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Une large discussion a été entamée le week-end dernier sur internet (je ne sais pas si on peut parler de média sociaux pour un groupe de contact par email) sur ce thème. Un médecin a commencé une phrase par les mots 'quand il (le patient) exprime la volonté de...' : une prompte réaction apparaît, non pas à propos du fond mais de la forme : 'donc, vous négligez 50 % des patients ? Pourquoi donc utilisez-vous le masculin dans cette phrase comme s'il n'y avait pas de patientes ?Le 'gender-fair language (GFL)' est devenu un sujet préoccupant pour beaucoup. Je ne nie pas l'importance de la question. Différentes études ont d'ailleurs montré que le GFL est associé à une plus grande harmonie et une meilleure qualité de vie en société. Mais il ne faut peut-être pas exagérer.Bien sûr, en français écrit, on aurait pu écrire patient.e (personnellement, je n'aime pas trop mais bon....). Mais l'échange de propos qui a suivi cette discussion m'a fait réfléchir à l'utilisation des genres dans le français parlé. Depuis longtemps, quand je parle d'infirmier.e.s, je dis toujours 'infirmiers/infirmières', même si d'aucuns trouvent cela lourd. Je suis beaucoup plus choqué personnellement quand un infirmier (souvent en France) répond qu'il est 'infirmière' à la question de connaitre sa profession. Pourquoi pas infirmier, s'il vous plait ? Je me garderai de dire que c'est le monde à l'envers, mais le métier infirmier n'est plus essentiellement féminin (surtout en soins intensifs). Et s'il s'agit d'un infirmier spécialiste en accouchements, peut-on dire une 'sage-femme' ? Le nom consacré pour les hommes-sage femmes est celui de maïeuticien, dérivé de " maïeutique ", faisant référence au personnage de la mythologie grecque Maïa, qui supervisait les accouchements. Il est peut-être pédant de se déclarer maïeuticien'...Recommander un conseil chez son pharmacien ? malheur à vous ! Et pourquoi pas la pharmacienne, s'il vous plait ? On pourrait demander conseil 'à la pharmacie' mais c'est un peu vague. Nous pourrions recommander de demander conseil à 'votre pharmacien/votre pharmacienne'... mais c'est un peu lourd. Les plus susceptibles diront encore 'et pourquoi pas pharmacienne/pharmacien plutôt que pharmacien/pharmacienne ? Que vaut donc cette habitude de citer le masculin avant le féminin ?' Oups, pardon.La plupart des langues ont des asymétries de genre. Souvent le masculin est utilisé pour un mélange de genres. L'usage du mot 'Homme' au sens générique en est un vibrant exemple. Il est intéressant de constater que la langue française est - avec la langue espagnole - celle qui pose le plus de problème dans les genres des noms. En français, même au pluriel, les noms restent masculins. Comme pour les infirmiers/infirmières plus haut, on pourrait dire 'patients/patientes', mais ce serait lourd. A l'inverse, en finlandais ou en turc par exemple, il n'y a pas de pronom 'il' ou 'elle' qui caractérise le genre. La langue anglaise a une position intermédiaire. On parle de 'the patient', qui convient aussi bien au patient qu'à la patiente. On appelle le pharmacien ou la pharmacienne 'the pharmacist', tout comme le voisin ou la voisine restent le 'neighbour'. C'est seulement le prénom de 'he' or 'she' qui peut poser problème. D'où la discussion du week-end dernier sur internet.(...) Dans le cas qui nous préoccupe, on pourrait parler de 'la patientèle' plutôt que du patient, mais le mot semble quelque peu pédant.Traiter hommes et femmes de manière égale est souhaitable. Il est important d'améliorer notre langage, de respecter les autres,... et de ne pas s'attirer les foudres de ceux qui en font une obsession.