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Du personnel médical réquisitionné par les forces de l'ordre pour assurer la continuité des soins : cela ne s'est pas passé en 1944 mais en juin dernier, par exemple, à Lons-le-Saunier dans le Jura... Il s'en est fallu de peu que les médecins urgentistes le soient également...Les protestations ont démarré au printemps, suivies de mouvements de grève qui se sont étendus dans toute la France en été. Les mouvements de grogne pourraient reprendre dès le 10 septembre puisque, lundi, six syndicats de médecins hospitaliers ont rejoint le front des paramédicaux dont le Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH-FO), SAMU-Urgences de France et le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHARe). Tous réclament un moratoire sur la fermeture des lits.Selon l'hebdomadaire Le Point qui publiait comme de coutume son palmarès des hôpitaux (le 22 août), il manquerait 800 postes de médecins urgentistes partout en France.Le premier facteur de pénurie, ce sont les démissions du personnel. Les médecins démissionnent car il manque de personnel pour travailler ou bien en raison de gardes, d'horaires et de prises en charges usantes. Franck Perruche, généraliste urgentiste à l'hôpital Cochin à Paris témoigne dans Le Monde de la situation : " J'ai vu moins d'infirmiers, j'ai vu des prises en charge de plus en plus complexes avec des services hospitaliers qui derrière jouent pas forcément le jeu. On doit appeler des services le matin, on ne fait plus de médecine. On fait vraiment du papier, on place les patients, on doit négocier les places. C'est ça qui m'usait à la fin... C'est une médecine de jeunes. On ne se couche pas, ou peu, et quand on se couche on est en mode sur le qui-vive. On alterne des jours, des nuits, et au fur et à mesure des années, l'intérêt est moindre, et donc les gens partent. "Conséquence : les jeunes urgentistes décident de travailler à temps partiel ou en intérim : ils ont moins de responsabilité et évitent la réunionite. Car les gardes perturbent la vie familiale avant, pendant et après.Fin juin, 92% des Français et 96% des professionnels de santé soutenaient la grève du personnel des urgences, selon un sondage commandé par Le Figaro. Le quotidien constatait que " les patients n'hésitent pas à reconnaître que c'est en partie de leur faute. En effet, un tiers des Français est déjà allé aux urgences parce que c'était plus facile que de trouver un médecin (15%), ou parce que cela leur permettait de ne pas avancer les frais médicaux (9%)."La pénurie de personnel affaiblit celui qui reste en place : " 36% des professionnels de santé du milieu hospitalier ont eu un problème de santé ces derniers mois, soit 13 points de plus que chez l'ensemble des Français. Il s'agit principalement de troubles musculo-squelettiques (29%) ou de maux de tête et de migraines (24%) ", constate Le Figaro.Sentant le danger, la ministre française de la Santé, le Dr Agnès Buzyn, a confié au député La République en marche Thomas Mesnier, urgentiste lui-même, une mission de refondation. Elle tient en six points :1. Faire qu'une partie des 24 millions ( ! ) de passages aux urgences en 2018 soient traités en médecine générale via un véritable transport sanitaire.2. Les MG de ville pourront pratiquer directement certains examens de " biologie délocalisée ".3. Rendre obligatoire le tiers payant sur les actes et consultations dans le cadre de la permanence des soins ambulatoires assurée par les médecins généralistes en cabinet.4. Mettre en place des filières gériatriques " mieux traitantes " avec admission directe dans les services de médecine et maintien des personnes âgées si possible en maison de repos pour y recevoir les soins.5. Assurer une gestion informatisée des lits d'hôpitaux pour connaître leur disponibilité en temps réel.6. Libérer du temps pour les médecins urgentistes en créant notamment un diplôme d'infirmier urgentiste en pratique avancée (IPA), lequel pourra réaliser des actes techniques en autonomie.