Dans le cadre des Jeux paralympiques qui se tiendront du 28 août au 8 septembre prochains, dans le sillage des JO de Paris, une exposition parisienne raconte leur histoire tumultueuse. Des Jeux pour moins valides peut-être, mais pas moins valables.
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C'est dans le cadre prestigieux du Panthéon, à deux pas du pendule de Foucault qui tient lieu de chronomètre intemporel, que prend place l'exposition consacrée à l'histoire des Jeux paralympiques, loin désormais d'être mis au tombeau et qui bénéficient d'une attention plus en rapport avec celle de leurs 'grands frères' les JO.Si les Jeux olympiques sont organisés dans une idée d'amitié entre les peuples, c'est bien à cause de la guerre que l'on a vu l'émergence d'une version moins valide des olympiades. Les premières ont lieu à Londres en 1948, au sortir de la guerre, mais elles ne s'appellent pas encore ainsi. Les Jeux de Stoke sont organisés par le médecin Ludwig Guttmann le bien nommé, un neurochirurgien juif allemand réfugié en Angleterre, lequel met sur pied des compétitions pour paralysés dans le cadre de leur revalidation - des jeux hospitaliers.Ce n'est qu'en 1960 à Rome en marge - et à la marge, en effet - des JO officiels, que ces jeux particuliers prennent le nom d'olympiades, et ont lieu dans la foulée et presque en même temps que les compétitions olympiques qui se déroulent dans la capitale italienne.Les premiers Jeux paralympiques de Rome, en 1960, demeurent réservés aux blessés médullaires en fauteuil roulant. Mais progressivement, les personnes amputées, puis aveugles et malvoyantes (Jeux de Toronto en 1976) obtiennent leur participation officielle. Il faudra attendre 1984 et les Jeux de New York pour voir l'intégration des sportifs atteint d'in?rmité motrice cérébrale. La création du Comité international paralympique (IPC) en 1989 marque la volonté de réunir, finalement, toutes les formes de handicap.Mais toutes les personnes moins valides ne participent pas à ces Jeux : les sourds ont leurs propres compétitions, et même si des contacts ont été pris, ils n'ont jamais débouché sur l'inscription des malentendants aux Jeux paralympiques... faute sans doute de pouvoir s'entendre.Entre 1989 et 2012, une troisième période commence, celle d'un nouveau paralympisme qui cherche à s'élargir et à rassembler toutes les fédérations sportives internationales représentant des sportifs avec différents types de déficience ou incapacité, ouvrant la porte à ceux ayant des déficiences intellectuelles.Londres une fois encore, en 2012, est un moment de bascule pour ces compétitions puisque depuis, l'attention qui leur est portée s'est vue décuplée : ces JO marquent un changement spectaculaire vers un grand souci d'attention, d'inclusion et de ?erté, les médias s'emparant des Jeux paralympiques pour mettre en scène des performances sportives d'un genre inédit, notamment au travers du slogan " Rencontrer les superhumains ". Ces Jeux permettent également la réintégration des athlètes avec déficience intellectuelle dans trois sports : la para natation, le para tennis de table et le para athlétisme, tandis que ceux de Tokyo en 2021 voient l'apparition de nouveaux para sports : le para badminton et le para taekwondoPreuve que ce sont de vrais jeux et de vraies compétions, on note également des cas de tricherie : lors des olympiades de Sydney en 2000, l'équipe de basket espagnole a simulé la déficience mentale afin de finir sur le podium.Au Panthéon, où reposent les grandes personnalités qui ont mérité la reconnaissance de la France pour leur engagement citoyen ou leur défense des valeurs républicaines, l'exposition " Histoires paralympiques " évoque celles et ceux qui, par leur rôle au sein du mouvement paralympique, ont su écrire une histoire fondée sur la fierté de la différence et la revendication d'une société plus inclusive. L'expo fait écho aux grands hommes et femmes, comme Louis Braille, inventeur de l'écriture tactile, entré au Panthéon en 1952. L'exposition est faite de panneaux, vidéos, affiches, objets, médaille ou peluches des mascottes désormais spécifiques à ces olympiades. Son accessibilité et celle de ses contenus à tous les publics, et particulièrement aux publics en situation de handicap, est un enjeu majeur. La scénographie est pensée pour assurer un confort de visite pour tous : hauteur des mobiliers, inclinaison des écrans, espaces de circulation adaptés. Elle intègre des stations de consultation en position assise pour l'écoute de contenus audio (portraits sonores d'athlètes et textes de l'exposition lus), ainsi qu'un espace dédié à la consultation de vidéos en langue des signes française et internationale. Un parcours multisensoriel est proposé. Des dessins tactiles et des objets à toucher, accompagnés de légendes en braille et gros caractères, ponctuent le parcours. Des contenus en audiodescription sont accessibles via des QR codes facilement repérables.Une exposition à voir avant, pendant ou après les Jeux, qu'ils soient paralympiques ou pas.Histoires paralympiques. De l'intégration sportive à l'inclusion sociale (1948-2024). Jusqu'au 29 septembre, au Panthéon de Paris. Infos : www.paris-pantheon.fr