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La technologie ISA ( Intelligent Sensor for Ageing) est un système trois en un qui permet de détecter les chutes, de monitorer le patient et d'alerter le personnel soignant. Éric Krzeslo, CEO de MintT, parle de sa solution comme une " intelligence ambiante ". " Le principe est que l'on ne veut pas que la technologie soit envahissante. " Comprenez : il faut que la technologie fonctionne sans que le patient s'en rende compte ou ait besoin de faire quelque chose.ISA est donc composée d'un senseur côté patient et d'une plate-forme digitale côté soignant. " Le capteur peut être fixé sur le mur, sur le plafond, dans les lampes. Comme on veut, tant que l'on a une vue sur la zone à surveiller. Dans ce capteur, connecté au cloud, tournent des algorithmes d'analyse. Le cloud permet d'agréger ces données et de renvoyer l'information à la personne qui en a besoin et sous le bon format : il faut que l'information arrive chez l'infirmier de la manière la plus simple et la plus efficace possible. "Un patient est opéré et ne peut, suite à son opération, sortir de son lit. L'attacher paraît délicat et on installe donc la solution ISA. Grâce à elle, le soignant peut gérer jusqu'à 25 lits en même temps (via un tableau de bord) et peut intervenir en cas de sortie de lit, voire de chute. " Attention, le but n'est pas de réduire le personnel mais bien de l'aider avec des outils fonctionnels ", précise Éric Krzeslo, non sans rapport avec l'actualité des blouses blanches.Si une chute se produit, ISA envoie un message vocal sur le téléphone de service du soignant. " La solution n'a besoin d'aucune intégration avec le système existant. L'infirmier reçoit simplement un message vocal qui signale une chute chambre un tel du service gériatrie. C'est très simple. Lorsque l'infirmier raccroche, le système sait que l'incident est pris en charge. "Cette simplicité permet à ISA d'être déployée très rapidement dans n'importe quelle institution de soins. " La solution est liée aux chambres et non aux personnes. On a décidé de ne pas gérer les données personnelles des patients car cela n'a aucun intérêt pour nous. Cela nous aurait forcé à nous intégrer à tous les systèmes existants, ce qui est impossible aujourd'hui. Mais grâce à cela, nous pouvons déployer notre outil en un jour dans n'importe quel hôpital. Et alors, petit à petit, l'intégration peut se faire. "L'anonymisation des personnes est également permise par le capteur en luimême, qui n'est pas une caméra, mais un senseur 3D, qui enregistre un nuage de points en trois dimensions. Cela ne donne donc pas d'image mais une distance par points. L'image est reconstituée en aval pour qu'elle soit compréhensible : on y reconnaît donc personne. " Qui plus est, ce capteur peut être désactivé par respect pour la vie privée par exemple ", ajoute Jérôme Laurent-Michel, infirmier et fondateur de MintT.ISA est composée d'un capteur et d'uni dashboard qui se retrouve sur une tablette ou un smartphone. " Le raisonnement est simple : lorsqu'il y a une chute ou une sortie de lit, il y a une alerte ", explique le CEO de MintT. " En plus, il y a la possibilité de voir l'ensemble de son service. Par des icônes, on connaît la situation des chambres : rien à signaler, sortie de lit, agitation et chute. "Le tableau de bord permet en outre d'analyser chaque chute. " Une séquence de deux minutes précède chaque événement. Ce qui permet au personnel soignant de voir ce qui s'est passé avant. À côté de ça, nous proposons également une analyse sur sept jours de l'agitation et du sommeil. "Enfin, si une chute est confirmée, elle est immédiatement répertoriée dans le registre de chutes, qui est une obligation dans les hôpitaux. " Cette action automatisée permet de gagner dix minutes de temps administratif par chute et permet d'éviter d'éventuelles erreurs ", détaille le CEO.Un temps salvateur par les temps qui courent. " Trente patients très lourds par service, la nuit, quand on est seul, gérer les chimios, les personnes confuses et les chutes...à long terme, c'est invivable ", confirme l'infirmier. " Amener ce genre de technologies est indispensable aujourd'hui ", ajoute Éric krzeslo. " Nous voulons surtout apporter un outil utile au quotidien afin de réduire le stress du personnel de santé. On a ici la possibilité d'avoir 25 chambres sous les yeux très facilement et de diminuer la charge administrative. "L'outil est déjà déployé. On le retrouve au CHU St-pierre, au Chwapi et d'autres hôpitaux sont en cours de déploiement en Wallonie et en Flandre. Il aura cependant fallu quatre ans de développement pour que l'outil voie le jour. " Nous avons collaboré avec le CHU St-Pierre et récolté plus de 60.000 heures de données avec nos capteurs dans les chambres de patients pour développer nos algorithmes ", explique Éric Krzeslo." Cela nous a permis de comprendre comment les patients chutaient ", embraye Jérôme Laurent-Michel. " Pour la petite histoire, j'ai moi-même simulé des chutes, pour comprendre comment tombaient mes patients. J'ai donc mis mes protections de skate, j'ai mis un prototype pour enregistrer et je suis tombé 130 fois. Lorsque l'on a fait des captations réelles en service de gériatrie et que l'on a observé les chutes des patients, il n'y en a pas une que j'ai simulée qui était similaire à ce que l'on a vu. D'un point de vue métier, c'est déjà un apprentissage. "Ces données récoltées permettront à terme de comprendre quels types de comportement sont prédictifs d'une chute. Mais dès aujourd'hui, la grande quantité de chutes collectées permet d'informer les soignants sur les types de chute et sur les solutions à apporter à certains problèmes simples : une chaise roulante ou un meuble mal placé. " C'est un véritable support de formation ", commente Jérôme Laurent-Michel. " À St-Pierre, on analyse le dashboard. L'image permet de justifier des recommandations scientifiques existantes mais non suivies car trop floues ou pas assez précises pour l'infirmier. "" On a clairement l'ambition de continuer à développer de nouvelles fonctionnalités, de nouvelles analyses, mais on le fait étape par étape " , conclut le CEO.