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Le nombre de cas d'infections sexuellement transmissibles (IST) " grimpe de manière alarmante en Belgique, comme dans le reste du monde ", prévient le KCE. Dans un contexte où le VIH est maîtrisé en Occident, l'infection à Chlamydia représente la moitié de ces nouvelles IST. " Elle est le plus souvent diagnostiquée chez les femmes jeunes. La gonorrhée et la syphilis concernent plutôt les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH). "Ces infections peuvent rester longtemps inaperçues et sont donc souvent diagnostiquées tardivement, voire pas du tout, pointe le KCE.Le KCE a élaboré un guide de pratique clinique pour le diagnostic et le traitement de la gonorrhée et de la syphilis, principalement destiné aux médecins généralistes. " C'est le premier guideline belge qui aborde les IST de façon rigoureusement scientifique en collaboration avec des praticiens de terrain, des laboratoires scientifiques et des associations de patients. " L'approche de l'infection à Chlamydia sera abordée dans un autre guideline développé par un groupe de travail faisant partie du Réseau fédéral d'Evidence-Based Practice (réseau EBP).Le KCE veut encourager les MG à briser les tabous et oser parler de pratiques sexuelles avec tous les patients, même ceux qui, à première vue, ne semblent pas à risques. " Si cela s'avère indiqué, le médecin généraliste peut alors proposer un test de dépistage. Les personnes infectées doivent ensuite recevoir un traitement approprié et leur (ancien) partenaire doit être informé de manière à stopper la transmission et à lui offrir un traitement similaire. " Y compris en cas de partenaires multiples.Recommandations pour la gonor-rhée. C'est l'IST la plus fréquente après le Chamydia. Le nombre de cas rapportés est passé de 275 en 2002 à 1.515 en 2016. Cela correspond à une hausse de 2,6 à 13,4 cas pour 100.000 habitants. Cette maladie se rencontre principalement chez les HSH entre 25 et 39 ans. Le diagnostic de la gonorrhée non compliquée se pose en détectant la bactérie N. gonorrhoeae dans des sécrétions génitales, rectales ou pharyngées au moyen, principalement, de TAAN (test d'amplification des acides nucléiques). Il est fortement recommandé de proposer aux hommes tant sympto-matiques qu'asymptomatiques " un ou des tests par TAAN avec prélèvement d'échantillons sur différents sites suivant leur comportement sexuel ".Recommandation pour la syphilis. La syphilis est, pour rappel, consécutive à une contamination par la bactérie Tre-ponema pallidum. Comme la gonorrhée, elle a connu une recrudescence en Belgique pendant la période 2002-2016, passant de 46 déclarations en 2002 (0,4/100.000 habitants) à 943 en 2016 (8,3/100.000 habitants). La syphilis s'observe principalement chez les HSH entre 20 et 59 ans, observe le KCE.Comme la notification au partenaire est difficile, il est fortement recommandé de la tester chez toutes les femmes enceintes " au premier trimestre ou lors de la première consultation prénatale ". Chez les femmes enceintes présentant un comportement sexuel à haut risque, il est recommandé de répéter le test au troisième trimestre, indépendamment du résultat du premier test." Le résultat d'un seul test ne suffit pas pour poser le diagnostic sérologique de Treponema pallidum. Le laboratoire utilise un algorithme de tests sérologiques tré-ponémiques et non tréponémiques pour constater une infection active (primaire, secondaire ou tertiaire) et en déterminer le stade. Le résultat final (positif, négatif) est appliqué à plus d'un test et réalisé sur un seul et même échantillon. Les résultats des tests ne sont pas faciles à interpréter ni pour les microbiologistes ni pour le médecin, notamment parce que l'infection ne se rencontre pas beaucoup en première ligne. C'est pourquoi il est important que les deux parties communiquent clairement l'une avec l'autre. "L'OMS déconseille le recours aux tests hors laboratoire (point-of-care tests, PoC) dans des contextes à faible prévalence, comme la Belgique. " Leurs performances sont médiocres et, dans notre pays, il n'y a pas de problème d'accès à des tests de laboratoire de grande qualité. "Dans quelques mois, le KCE mettra aussi à disposition un outil en ligne gratuit afin d'aider le médecin généraliste à évoquer les IST en consultation. " Cet outil lui permettra également de choisir le bon test diagnostique pour différentes IST - dont la gonorrhée, la syphilis et l'infection à Chlamydia -, de prescrire le traitement le mieux adapté et de proposer un suivi aux patients et à leurs partenaires. "