherche. " Ce qui me passionne, par exemple, via la transfusion, c'est la maladie hémolytique du nouveau-né. En 2002, j'ai lu une publication expliquant qu'il y avait une possibilité de déterminer le groupe sanguin de l'enfant en réalisant une prise de sang chez la maman. Je me suis dit que cela permettrait de faire des progrès dans la prise en charge de la patiente. La même année, nous avons été la première équipe belge à développer la détermination du rhésus du groupe sanguin à partir d'une prise de sang de la maman. L'avantage, c'est que cela évite la ponction amniotique chez la maman voire la ponction du sang de cordon. Ces techniques sont non seulement grevées d'un risque de fausse-couches mais également d'aggravation de la maladie hémolytique du nouveau-né. Nous sommes encore aujourd'hui le seul laboratoire à proposer cette technique en Belgique. Tous les hôpitaux belges nous réfèrent leurs patientes enceintes allo-immunisées. "

Le coeur de sa démarche : la collaboration avec les autres services. " Je considère que service de biologie clinique est au service de la clinique. " À côté de la collaboration avec la gynécologie obstétrique, il y a l'oncologie, l'anesthésie, les urgences. " Nous avons été l'un des premiers hôpitaux du pays à avoir mis en place un protocole de transfusion massive. Ce qui permet de réduire la mortalité des polytraumatisés quasiment de 40 à 50 %. C'est énorme. "

Une spécialité à part entière

L'homme, actif dans les comités et autres instances en interne, est également affairé à défendre sa vision de la biologie clinique. " Certains souhaiteraient parfois exclure la biologie clinique des spécialités médicales. Mais je considère qu'elle reste une spécialité. Je dirais, quand je vois l'activité de certains laboratoires privés, que cela devient presque des industries, avec un simple rendu de résultats. Ce n'est pas ma vision des choses. Bien sûr il faut rendre un résultat, mais avec une interprétation, avec un contact clinique, que ce soit avec le médecin prescripteur ou avec le patient. "

Cela reste un défi, notamment avec l'évolution de la technique, de l'intelligence artificielle. " Alors qu'il y a trente ans, la biologie clinique demandait des expertises techniques, la simplification induite par la technologie doit aujourd'hui nous laisser le temps de mieux remplir ce rôle de consultant vis-à-vis du clinicien ou du patient. "

Très vite, lors de notre entretien, on sent que Jean-Marc Minon consacre l'essentiel de son temps à son métier. " C'est vrai que j'ai peu de temps pour les à-côtés. J'essaye de faire de la marche à pied, du tennis ou de la voile lorsque je suis en congé, mais j'ai du mal à trouver le temps. "C'est que l'homme a le feu sacré. Une flamme ravivée il y a une dizaine d'années lorsque le spécialiste retrouve la clinique. " C'est une passion. Sinon, je ne me serais pas investi de la sorte. Et plus j'avance, plus je suis passionné. Cette passion vient de la clinique : le fait d'avoir des patients derrière a boosté mon dynamisme. Je comprends l'importance d'avoir rapidement des résultats. Il faut pousser les médecins biologistes à sortir de leur cave, ça me paraît essentiel. Il faut qu'ils sachent l'attente du clinicien, du patient. La collaboration avec les autres services, c'est également passionnant. "Tentons de comprendre d'où lui vient cette passion. L'homme est né à Elisabethville, dans ce que l'on appelait encore le Congo belge. " À l'époque, tous les jeunes médecins avaient deux possibilités : soit ils restaient en Belgique, soit ils partaient faire leur coopération, ou leur service militaire en Afrique. Mon père, médecin, a choisi de partir en coopération au Congo en 1958. Mon frère aîné et moimême sommes nés en Afrique, et nous sommes revenus lors de l'indépendance. "Et c'est à Liège que Jean-Marc Minon fait ses études de médecine et se spécialise en biologie clinique. " J'ai commencé mon cursus au centre de transfusion de Liège, qui dépendait à la fois de l'Université et de la Croix rouge. J'ai trouvé mon épanouissement de médecin grâce à cette union avec la Croix rouge. J'ai complété cette formation par des formations à Paris, par exemple sur la greffe de cellules souches hématopoïétiques. Ensuite, j'ai trouvé une place dans un laboratoire privé, mais je n'y suis pas resté car ce n'était pas ce qui me plaisait le mieux. Je suis vite revenu dans le milieu hospitalier pour atterrir au CHR de la Citadelle. J'ai finalement été nommé chef de service ici il y a plus de 20 ans. "À l'époque, le Dr Minon a déjà un fait d'arme : sa spécialisation et son goût pour la transfusion permet à l'hôpital d'être le seul de la province de Liège à avoir sa propre banque de sang et sa propre gestion du sang.Jean-Marc Minon n'est pas rassasié pour autant puisqu'il est devenu médecin hygiéniste des Cliniques Isosl (Intercommunale de soins spécialisés de liège, notamment en santé mentale et en gériatrie, ndlr) et s'est formé en thrombose hémostase. " Une formation qui m'a permis de reprendre les consultations de ma collègue lors de son départ à la retraite. "Quel est le contact du docteur avec le patient, justement ? " C'est un contact avec l'intermédiaire qui est le clinicien. Nous avons également des contacts avec les patients lorsque le prescripteur nous délègue ce contact, notamment pour ajuster un traitement. Enfin, nous avons un contact patient dans nos centres de prélèvement. Nous avons d'ailleurs développé la clientèle ambulatoire avec 45 centres de prélèvement extérieur pour aller à la rencontre du patient. "" Plus personnellement, je m'occupe de l'unité de thrombose hémostase clinique et biologique ", ajoute le spécialiste. " J'ai donc une consultation où je vois une vingtaine de patients par jour, comme n'importe quel médecin. "Le Dr Minon s'adonne volontiers à la recherche. " Ce qui me passionne, par exemple, via la transfusion, c'est la maladie hémolytique du nouveau-né. En 2002, j'ai lu une publication expliquant qu'il y avait une possibilité de déterminer le groupe sanguin de l'enfant en réalisant une prise de sang chez la maman. Je me suis dit que cela permettrait de faire des progrès dans la prise en charge de la patiente. La même année, nous avons été la première équipe belge à développer la détermination du rhésus du groupe sanguin à partir d'une prise de sang de la maman. L'avantage, c'est que cela évite la ponction amniotique chez la maman voire la ponction du sang de cordon. Ces techniques sont non seulement grevées d'un risque de fausse-couches mais également d'aggravation de la maladie hémolytique du nouveau-né. Nous sommes encore aujourd'hui le seul laboratoire à proposer cette technique en Belgique. Tous les hôpitaux belges nous réfèrent leurs patientes enceintes allo-immunisées. "Le coeur de sa démarche : la collaboration avec les autres services. " Je considère que service de biologie clinique est au service de la clinique. " À côté de la collaboration avec la gynécologie obstétrique, il y a l'oncologie, l'anesthésie, les urgences. " Nous avons été l'un des premiers hôpitaux du pays à avoir mis en place un protocole de transfusion massive. Ce qui permet de réduire la mortalité des polytraumatisés quasiment de 40 à 50 %. C'est énorme. "L'homme, actif dans les comités et autres instances en interne, est également affairé à défendre sa vision de la biologie clinique. " Certains souhaiteraient parfois exclure la biologie clinique des spécialités médicales. Mais je considère qu'elle reste une spécialité. Je dirais, quand je vois l'activité de certains laboratoires privés, que cela devient presque des industries, avec un simple rendu de résultats. Ce n'est pas ma vision des choses. Bien sûr il faut rendre un résultat, mais avec une interprétation, avec un contact clinique, que ce soit avec le médecin prescripteur ou avec le patient. "Cela reste un défi, notamment avec l'évolution de la technique, de l'intelligence artificielle. " Alors qu'il y a trente ans, la biologie clinique demandait des expertises techniques, la simplification induite par la technologie doit aujourd'hui nous laisser le temps de mieux remplir ce rôle de consultant vis-à-vis du clinicien ou du patient. "