Les Centers for Disease Control and Prevention, l'American College of Obstetricians and Gynecologists et la Society for Maternal and Fetal Medicine ont intensifié les appels pour que les femmes enceintes se fassent vacciner. "Les chiffres que donnent les études internationales s'expliquent en fait par la physiologie même de la femme enceinte", explique d'emblée le Pr Frédéric Debiève, chef de service d'Obstétrique des cliniques universitaires St-Luc (UCLouvain) à Bruxelles. "Elle entraîne le fait que les complications sont plus nombreuses et plus sévères. C'est un phénomène que l'on avait déjà constaté lors de la pandémie de grippe H1N1, où davantage de parturientes s'étaient retrouvées aux soins intensifs, sous oxygène, alors qu'aucune autre raison que la grossesse n'était mise en cause pour expliquer cette différence de résultat."

Mais quels éléments précis de la physiologie sont-ils en cause? "Ils sont nombreux, mais on peut estimer que la présence du ventre comprime les poumons, ce qui amplifie le phénomène de complication pulmonaire. Le diaphragme, le muscle qui sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale et qui est le principal moteur de la respiration, est fort compressé lors d'une grossesse, ce qui peut accentuer les conséquences en cas de pneumonie causée par le Covid. C'est ce qui explique que les femmes enceintes sont aussi plus nombreuses à devoir recourir à l'ECMO et à devoir le faire plus tôt". Pour rappel, l'ECMO (pour "extracorporeal membrane oxygenation", oxygénation par membrane extracorporelle) est une technique qui canalise le sang hors du corps et dans un circuit qui ajoute de l'oxygène directement au sang avant de le renvoyer dans la circulation. Elle constitue une option de dernier recours et d'après des études publiée dans le Lancet, provoque une augmentation significative de la survie pour la majorité des patients atteints de formes très sévères de Covid-19. "Cela reste toutefois une technique relativement invasive. On doit mettre la patiente sous anticoagulants, utiliser des canules qui demandent une surveillance étroite", souligne le professeur Frédéric Debiève. "Il faut donc l'utiliser à bon escient en ayant conscience des risques spécifiques en fonction du profil de la patiente."

Debiève: "Il y a eu de nombreuses fake news sur grossesse et vaccin"

Constate-t-on aussi en Belgique que davantage de femmes enceintes jeunes et en bonne santé se retrouvent hospitalisées sous ventilateurs? " C'est tout à fait le cas. C'est d'abord la conséquence indirecte du taux de vaccination qui augmente et qui fait que moins de patients âgés non vaccinés se présentent à nous. Mais cela entraîne que nous voyons des patients plus jeunes et qui se croient à tort à l'abri du virus parce qu'ils sont passés 'à travers' des premières vagues. C'est évidemment un raisonnement fallacieux pour un virus qui se propage aussi facilement par voie aérienne. Il faut aussi compter avec la contagiosité du variant Delta, qui frappe davantage et, semble-t-il selon certains chiffres, davantage les couches plus jeunes de la population."

Le spécialiste insiste: "Il faut vraiment insister pour que toutes les femmes enceintes, et ceci quel que soit le trimestre, ainsi que les femmes qui ont le projet de faire un enfant, se fassent vacciner. Il y a eu beaucoup de fake news sur des malformations possibles et autres risques qui ne sont absolument pas observés dans la vie réelle. Des dizaines de milliers de bébés sont nés dans le monde de femmes vaccinées et aucune malformation n'a été constatée. Ni la stérilité des futures mères ou une augmentation des fausses couches, ce que certains manifestants affirment impunément chaque week-end. On sait par contre les conséquences délétères que peut entraîner le Covid sur la future maman et son bébé. Certaines nous disent qu'elles 'font attention' ou qu'elles 'se protègent'. Mais la réalité est que tout le monde est à risque de contracter la maladie. Seul le vaccin peut efficacement vous donner une protection".

Judette Louis, présidente du Collège de médecine obstétrique et gynécologie de l'Université de Floride du Sud, souligne que la grande majorité des personnes enceintes hospitalisées avec Covid ne sont pas vaccinées. "Nous avons eu quelques patientes vaccinées qui ont dû être hospitalisées, mais elles ne se sont jamais retrouvées sous respirateur", explique le Dr Louis.

15 fois plus de risque de décéder du Covid

Les médecins mettent en évidence des études montrant à quel point il peut être dangereux pour les personnes enceintes d'attraper le Covid. Les femmes enceintes atteintes de Covid-19 sont 15 fois plus susceptibles de mourir, 14 fois plus susceptibles d'avoir besoin d'être intubées et 22 fois plus susceptibles d'avoir un accouchement prématuré que celles qui ne sont pas infectées, selon une étude publiée ce mois-ci dans le JAMA. Prendre soin de patientes enceintes de Covid peut également être plus difficile. Leurs niveaux d'oxygène doivent être plus élevés pour s'assurer que le foetus en a également assez, et mettre quelqu'un sur le ventre pour faciliter la respiration - position dite "de pronation" - peut être "plus difficile si quelqu'un est plus avancé dans sa grossesse", explique Nida Qadir, directeur de l'Unité de soins intensifs du Ronald Reagan UCLA Medical Center.

Plus des trois quarts des femmes enceintes aux États-Unis ne sont pas vaccinées, selon le CDC. "C'est assez dramatique, des campagnes d'information sont nécessaires pour expliquer que le vaccin est sûr et protecteur pour la mère et l'enfant", exhorte le professeur Frédéric Debiève. "Car les conséquences peuvent être dramatiques. Aux cliniques Saint-Luc, nous avons même dû déplorer un décès alors que tout avait été fait pour l'éviter. Et il serait faux de penser que mettre fin prématurément à la grossesse par une césarienne améliore le tableau clinique. Toute chirurgie, qu'il s'agisse, d'une chirurgie cardiaque, d'un appendice ou d'une césarienne représente un risque pour un malade du Covid, car elle risque de précipiter les complications du Covid."

Les Centers for Disease Control and Prevention, l'American College of Obstetricians and Gynecologists et la Society for Maternal and Fetal Medicine ont intensifié les appels pour que les femmes enceintes se fassent vacciner. "Les chiffres que donnent les études internationales s'expliquent en fait par la physiologie même de la femme enceinte", explique d'emblée le Pr Frédéric Debiève, chef de service d'Obstétrique des cliniques universitaires St-Luc (UCLouvain) à Bruxelles. "Elle entraîne le fait que les complications sont plus nombreuses et plus sévères. C'est un phénomène que l'on avait déjà constaté lors de la pandémie de grippe H1N1, où davantage de parturientes s'étaient retrouvées aux soins intensifs, sous oxygène, alors qu'aucune autre raison que la grossesse n'était mise en cause pour expliquer cette différence de résultat."Mais quels éléments précis de la physiologie sont-ils en cause? "Ils sont nombreux, mais on peut estimer que la présence du ventre comprime les poumons, ce qui amplifie le phénomène de complication pulmonaire. Le diaphragme, le muscle qui sépare la cavité thoracique de la cavité abdominale et qui est le principal moteur de la respiration, est fort compressé lors d'une grossesse, ce qui peut accentuer les conséquences en cas de pneumonie causée par le Covid. C'est ce qui explique que les femmes enceintes sont aussi plus nombreuses à devoir recourir à l'ECMO et à devoir le faire plus tôt". Pour rappel, l'ECMO (pour "extracorporeal membrane oxygenation", oxygénation par membrane extracorporelle) est une technique qui canalise le sang hors du corps et dans un circuit qui ajoute de l'oxygène directement au sang avant de le renvoyer dans la circulation. Elle constitue une option de dernier recours et d'après des études publiée dans le Lancet, provoque une augmentation significative de la survie pour la majorité des patients atteints de formes très sévères de Covid-19. "Cela reste toutefois une technique relativement invasive. On doit mettre la patiente sous anticoagulants, utiliser des canules qui demandent une surveillance étroite", souligne le professeur Frédéric Debiève. "Il faut donc l'utiliser à bon escient en ayant conscience des risques spécifiques en fonction du profil de la patiente."Constate-t-on aussi en Belgique que davantage de femmes enceintes jeunes et en bonne santé se retrouvent hospitalisées sous ventilateurs? " C'est tout à fait le cas. C'est d'abord la conséquence indirecte du taux de vaccination qui augmente et qui fait que moins de patients âgés non vaccinés se présentent à nous. Mais cela entraîne que nous voyons des patients plus jeunes et qui se croient à tort à l'abri du virus parce qu'ils sont passés 'à travers' des premières vagues. C'est évidemment un raisonnement fallacieux pour un virus qui se propage aussi facilement par voie aérienne. Il faut aussi compter avec la contagiosité du variant Delta, qui frappe davantage et, semble-t-il selon certains chiffres, davantage les couches plus jeunes de la population."Le spécialiste insiste: "Il faut vraiment insister pour que toutes les femmes enceintes, et ceci quel que soit le trimestre, ainsi que les femmes qui ont le projet de faire un enfant, se fassent vacciner. Il y a eu beaucoup de fake news sur des malformations possibles et autres risques qui ne sont absolument pas observés dans la vie réelle. Des dizaines de milliers de bébés sont nés dans le monde de femmes vaccinées et aucune malformation n'a été constatée. Ni la stérilité des futures mères ou une augmentation des fausses couches, ce que certains manifestants affirment impunément chaque week-end. On sait par contre les conséquences délétères que peut entraîner le Covid sur la future maman et son bébé. Certaines nous disent qu'elles 'font attention' ou qu'elles 'se protègent'. Mais la réalité est que tout le monde est à risque de contracter la maladie. Seul le vaccin peut efficacement vous donner une protection".Judette Louis, présidente du Collège de médecine obstétrique et gynécologie de l'Université de Floride du Sud, souligne que la grande majorité des personnes enceintes hospitalisées avec Covid ne sont pas vaccinées. "Nous avons eu quelques patientes vaccinées qui ont dû être hospitalisées, mais elles ne se sont jamais retrouvées sous respirateur", explique le Dr Louis. Les médecins mettent en évidence des études montrant à quel point il peut être dangereux pour les personnes enceintes d'attraper le Covid. Les femmes enceintes atteintes de Covid-19 sont 15 fois plus susceptibles de mourir, 14 fois plus susceptibles d'avoir besoin d'être intubées et 22 fois plus susceptibles d'avoir un accouchement prématuré que celles qui ne sont pas infectées, selon une étude publiée ce mois-ci dans le JAMA. Prendre soin de patientes enceintes de Covid peut également être plus difficile. Leurs niveaux d'oxygène doivent être plus élevés pour s'assurer que le foetus en a également assez, et mettre quelqu'un sur le ventre pour faciliter la respiration - position dite "de pronation" - peut être "plus difficile si quelqu'un est plus avancé dans sa grossesse", explique Nida Qadir, directeur de l'Unité de soins intensifs du Ronald Reagan UCLA Medical Center. Plus des trois quarts des femmes enceintes aux États-Unis ne sont pas vaccinées, selon le CDC. "C'est assez dramatique, des campagnes d'information sont nécessaires pour expliquer que le vaccin est sûr et protecteur pour la mère et l'enfant", exhorte le professeur Frédéric Debiève. "Car les conséquences peuvent être dramatiques. Aux cliniques Saint-Luc, nous avons même dû déplorer un décès alors que tout avait été fait pour l'éviter. Et il serait faux de penser que mettre fin prématurément à la grossesse par une césarienne améliore le tableau clinique. Toute chirurgie, qu'il s'agisse, d'une chirurgie cardiaque, d'un appendice ou d'une césarienne représente un risque pour un malade du Covid, car elle risque de précipiter les complications du Covid."