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Le CHU de Charleroi et le Centre de dialyse du Mambourg se sont mis il y a trois ans à la recherche d'un système permettant de réaliser des dialyses à domicile. "Depuis 2 ans, nous utilisons une machine qui fonctionne avec un dialysat qui est déjà préparé dans des poches et qui possède un logiciel de calcul permettant de connaître la quantité exacte à donner au patient, et donc la quantité minimale et le nombre d'heures qu'il faut pour le dialyser, explique le Dr Serge Treille, chef du service de dialyse du CHU de Charleroi et du Centre de dialyse du Mambourg.Nous utilisons un dialysat à plus faible débit dans ce type de machine que dans celles que nous employons à l'hôpital. Il faut donc plus de temps pour réaliser l'épuration. Le patient doit en général faire six dialyses par semaine."Le grand avantage de ce système mobile est qu'il est nettement moins onéreux pour le patient."La consommation d'énergie de la machine est très faible. Elle fonctionne sur 10 ampères. Il ne faut pas disposer d'une installation particulière. La consommation d'eau supplémentaire est nulle. Avant, en utilisant d'autres appareils, les patients se retrouvaient avec des consommations d'eau s'élevant à 800 euros par an parce qu'il faut de l'eau pour faire la dialyse et régénérer l'osmoseur. Le patient reçoit une indemnité de 6,44 euros par dialyse pour ses frais d'eau et d'électricité de la part de l'hôpital."Le patient dialysé à domicile se rend une fois par mois à l'hôpital pour effectuer une consultation de contrôle. Durant la consultation, l'opérateur lit les données enregistrées par l'appareil au domicile et les analyse pour voir si le patient suit bien son programme. Un BCM (body composition monitor) est effectué. Le patient profite de la consultation pour se faire dialyser au centre et recevoir des conseils éducationnels. "Le patient a une autonomie parfaite du point de vue de son traitement mais on le tient à l'oeil", souligne le néphrologue.L'hôpital a mis au point un système de gestion des déchets biologiques. Une navette vient chercher les containers au domicile du patient. Lorsque les patients viennent à la consultation, ils repartent avec des containers vides. La dialyse à domicile bénéfice depuis le 1er août 2016 d'un remboursement plus élevé que par le passé. "La ministre De Block voulant promouvoir la dialyse à domicile, le remboursement de la dialyse est passé de 875 euros par semaine à 300 euros par dialyse. Pour un patient qui effectue 6 dialyses par semaine, la différence est importante", commente le chef de service. Rappelons que les néphrologues ont signé, il y a juste un an, une nouvelle convention avec Maggie De Block qui fixe le recours aux formes alternatives de dialyse à hauteur de 40%. Le service de dialyse du CHU Marie Curie compte soigner 25 patients à domicile d'ici 3 ans. "Je suis garant de ces 40% de "dialyse alternative" auprès de ma direction. Nous y arrivons, confie le chef de service.Entre autres, grâce à notre activité de transplantation qui est élevée. Nous réalisons entre 12 et 20 greffes par an. Certains centres n'atteignent pas les 40% de "dialyse alternative". La ministre n'a pas encore indiqué les mesures, vraisemblablement financières, qui toucheront ces centres..." L'appareil de dialyse à domicile est loué par l'hôpital à la firme qui assure son entretien. Fort de son expérience, le service de néphrologie du CHU Marie Curie a déjà pu faire profiter d'autres institutions des protocoles mis en place et des modes d'emploi traduits pour les patients. "Depuis fin 2016, nous participons à la formation du service de dialyse d'Ambroise Paré, de celui de Saint-Joseph à Mons, de Sainte-Elisabeth. Nos infirmiers et infirmières spécialisées donnent des formations à l'éducation des patients dans ces centres ou dans notre institution. Cette formation du patient dure plus ou moins six semaines."Le Dr Treille estime que le patient qui a été en dialyse péritonéale après une transplantation qui a échoué est souvent un bon candidat pour une hémodialyse à domicile. "Il a déjà l'habitude d'une autonomie relative et a souvent envie de poursuivre sa vie de cette façon en attendant une deuxième transplantation. Le passage de l'hémodialyse en centre à l'hémodialyse à domicile est moins fréquent. Nous avons tout de même des patients qui ont choisi cette option. Nous remarquons qu'il est difficile de présumer de la capacité d'un patient à se débrouiller seul chez lui même s'il ne faut pas être ingénieur pour se dialyser à domicile." Le patient est accompagné durant tout son apprentissage par un(e) infirmier(ère). "Le patient est responsabilisé. Ce qui contribue à l'amélioration de sa qualité de vie."Une visite préalable au traitement est effectuée au domicile pour vérifier si les conditions d'hygiène sont suffisantes. Le centre fournit au patient à domicile un fauteuil confortable. Les infirmiers de garde et les techniciens de la firme sont appelables en cas de problème avec le matériel. "On continue de voir ces patients tous les mois pour qu'ils restent en contact avec l'institution", souligne le Dr Treille. "D'autant plus que dans un service de dialyse, nous formons une grande famille parce que nous nous voyons très régulièrement."