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Le passage de témoin entre le nouveau directeur général de cette institution, Jean-François Ghidetti, et son précédent directeur général et médical, le Dr Pétein, est une occasion idéale pour présenter l'IPG. " Notre institution pèche parfois par excès de modestie parce qu'elle est trop concentrée sur son travail et la collaboration avec ses partenaires, constate Jean-François Ghidetti. Nous ne communiquons pas lorsque nous engageons de nouveaux talents ou acquérons de nouvelles technologies de pointe. Nous collaborons avec les plus grands acteurs scientifiques, entre autres en matière de séquençage de l'ADN. "L'IPG, c'est 280 personnes et de la technologie de pointe, des coursiers qui parcourent toute la Wallonie et Bruxelles pour chercher des échantillons et les traiter. "Ce fleuron scientifique se situe dans un aéropôle à Gosselies qui est un poumon économique et scientifique wallon, commente Jean-François Ghidetti. A la veille d'une grande réforme du secteur hospitalier, nous sommes là pour accompagner nos partenaires, hôpitaux et médecins. Nous ne voulons pas être un grain de sable qui enraie la mécanique. Au contraire, nous souhaitons être à la base de la réflexion pour leur dire que dans les domaines que nous maîtrisons - la biologie moléculaire, la génétique et l'anatomopathologie - nous pouvons les aider. Dans certains hôpitaux, nous avons repris la gestion de tout le service de pathologie. Dans d'autres, nous venons simplement en support. Notre volonté est de travailler en parfaite synergie avec ces autres acteurs."Dans son modèle de fonctionnement, l'IPG a été précurseur puisque dès le départ ce laboratoire a décidé de travailler pour d'autres institutions de soins, une sorte d'outsourcing avant l'invention du mot. La structure de l'IPG est aussi originale. Il s'agit d'une ASBL, indépendante de toutes autres structures (universités, pouvoirs locaux...). "A sa création, la volonté de l'IPG était ,dans une Wallonie qui ne compte qu'une seule université de médecine, de mettre à disposition des hôpitaux de Charleroi et de Namur des spécialistes afin de réaliser des examens d'anatomopathologie en cours d'opération, explique le Dr Pétein, directeur médical. Cette collaboration marquait la volonté de ces partenaires hospitaliers d'avoir un partenaire sérieux actif à la fois dans l'analyse, la recherche et le développement. Ces partenaires sont majoritaires au sein du conseil d'administration."Le directeur médical, qui a également exercé la direction générale de l'institution durant plusieurs années, remarque que les connaissances scientifiques et le métier ont beaucoup évolué ces dernières années. Et d'illustrer ces changements par un exemple : on ne soigne plus du tout de la même façon un cancer du sein aujourd'hui qu'il y a 30 ans. Les analyses réalisées sont aussi très différentes. "L'anatomopathologie ne peut plus se faire sans l'immunohistochimie, qui déborde de plus en plus sur la biologie moléculaire et qui a des ramifications génétiques. C'est déjà l'approche pour les cancers du sein et du colon et sans doute, lorsqu'on aura trouvé, pour le cancer de la prostate. Certains médicaments seront remboursés à partir du moment où la biologie moléculaire aura démontré certaines translocations et d'autres anomalies. A l'IPG, lorsqu'on s'aperçoit qu'il faut réaliser des examens complémentaires, on les fait. Notre laboratoire est intégré. Il est au service de l'oncologue. Notre statut d'ASBL nous permet d'avoir cette approche non-lucrative."" Notre structure en ASBL est un formidable outil, nous ne devons pas fournir de dividendes à des actionnaires, complèteJean-François Ghidetti. Je salue les fondateurs de l'IPG qui nous ont transmis cette structure, un outil qui travaille pour l'humain avec l'humain."L'IPG est le seul centre non-universitaire agréé pour réaliser des tests génétiques. " L'anatomopathologie est une discipline qui n'évolue plus beaucoup. L'immunohistochimie est bien maîtrisée. Par contre, d'autres technologies constamment. Il faut réaliser des investissements considérables en personnel et matériel. Rentabiliser ces fonctions est très difficile. Les remboursements Inami ne sont pas très élevés mais les investissements sont considérables. Grâce à la masse critique de l'IPG, qui rayonne sur de nombreux hôpitaux, nous pouvons boucler notre budget. L'appareil qui sert à faire une analyse rare sera utilisé régulièrement parce que nous travaillons pour plusieurs établissements. Nous avons été les premiers avec la KUL a proposé le test NIPT. Ce n'est pas un hasard. C'est le fruit d'un projet scientifique, autofinancé. Nous incitons nos collaborateurs à développer des projets." Un budget conséquent est attribué chaque année par le conseil d'Administration de l'IPG à des projets scientifiques internes ou en partenariat.Le directeur médical et le nouvel directeur général estiment que les réseaux hospitaliers sont une énorme opportunité pour l'IPG. "Nous pourrons apporter des solutions clés sur porte aux nouvelles entités hospitalières qui vont se former. Celles-ci éprouvent des difficultés à recruter des généticiens et des pathologistes. Il ne se passe pas un mois sans que je reçoive des demandes d'institutions étrangères, françaises ou suisses, qui veulent engager un spécialiste. La concurrence européenne est dramatique, remarque le Dr Pétein. Les laboratoires médicaux ne peuvent pas se permettre de proposer des diagnostics imprécis ou incomplets. Les hôpitaux doivent s'interroger : travailler tout seul ou collaborer avec un centre spécialisé pour atteindre un niveau plus élevé en qualité et sécurité. Je suis convaincu qu'il vaut mieux s'adresser à une structure existante disposant de la taille critique et soucieuse de rendre les services les plus complets aux structures hospitalières." C'est déjà le cas dans d'autres pays. Aux Pays-Bas, les hôpitaux doivent s'adresser à des centres d'anatomopathologie de la taille de l'IPG." Nous avons depuis toujours une volonté d'indépendance, notre conseil d'administration ne compte pas de représentants de l'UCL, ULg ou de l'ULB. Les médecins sont engagés pour leurs qualités, sans tenir compte de leur appartenance universitaire . Nous avons une très belle bibliothèque scientifique. Nous investissons 100.00 euros par an en abonnements. Nous travaillons en réseau avec d'autres bibliothèques universitaires avec qui nous partageons l'accès à des revues universitaires coûteuses "L'IPG s'est doté d'un Conseil scientifique, qui assiste les gestionnaires et le conseil d'administration de l'institution lors de décisions stratégiques. Au départ, il s'agissait d'un Conseil médical, à l'instar de ce qui existe dans les hôpitaux. Ce CM a ensuite été élargi à des non-médecins : biologistes, pharmaciens... Ce Conseil scientifique a à peu près les mêmes pouvoirs qu'un Conseil médical. Le conseil d'administration est composé de professionnels, dont des représentants des hôpitaux partenaires, des cadres de l'IPG et de deux administrateurs indépendants. " L'objectif du CA est de faire évoluer l'IPG en fonction des avancées scientifiques et de répondre au mieux aux demandes de nos hôpitaux partenaires dans une relation " win-win " ", précise le Dr Pétein."Mon job sera de trouver la meilleure trajectoire pour l'IPG, annonce le nouveau directeur général, Jean-François Ghidetti. Elle sera plurielle. Certaines trajectoires seront plus percutantes que d'autres. Nous devons immanquablement renforcer notre maillage avec nos partenaires actuels mais aussi avec les autres structures qui font un métier comparable au nôtre. D'autres laboratoires vont devoir anticiper l'avenir. Nous serons toujours ouverts à la discussion." Prévoyants, les concepteurs du bâtiment actuel (inauguré en septembre 2006) ont conservé de l'espace pour pouvoir ajouter des ailes au bâtiment principal. Le développement de l'IPG est donc loin d'être terminé, une extension de 600m2 est en cours d'élaboration.