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"On a plaidé pour qu'il y ait une inscription des techniques de l'IVG dans le cursus de médecine. Et la déclaration politique communautaire va vraiment dans ce sens. Rien ne s'est encore construit concrètement mais nous avons rendez-vous en janvier avec la ministre pour en discuter ", commente Caroline Watillon, chargée de mission IVG et contraception au sein de la Fédération laïque des centres de planning familial (FLCPF). "Nous espérons que la conception du cursus se fera en collaboration avec nous et d'autres associations afin de pallier la pénurie de médecins pratiquant l'IVG. C'est sûrement le GACEHPA (Groupe d'actions des centres extra hospitaliers qui pratiquent l'avortement) qui se chargera de l'aspect technique du cursus mais nous allons collaborer également. Ils organisent déjà la formation pour les généralistes à l'ULB, qui consiste en un demi-jour par semaine pendant deux ans. Nous devrons nous concerter pour examiner le contenu et voir comment le simplifier pour l'intégrer dans le tronc commun du cursus. "Aujourd'hui, il existe deux techniques d'IVG, une médicamenteuse et l'autre chirurgicale. Les deux techniques sont pratiquées par des médecins généralistes jusqu'à 12 semaines. La méthode chirurgicale est pratiquée sous anesthésie locale dans les plannings familiaux et sous anesthésie générale en milieu hospitalier par des gynécologues.Dans le cas où la loi autorise la pratique des IVG jusqu'à 18 semaines, les médecins devront se former à des techniques plus spécifiques aussi bien pour la pratique médicamenteuse que chirurgicale. " La technique chirurgicale pour les IVG de plus de 12 semaines demande une formation spécifique qui pourra se faire en collaboration avec des gynécologues hollandais ou espagnols par exemple. Certains gynécologues belges la pratiquent déjà dans le cas d'IMG. Dans le futur cursus, l'idéal serait que les médecins soient formés aux différentes méthodes, en fonction du nombre de semaines accepté par la loi. "" Il faut bien réfléchir à la mise en place de ce cours", prévient Caroline Watillon. " La question de la technicité est posée, l'avortement étant un geste technique pour un médecin généraliste par exemple, tandis qu'il requiert moins de technicité de la part des gynécologues."" Notre plaidoyer se base sur le constat du manque de médecins pratiquant l'IVG. Rien que dans notre fédération, nous comptons 79 médecins généralistes dont 20% ont plus de 55 ans. Et la pénurie est encore plus flagrante dans le sud du pays. Dans certaines régions, la problématique de la clause de conscience institutionnelle dans certains hôpitaux est un véritable frein à l'accès à ce droit ", poursuit la chargée de mission de la FLCPF." De moins en moins de médecins se dirigent vers la médecine sociale et en outre, l'IVG n'est pas ou peu abordée dans les études de médecine. Ce n'est que récemment que le tabou se lève, petit à petit. Peu de jeunes se lancent dans la médecine en pensant en premier lieu à pratiquer cet acte pourtant indispensable pour les femmes qui le souhaitent. "Afin de sensibiliser les médecins à cette pratique, la FLCPF est en train de réaliser, en collaboration avec le CVB, une vidéo dans laquelle des médecins s'adressent aux médecins. Celle-ci sera présentée et diffusée en avant-première lors des 30 ans de la loi Lallemand-Michielsen, le 2 avril prochain.La fédération collabore également avec l'ULB dans le cadre du cours travail de recherche en socio-anthropologie, dont les étudiants travaillent sur les freins et les incitants à cette pratique." Différentes hypothèses sont explorées, elles concernent les freins, comme l'effet rémunérateur ; ce n'est pas une pratique qui rapporte de l'argent ", précise Caroline Watillon. " Un autre groupe travaille sur les croyances individuelles à mettre en lien principalement avec la clause de conscience individuelle. Une autre question relevante reste de savoir qui va pratiquer l'avortement car il s'agit d'un acte simple pour les gynécologues et plus compliqué pour les généralistes ; alors même que certains gynécologues ne considèrent pas cette pratique comme relevant du domaine des généralistes. Par ailleurs, l'IVG est souvent vue comme une pratique militante, mais notre volonté est de montrer en quoi il s'agit surtout d'un acte de santé publique. "Une autre mesure prise par le gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles qui remporte les faveurs des associations est la création dans les hautes écoles et universités d'une formation continue interdisciplinaire d'éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras). Une formation qui permettra de donner tous les outils à la population (enfants, jeunes et adultes) pour avoir une vie relationelle et sexuelle épanouie. " Tous les acteurs de la santé devraient être formés à l'Evras ", estime Sofia Seddouk, référente Evras pour la FLCPF . " Il faut une réelle formation dans les cursus de la santé qui sont restés sur le côté biomédical du métier. La sexualité reste un tabou. "Reste encore à préciser le contenu de cette formation continue ainsi que le public auquel elle sera destinée.