On veut sans cesse tout prévoir, tout maîtriser, à l'échelle individuelle comme sociétale, et on redécouvre soudain que c'est un leurre : un grain de sable peut à tout moment survenir et gripper la machine d'une société hyperconnectée, les consignes du matin étant à reconsidérer le soir même et la bonne gouvernance se définissant davantage par la gestion de l'incertitude que par l'application de normes.

Les images de Milan, Madrid, Paris (en attendant Bruxelles) désertées par leurs habitants impressionnent. Revient à la mémoire le film Un soir, un train d'André Delvaux et ce convoi ralentissant dans la campagne déserte jusqu'à s'arrêter complètement, laissant ses passagers dans la solitude et l'anxiété. Dans la réflexion aussi sur les liens qui les unissent, la solidarité qui doit se mettre en place et l'interrogation sur le sens de leur voyage, belle allégorie de cette situation inédite qui nous frappe. Et si nous saisissions ce ralentissement imposé comme une chance ?

Puisqu'on ne peut modifier les consignes, libre à nous de les vivre d'une manière positive et de les prendre comme une opportunité plus qu'une pénalité, don inattendu d'une pause dans les obligations trépidantes, d'un ralentissement au bénéfice d'un temps retrouvé. Sur le plan professionnel, d'aucuns y verront peut-être la fenêtre de tir autorisant enfin de modifier des habitudes figées en obligations, des modes de fonctionnement devenus désuets, des consultations de complaisance motivées par des affections bénignes ou par la seule remise d'un certificat. Comme l'écrit bien Béatrice Delvaux dans un récent éditorial : "Qui serons-nous au terme de cette quarantaine ? Reprendrons-nous les choses comme nous les avons laissées ? Aurons-nous la force de tirer les conclusions de ce moment inouï ? Ou réanimerons-nous, tête baissée, le monde d'avant pour mieux oublier que nous avons failli y passer ?"

Le confinement "alla casa" n'est pas un emprisonnement mais une occasion inattendue d'un voyage intérieur et d'un retour à l'essentiel. Moment propice à la découverte des vertus de solidarité et de générosité, de prise de responsabilité pour ceux qui nous gouvernent, de réconfort pour ceux qui soignent.À Sienne, on peut entendre plusieurs personnes qui chantent en choeur par leurs fenêtres, emplissant la rue du quartier d'une onde d'espoir et de solidarité : un touchant acte d'humanité, alors que le monde autour d'eux est dans un chaotique branle-bas de combat face au virus. Bel exemple de créativité dont chacun peut s'inspirer pour affronter la triple épidémie simultanée du virus, de la peur et du quant-à-soi, la pire n'étant pas celle qu'on pense.

On veut sans cesse tout prévoir, tout maîtriser, à l'échelle individuelle comme sociétale, et on redécouvre soudain que c'est un leurre : un grain de sable peut à tout moment survenir et gripper la machine d'une société hyperconnectée, les consignes du matin étant à reconsidérer le soir même et la bonne gouvernance se définissant davantage par la gestion de l'incertitude que par l'application de normes.Les images de Milan, Madrid, Paris (en attendant Bruxelles) désertées par leurs habitants impressionnent. Revient à la mémoire le film Un soir, un train d'André Delvaux et ce convoi ralentissant dans la campagne déserte jusqu'à s'arrêter complètement, laissant ses passagers dans la solitude et l'anxiété. Dans la réflexion aussi sur les liens qui les unissent, la solidarité qui doit se mettre en place et l'interrogation sur le sens de leur voyage, belle allégorie de cette situation inédite qui nous frappe. Et si nous saisissions ce ralentissement imposé comme une chance ?Puisqu'on ne peut modifier les consignes, libre à nous de les vivre d'une manière positive et de les prendre comme une opportunité plus qu'une pénalité, don inattendu d'une pause dans les obligations trépidantes, d'un ralentissement au bénéfice d'un temps retrouvé. Sur le plan professionnel, d'aucuns y verront peut-être la fenêtre de tir autorisant enfin de modifier des habitudes figées en obligations, des modes de fonctionnement devenus désuets, des consultations de complaisance motivées par des affections bénignes ou par la seule remise d'un certificat. Comme l'écrit bien Béatrice Delvaux dans un récent éditorial : "Qui serons-nous au terme de cette quarantaine ? Reprendrons-nous les choses comme nous les avons laissées ? Aurons-nous la force de tirer les conclusions de ce moment inouï ? Ou réanimerons-nous, tête baissée, le monde d'avant pour mieux oublier que nous avons failli y passer ?"Le confinement "alla casa" n'est pas un emprisonnement mais une occasion inattendue d'un voyage intérieur et d'un retour à l'essentiel. Moment propice à la découverte des vertus de solidarité et de générosité, de prise de responsabilité pour ceux qui nous gouvernent, de réconfort pour ceux qui soignent.À Sienne, on peut entendre plusieurs personnes qui chantent en choeur par leurs fenêtres, emplissant la rue du quartier d'une onde d'espoir et de solidarité : un touchant acte d'humanité, alors que le monde autour d'eux est dans un chaotique branle-bas de combat face au virus. Bel exemple de créativité dont chacun peut s'inspirer pour affronter la triple épidémie simultanée du virus, de la peur et du quant-à-soi, la pire n'étant pas celle qu'on pense.