La tendance actuelle à financer de plus en plus les hôpitaux à l'activité les assimile aussi de plus en plus à une entreprise traditionnelle.

Quoi de plus normal ? répète en boucle le monde de l'entreprise ! C'est la seule voie en direction de la bonne gestion et de l'efficacité.

C'est oublier un peu vite qu'un hôpital, s'il doit évidemment être performant et géré efficacement, n'est pas une entreprise comme les autres. Un élément de différence important étant en particulier ses coûts fixes élevés et la marge de manoeuvre quasi inexistante qu'ont les dirigeants des hôpitaux à les diminuer des coûts puisque, pour la plupart, ils sont imposés par les législations.

Pour moi, le financement des hôpitaux à l'activité est une hérésie quand il devient systémique et dépasse le stade marginal.

Ce qui précède m'a inspiré une petite histoire J'espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire.

Ce jour-là, la population de la petite république de JENESAIZOU respectait un deuil national en hommage aux 20 personnes qui avaient péri dans le dramatique incendie d'un immeuble de la capitale.

Par ailleurs, le Président de la république était l'objet d'une vive polémique et de plus en plus de voix s'élevaient pour réclamer sa démission.

Élu 5 ans auparavant, cet ultra-libéral, grand admirateur de Milton Friedman dont il avait fait ériger la statue sur la principale place de la capitale, avait été porté au pouvoir grâce à un programme radical de chasse aux gaspillages, en particulier dans tous les services publics et assimilés.

Une de ses premières réalisations avait été de remplacer le financement structurel de plusieurs services à la population par un financement à l'activité. Le service d'incendie (il n'en existait qu'un pour ce petit pays de 100.000 habitants) était du lot.

Le Président avait fait appel aux compétences d'un brillant professeur d'université qui avait réussi à mettre sur pieds un modèle intelligent de répartition des coûts entre les diverses activités du service d'incendie auxquelles était désormais attribué un forfait : autant pour une intervention sur un immeuble à appartements avec sauvetage de personnes, autant pour le même immeuble si aucune évacuation de personnes, autant pour un incendie d'un pavillon de plein-pied...

Il était même prévu un petit forfait pour les appels "inutiles" ou les feux de cheminées.

De cette manière, chaque type d'intervention permettait la facturation du forfait correspondant au travail fourni et les rentrées financières totales représentaient une juste rémunération du travail réel effectué par le service.

Le financement des hôpitaux à l'activité est une hérésie quand il devient systémique

Au cours des dernières années, soit que les circonstances avaient été exceptionnelles, soit que la population avait été spécialement prudente, les interventions du service national d'incendie avaient été vraiment peu nombreuses. Les recettes s'étaient en conséquence drastiquement réduites. D'économie en économie, de restructuration en restructuration, le service avait perdu, en seulement 4 années, 75% de son effectif, il avait dû économiser sur l'entretien du matériel et renoncer à tout nouvel investissement.

Le président, de son côté, n'était pas peu fier de la réussite de son plan d'économies et ne se privait pas de le clamer malgré les avertissements répétés des représentants des pompiers qui annonçaient la catastrophe imminente si un refinancement urgent n'intervenait pas.

Lorsque ce funeste soir, les 4 pompiers de garde à la caserne avaient été appelés pour intervenir contre un violent incendie qui s'était déclaré en plein centre de la capitale, ils avaient rapidement constaté, une fois sur place, que malgré tous leurs effort et la bonne volonté des voisins accourus pour aider, il n'arriveraient pas à venir à bout de l'incendie. Il aurait fallu être au moins 3 fois plus nombreux et disposer de matériel performant pour sauver des vies et combattre efficacement le sinistre.

Courageusement et au péril de leur vie, ils avaient paré au plus pressé et réussi, malgré le manque de matériel, à sortir des flammes une dizaine de personnes.

Un exploit selon les observateurs.

Mais 20 habitants étaient restées prisonniers du brasier !

Un drame national dû à la fatalité pour le Président.

Un désinvestissement qui a coûté 20 vies pour l'opposition.

N'étant pas citoyen de JENESAIZOU, j'éviterai évidemment de prendre position dans un débat qui ne me concerne pas vraiment!

Ce ne serait évidemment pas le cas si une pareille dérive devait se produire en Belgique !

La tendance actuelle à financer de plus en plus les hôpitaux à l'activité les assimile aussi de plus en plus à une entreprise traditionnelle.Quoi de plus normal ? répète en boucle le monde de l'entreprise ! C'est la seule voie en direction de la bonne gestion et de l'efficacité.C'est oublier un peu vite qu'un hôpital, s'il doit évidemment être performant et géré efficacement, n'est pas une entreprise comme les autres. Un élément de différence important étant en particulier ses coûts fixes élevés et la marge de manoeuvre quasi inexistante qu'ont les dirigeants des hôpitaux à les diminuer des coûts puisque, pour la plupart, ils sont imposés par les législations.Pour moi, le financement des hôpitaux à l'activité est une hérésie quand il devient systémique et dépasse le stade marginal.Ce qui précède m'a inspiré une petite histoire J'espère que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire.Ce jour-là, la population de la petite république de JENESAIZOU respectait un deuil national en hommage aux 20 personnes qui avaient péri dans le dramatique incendie d'un immeuble de la capitale.Par ailleurs, le Président de la république était l'objet d'une vive polémique et de plus en plus de voix s'élevaient pour réclamer sa démission.Élu 5 ans auparavant, cet ultra-libéral, grand admirateur de Milton Friedman dont il avait fait ériger la statue sur la principale place de la capitale, avait été porté au pouvoir grâce à un programme radical de chasse aux gaspillages, en particulier dans tous les services publics et assimilés.Une de ses premières réalisations avait été de remplacer le financement structurel de plusieurs services à la population par un financement à l'activité. Le service d'incendie (il n'en existait qu'un pour ce petit pays de 100.000 habitants) était du lot.Le Président avait fait appel aux compétences d'un brillant professeur d'université qui avait réussi à mettre sur pieds un modèle intelligent de répartition des coûts entre les diverses activités du service d'incendie auxquelles était désormais attribué un forfait : autant pour une intervention sur un immeuble à appartements avec sauvetage de personnes, autant pour le même immeuble si aucune évacuation de personnes, autant pour un incendie d'un pavillon de plein-pied...Il était même prévu un petit forfait pour les appels "inutiles" ou les feux de cheminées.De cette manière, chaque type d'intervention permettait la facturation du forfait correspondant au travail fourni et les rentrées financières totales représentaient une juste rémunération du travail réel effectué par le service.Au cours des dernières années, soit que les circonstances avaient été exceptionnelles, soit que la population avait été spécialement prudente, les interventions du service national d'incendie avaient été vraiment peu nombreuses. Les recettes s'étaient en conséquence drastiquement réduites. D'économie en économie, de restructuration en restructuration, le service avait perdu, en seulement 4 années, 75% de son effectif, il avait dû économiser sur l'entretien du matériel et renoncer à tout nouvel investissement.Le président, de son côté, n'était pas peu fier de la réussite de son plan d'économies et ne se privait pas de le clamer malgré les avertissements répétés des représentants des pompiers qui annonçaient la catastrophe imminente si un refinancement urgent n'intervenait pas.Lorsque ce funeste soir, les 4 pompiers de garde à la caserne avaient été appelés pour intervenir contre un violent incendie qui s'était déclaré en plein centre de la capitale, ils avaient rapidement constaté, une fois sur place, que malgré tous leurs effort et la bonne volonté des voisins accourus pour aider, il n'arriveraient pas à venir à bout de l'incendie. Il aurait fallu être au moins 3 fois plus nombreux et disposer de matériel performant pour sauver des vies et combattre efficacement le sinistre.Courageusement et au péril de leur vie, ils avaient paré au plus pressé et réussi, malgré le manque de matériel, à sortir des flammes une dizaine de personnes.Un exploit selon les observateurs.Mais 20 habitants étaient restées prisonniers du brasier !Un drame national dû à la fatalité pour le Président.Un désinvestissement qui a coûté 20 vies pour l'opposition.N'étant pas citoyen de JENESAIZOU, j'éviterai évidemment de prendre position dans un débat qui ne me concerne pas vraiment!Ce ne serait évidemment pas le cas si une pareille dérive devait se produire en Belgique !