On pensait, en ouvrant le livre de Richard Horton sur la pandémie du Covid-19, tomber sur un brutal pamphlet à charge contre la réponse des démocraties occidentales et en particulier sur Trump et Johnson. C'était la rumeur que portaient les quatre pages d'entretien accordées à Libération quelques jours avant la publication de ce livre, qui fait grand bruit Outre-Manche. Car Horton y accuse le premier de " crimes contre l'humanité " et le second d'avoir " manqué à ses devoirs de serviteur du public ou d'avoir menti ".

Depuis la fin de la guerre de Trente ans et la paix de Westphalie, en 1648, jusqu'en 2003, les maladies pouvaient être traitées au sein de l'Etat-Nation, à l'intérieur de frontières bien définies, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Mais c'est d'abord une radiographie précise, aussi neutre que possible de l'apparition de la " catastrophe du Covid-19 ". Avec le style incomparable du Lancet, la précision des faits et le petit supplément d'âme qui donne du sens à la science.

Ainsi, Horton compare la crise du Covid à celle d'une véritable Révolution au sens historique, à la suite de David Nabarro, envoyé spécial de l'OMS sur les terrains de l'épidémie. " Le lockdown a certainement changé la manière dont nous interagissons avec les autres. Quand nous marchons dans la rue, nous pouvons la traverser si nous voyons quelqu'un marcher vers nous. Nous voulons maintenir notre séparation de deux mètres. Nous faisons la queue sur le trottoir pour entrer au supermarché, parfois plus d'une heure avant d'être autorisés à entrer. Le nombre de chalands est strictement limité dans chaque magasin. Et nous sommes maintenant habitués à voir nos contemporains porter des masques et des gants en caoutchouc. Ils peuvent reculer face à nous si nous nous rapprochons trop d'eux ou se réfugier dans une autre partie du magasin si nous nous dirigeons par inadvertance vers eux. Chacun est potentiellement infecté et chacun est un risque potentiel. Nous pouvons seulement faire confiance à la sécurité de notre entourage immédiat. "

" Les germes de traumatismes mentaux sévères "

Et de peser quel impact cela a déjà eu sur notre humanité, en quelques semaines seulement, comme le Blitz avait impacté les Londoniens pendant la dernière guerre mondiale : " L'isolation peut causer un stress post-traumatique, la confusion, la peur, la colère, la frustration et, bien entendu, le désintérêt et l'ennui absolus. Certains effets seront présents à long terme. Les experts recommandent que les périodes d'isolation soient aussi brèves que possible. Travailler à la maison peut d'abord devenir un plaisir bienvenu. Mais il peut aussi charrier les germes de traumatismes mentaux sévères ".

Horton met aussi en évidence les pièces qui démontrent le long mensonge du parti communiste chinois qui n'a informé les autorités sanitaires mondiales que le dernier jour de l'année, alors que des cas étaient confirmés début décembre. Depuis, l'on sait que, sans doute, le virus connaissait une certaine circulation depuis l'été 2019 et qu'il a ainsi pu se répandre " à bas bruit ", ses symptômes étant peu spécifiques, sur une superficie bien plus grande que la seule province du Hubei, avant même que l'alerte fut donnée. Pékin alla jusqu'à morigéner ses lanceurs d'alerte qui, au front, risquaient leur vie, comme le Dr Li Wenliang, qui avait donné l'alerte fin décembre. Convoqué par la police, qui l'avait accusé de propager des rumeurs, il meurt en soignant ses patients et fait désormais figure de héros national face à des responsables locaux accusés d'avoir caché les débuts de l'épidémie. " Le gouvernement chinois doit au monde une explication plus détaillée sur ce qui s'est passé à Wuhan. Je ne veux ni blâme ni punition, mais nous avons besoin de savoir ce qui s'est passé parce que c'est la meilleure manière de pouvoir l'empêcher si cela devait se produire à nouveau. "

Mais, enchaîne Holton, " La communauté scientifique chinoise s'est mobilisée très rapidement. C'est à séparer de la réponse politique du régime. Dès la fin du mois de janvier, nous avions une description complète de la maladie, nous connaissions son séquençage génétique et nous savions qu'elle se transmettait de personne à personne. Nous savions aussi que nous étions sous la menace d'une pandémie globale. Et tout cela en un mois ! Donc quand je dis qu'il y a eu une réponse étonnante de la communauté scientifique, je parle de la communauté scientifique chinoise en particulier. Le dénigrement de la Chine par le président Trump et d'autres doit être examiné avec attention. Parce que du point de vue de la science et de la réponse de santé publique, les critiques vis-à-vis de la Chine et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont totalement injustes. Elles sont liées uniquement au fait que les gouvernements occidentaux, et particulièrement les États-Unis, essaient désespérément de détourner l'attention de leurs propres erreurs catastrophiques ".

" Cette arrogance est responsable de dizaines de milliers de morts "

Et d'enfoncer le clou : " Nos scientifiques ont pêché par orgueil. Ils n'ont pas cru que ce qui se passait était aussi grave que ce que les rapports suggéraient. Je pense que la conception que la science et la médecine chinoises n'étaient pas au même haut niveau qu'en Occident était largement partagée. Il y avait cette vision que nos systèmes de santé publique et nos communautés scientifiques étaient bien plus avancés qu'en Chine, et que nous pourrions gérer ça beaucoup mieux. Cette arrogance est responsable de dizaines de milliers de morts. Les décès ont certes été provoqués par un virus, mais ils ont aussi été causés par un orgueil d'exceptionnalisme occidental. C'est même pire que cela parce que, si vous regardez en arrière, nous savions depuis quatre ans au Royaume-Uni que nous n'étions pas prêts en cas de pandémie, et nous n'avons rien fait pour nous préparer. Le 24 janvier, au moment où nous avons publié un premier article sur le Covid-19, on savait. On savait qu'il fallait distribuer en urgence du matériel de protection, qu'il fallait appliquer le principe de tester, retracer et isoler les patients contaminés, on savait qu'il fallait élargir la capacité d'accueil en soins intensifs. Et qu'est-ce qui a été fait en février pour se préparer ? Rien, absolument rien ! On a commencé à réaliser qu'il se passait quelque chose de dangereux lorsque la Lombardie a été dépassée par la situation. En mars ! On a perdu quatre, cinq, six semaines pendant lesquelles nous aurions pu empêcher littéralement des dizaines de milliers de morts au Royaume-Uni ! C'est l'aspect criminel de la situation. Et Boris Johnson ose se présenter devant le Parlement - il l'a fait il y a trois semaines - et dire qu'on a fait du mieux qu'on pouvait, qu'il est fier du bilan de son gouvernement ! Cette déclaration est criminelle ".

En octobre 2016, la Grande-Bretagne disposait en effet d'un Exercice Cygnus, qui dépeint une alerte à une pandémie grippale et qui concluait à une préparation " très insuffisante " du pays face à cette menace. Des conclusions dont les dirigeants d'Outre-Manche - il est vrai très occupés à se séparer du Continent, comme si la Manche pouvait protéger des virus - n'ont rien fait. Comme la Belgique n'a rien fait du plan d'urgence pour les maisons de repos élaboré il y a quatre ans. Et comme elle n'a rien fait de l'avis du Comité national de bioéthique élaboré après la pandémie de H1N1.

" Un miroir à la face de notre société "

Pourquoi avons-nous failli ? " Depuis la fin de la guerre de Trente ans et la paix de Westphalie, en 1648, jusqu'en 2003, les maladies pouvaient être traitées au sein de l'Etat-Nation, à l'intérieur de frontières bien définies, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. " En ne coordonnant pas une réponse unifiée face aux périls du virus, les pays se sont dispersés et ont largement perdu la bataille contre le virus, qui n'en attendait pas moins. " Cette pandémie a été une provocation morale de la société, pas seulement un défi technique ou une catastrophe sanitaire. Le virus a à la fois unifié le monde, et il nous a divisés encore plus. Il a accéléré et amplifié les divisions et inégalités dans notre société. Ce que ce virus a fait, c'est brandir un miroir à la face de notre société qui a révélé les disparités, les inégalités, les injustices. Nous savions tous qu'elles existaient, mais nous leur avions tourné le dos. Nous devons utiliser la mémoire de cette pandémie comme un aiguillon pour la recherche de la vérité. Cette vérité est que la plupart des dizaines de milliers de morts auraient pu être évitées. C'est une blessure abominable pour notre société que nous ne devons pas ignorer."

L'humanité retiendra-t-elle la leçon ? Il faut l'espérer. D'après le Conseil scientifique français Covid-19, il est plus que probable que le virus, dont la propagation ralentit actuellement en Europe, resurgisse à l'automne. "Une intensification de la circulation du Sras-Cov-2 dans l'hémisphère nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l'approche de l'hiver) est extrêmement probable", estime le groupe d'experts dans un avis rendu ce lundi 22 juin.

Richard Horton, The Covid-19 Catastrophe, What's Gone Wrong and How to Stop it Happening Again, Cambridge, Polity Press, 134 pages, env. 36 euros. Version électronique 10 euros.

L'honneur et le déshonneur

Le Lancet est plutôt à la pointe des journaux scientifiques sur le marché. Aux côtés de nombreux articles de référence irréprochables, issus des plus grands chercheurs de la planète, il a l'habitude de publier des éditoriaux et des Lettres où la médecine n'est pas réduite qu'à une accumulation de techniques, mais s'affirme comme un moteur de progrès social. Mais qu'est-il donc allé faire dans cette galère en publiant en couverture une étude discréditant l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19, mais entachée de nombreux manquements et, sans doute, d'une manipulation grave de données inventées de toutes pièces ? Même les observateurs inattentifs ont vite mis en évidence ces manquements et même des adversaires de la chroloquine ont réclamé une enquête sur la manière dont cette étude avait été menée et surtout comment avait failli le système de peer review censé protéger les lecteurs de la mystification. Dans Libération, Horton se défend... plutôt mollement : " La seule manière de vérifier la véracité de ce qui est écrit dans un article serait de recommencer toutes les expériences. L'évaluation par les pairs consiste à tester l'acceptabilité d'un papier. Cet article apparaissait plausible. Les pairs auraient dû vérifier s'il y avait des données fiables, mais avant eux, les auteurs aussi auraient dû étudier les données ! Trois d'entre eux ne l'ont manifestement pas fait. Le quatrième, Sapan Desai, également PDG de Surgisphere, le collecteur de données, a refusé de partager ces données avec une société d'audit indépendante et a disparu des radars. Le papier a été retiré et c'est une bonne chose. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, il faut une enquête complète sur comment l'étude a été conduite. Cet épisode représente un échec complet pour la science. C'est une leçon qui se présente à chaque retrait d'un article. Des auteurs accolent leur nom à une étude parce qu'ils veulent être associés à une grande découverte. Mais le revers de la pièce qui vous apporte la notoriété est la responsabilité. Vous ne pouvez pas clamer la responsabilité d'une découverte à moins d'être absolument certain que ce que vous clamez est vrai. Or, dans ce cas précis, ce qui est vrai, c'est que trois des quatre auteurs n'avaient aucune idée de ce sur quoi ils apposaient leur nom et c'est, en soi, extraordinaire ".

Mais aux côtés des reviewers, et même chronologiquement avant eux, il reste des éditeurs dont la haute qualité fait la réputation d'une revue, notamment parce qu'ils rassemblent sur eux des expertises généralement dispersées. Le filet Lancet s'est dans ce cas révélé largement troué, ravivant les plaies du scandale Wakefield, où le Lancet avait publié un article associant la vaccination à l'autisme. Un torchon manipulateur antivax qui avait, lui aussi, dribblé la défense des cerbères du Lancet, manifestement endormis sur leurs lauriers. Jamais deux sans trois ?

On pensait, en ouvrant le livre de Richard Horton sur la pandémie du Covid-19, tomber sur un brutal pamphlet à charge contre la réponse des démocraties occidentales et en particulier sur Trump et Johnson. C'était la rumeur que portaient les quatre pages d'entretien accordées à Libération quelques jours avant la publication de ce livre, qui fait grand bruit Outre-Manche. Car Horton y accuse le premier de " crimes contre l'humanité " et le second d'avoir " manqué à ses devoirs de serviteur du public ou d'avoir menti ". Mais c'est d'abord une radiographie précise, aussi neutre que possible de l'apparition de la " catastrophe du Covid-19 ". Avec le style incomparable du Lancet, la précision des faits et le petit supplément d'âme qui donne du sens à la science. Ainsi, Horton compare la crise du Covid à celle d'une véritable Révolution au sens historique, à la suite de David Nabarro, envoyé spécial de l'OMS sur les terrains de l'épidémie. " Le lockdown a certainement changé la manière dont nous interagissons avec les autres. Quand nous marchons dans la rue, nous pouvons la traverser si nous voyons quelqu'un marcher vers nous. Nous voulons maintenir notre séparation de deux mètres. Nous faisons la queue sur le trottoir pour entrer au supermarché, parfois plus d'une heure avant d'être autorisés à entrer. Le nombre de chalands est strictement limité dans chaque magasin. Et nous sommes maintenant habitués à voir nos contemporains porter des masques et des gants en caoutchouc. Ils peuvent reculer face à nous si nous nous rapprochons trop d'eux ou se réfugier dans une autre partie du magasin si nous nous dirigeons par inadvertance vers eux. Chacun est potentiellement infecté et chacun est un risque potentiel. Nous pouvons seulement faire confiance à la sécurité de notre entourage immédiat. "Et de peser quel impact cela a déjà eu sur notre humanité, en quelques semaines seulement, comme le Blitz avait impacté les Londoniens pendant la dernière guerre mondiale : " L'isolation peut causer un stress post-traumatique, la confusion, la peur, la colère, la frustration et, bien entendu, le désintérêt et l'ennui absolus. Certains effets seront présents à long terme. Les experts recommandent que les périodes d'isolation soient aussi brèves que possible. Travailler à la maison peut d'abord devenir un plaisir bienvenu. Mais il peut aussi charrier les germes de traumatismes mentaux sévères ".Horton met aussi en évidence les pièces qui démontrent le long mensonge du parti communiste chinois qui n'a informé les autorités sanitaires mondiales que le dernier jour de l'année, alors que des cas étaient confirmés début décembre. Depuis, l'on sait que, sans doute, le virus connaissait une certaine circulation depuis l'été 2019 et qu'il a ainsi pu se répandre " à bas bruit ", ses symptômes étant peu spécifiques, sur une superficie bien plus grande que la seule province du Hubei, avant même que l'alerte fut donnée. Pékin alla jusqu'à morigéner ses lanceurs d'alerte qui, au front, risquaient leur vie, comme le Dr Li Wenliang, qui avait donné l'alerte fin décembre. Convoqué par la police, qui l'avait accusé de propager des rumeurs, il meurt en soignant ses patients et fait désormais figure de héros national face à des responsables locaux accusés d'avoir caché les débuts de l'épidémie. " Le gouvernement chinois doit au monde une explication plus détaillée sur ce qui s'est passé à Wuhan. Je ne veux ni blâme ni punition, mais nous avons besoin de savoir ce qui s'est passé parce que c'est la meilleure manière de pouvoir l'empêcher si cela devait se produire à nouveau. "Mais, enchaîne Holton, " La communauté scientifique chinoise s'est mobilisée très rapidement. C'est à séparer de la réponse politique du régime. Dès la fin du mois de janvier, nous avions une description complète de la maladie, nous connaissions son séquençage génétique et nous savions qu'elle se transmettait de personne à personne. Nous savions aussi que nous étions sous la menace d'une pandémie globale. Et tout cela en un mois ! Donc quand je dis qu'il y a eu une réponse étonnante de la communauté scientifique, je parle de la communauté scientifique chinoise en particulier. Le dénigrement de la Chine par le président Trump et d'autres doit être examiné avec attention. Parce que du point de vue de la science et de la réponse de santé publique, les critiques vis-à-vis de la Chine et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont totalement injustes. Elles sont liées uniquement au fait que les gouvernements occidentaux, et particulièrement les États-Unis, essaient désespérément de détourner l'attention de leurs propres erreurs catastrophiques ".Et d'enfoncer le clou : " Nos scientifiques ont pêché par orgueil. Ils n'ont pas cru que ce qui se passait était aussi grave que ce que les rapports suggéraient. Je pense que la conception que la science et la médecine chinoises n'étaient pas au même haut niveau qu'en Occident était largement partagée. Il y avait cette vision que nos systèmes de santé publique et nos communautés scientifiques étaient bien plus avancés qu'en Chine, et que nous pourrions gérer ça beaucoup mieux. Cette arrogance est responsable de dizaines de milliers de morts. Les décès ont certes été provoqués par un virus, mais ils ont aussi été causés par un orgueil d'exceptionnalisme occidental. C'est même pire que cela parce que, si vous regardez en arrière, nous savions depuis quatre ans au Royaume-Uni que nous n'étions pas prêts en cas de pandémie, et nous n'avons rien fait pour nous préparer. Le 24 janvier, au moment où nous avons publié un premier article sur le Covid-19, on savait. On savait qu'il fallait distribuer en urgence du matériel de protection, qu'il fallait appliquer le principe de tester, retracer et isoler les patients contaminés, on savait qu'il fallait élargir la capacité d'accueil en soins intensifs. Et qu'est-ce qui a été fait en février pour se préparer ? Rien, absolument rien ! On a commencé à réaliser qu'il se passait quelque chose de dangereux lorsque la Lombardie a été dépassée par la situation. En mars ! On a perdu quatre, cinq, six semaines pendant lesquelles nous aurions pu empêcher littéralement des dizaines de milliers de morts au Royaume-Uni ! C'est l'aspect criminel de la situation. Et Boris Johnson ose se présenter devant le Parlement - il l'a fait il y a trois semaines - et dire qu'on a fait du mieux qu'on pouvait, qu'il est fier du bilan de son gouvernement ! Cette déclaration est criminelle ".En octobre 2016, la Grande-Bretagne disposait en effet d'un Exercice Cygnus, qui dépeint une alerte à une pandémie grippale et qui concluait à une préparation " très insuffisante " du pays face à cette menace. Des conclusions dont les dirigeants d'Outre-Manche - il est vrai très occupés à se séparer du Continent, comme si la Manche pouvait protéger des virus - n'ont rien fait. Comme la Belgique n'a rien fait du plan d'urgence pour les maisons de repos élaboré il y a quatre ans. Et comme elle n'a rien fait de l'avis du Comité national de bioéthique élaboré après la pandémie de H1N1. Pourquoi avons-nous failli ? " Depuis la fin de la guerre de Trente ans et la paix de Westphalie, en 1648, jusqu'en 2003, les maladies pouvaient être traitées au sein de l'Etat-Nation, à l'intérieur de frontières bien définies, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. " En ne coordonnant pas une réponse unifiée face aux périls du virus, les pays se sont dispersés et ont largement perdu la bataille contre le virus, qui n'en attendait pas moins. " Cette pandémie a été une provocation morale de la société, pas seulement un défi technique ou une catastrophe sanitaire. Le virus a à la fois unifié le monde, et il nous a divisés encore plus. Il a accéléré et amplifié les divisions et inégalités dans notre société. Ce que ce virus a fait, c'est brandir un miroir à la face de notre société qui a révélé les disparités, les inégalités, les injustices. Nous savions tous qu'elles existaient, mais nous leur avions tourné le dos. Nous devons utiliser la mémoire de cette pandémie comme un aiguillon pour la recherche de la vérité. Cette vérité est que la plupart des dizaines de milliers de morts auraient pu être évitées. C'est une blessure abominable pour notre société que nous ne devons pas ignorer."L'humanité retiendra-t-elle la leçon ? Il faut l'espérer. D'après le Conseil scientifique français Covid-19, il est plus que probable que le virus, dont la propagation ralentit actuellement en Europe, resurgisse à l'automne. "Une intensification de la circulation du Sras-Cov-2 dans l'hémisphère nord à une échéance plus ou moins lointaine (quelques mois, et notamment à l'approche de l'hiver) est extrêmement probable", estime le groupe d'experts dans un avis rendu ce lundi 22 juin.